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Aide au deuil

Pré-mortem: Marie Riley nous aide à laisser une trace à nos proches

Marie Riley fondatricede Good Mourning parlerdelamort

«J’adore inviter les gens à manger. S’il devait rester quelque chose de moi, c’est ça, que les gens se mettent à table, bouffent et parlent. On n’a rien besoin d’autre.» - Marie Riley, fondatrice de Good Mourning, une société qui permet aux vivants de laisser une trace à leurs proches après leur mort

© BRIGITTE BESSON

«Mes recettes sont compilées dans un carnet que je veux laisser à mes enfants. Je leur parle souvent de mon enterrement, ils savent qu’il y a une playlist prête pour que la fête soit belle. Ils n’ont pas peur de la mort.» À 37 ans, Marie Riley ne craint pas d’appeler un chat un chat, ni de parler de la grande faucheuse. «Je ne suis pas de celles qui pensent que plus on en parle, plus elle se rapproche. Pour moi, plus on parle de la mort, plus ça fait partie de la vie et on dédramatise.»

Niveau drame, elle a eu son lot. Avec le décès de son fils peu après sa naissance, lorsqu’elle avait 20 ans. Celle de son propre père aussi, la même année. Si son aîné fait partie tout naturellement des rituels de la fratrie, Marie exprime un regret concernant son papa.

«Je ne me rappelle plus de sa voix. Mes enfants ne l’ont jamais vu, mais j’aurais voulu qu’ils l’entendent. C’est lorsque j’ai réalisé ce manque que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire pour ceux qui veulent laisser une trace à leurs proches après leur mort.»

Cette réflexion l’a menée à créer avec son compagnon Gianni Maranzano une société d’audiovisuel et d’événementiel pré-mortem nommée Good Mourning (mourning signifiant deuil) pour accompagner celles et ceux qui le souhaitent dans la réalisation d’une vidéo, d’un livre ou de tout autre support à laisser aux personnes qui restent. Une manière d’améliorer le deuil. Et un moyen aussi pour Marie de mettre ses compétences au service d’autrui.

Transmettre les traditions

Des compétences, la trentenaire en a toute une cargaison. En tant que maman d’abord, à élever ses enfants après le divorce d’avec leur père et «à leur offrir le meilleur cadre possible», dit-elle en contemplant le vaste champ s’étalant devant les baies vitrées de sa maison fribourgeoise. «Ma mère habite dans le village qui est à l’autre bout. Chez elle, c’est notre QG. La famille, c’est très important pour moi, et je mets toute mon énergie pour pouvoir l’accueillir. Je navigue entre Lausanne, pour la radio, et Neuchâtel, là où je travaille comme chargée de projet dans une entreprise de communication, mais je reviens toujours à Fribourg.»

Attachée aux traditions, Marie confie se sentir investie d’une mission lorsque arrive la Bénichon. «Dans notre famille, c’est plus important que Noël. Nos propres traditions s’y inscrivent, et j’essaie de reproduire ce que faisait ma grand-mère pour qu’on se sente toujours dans ce qu’elle a construit.» Les larmes lui montent alors aux yeux, mélange de nostalgie et de fierté.

«On est beaucoup de femmes dans cette famille, c’est une force gigantesque de grandir entourée de ma maman, de mes tantes, de mes sœurs (ndlr: une jumelle, Camille, et Claire Burgy, qui présente le «12:45»).»

Des journées pleines à craquer

Une longue tradition de femmes dont Marie est la courroie de transmission lorsqu’elle réunit le clan autour de grandes tablées. «On chante toujours, et on finit en larmes parce qu’on pense à ma grand-mère. Dans la famille, tout le monde fait de la musique!» C’est d’ailleurs via un blog dans lequel elle interviewait des musiciens de rock avant de cuisiner leurs recettes préférées qu’elle s’est fait repérer pour entrer à Couleur 3:

«Mon blog, Food and Fuzz, me donnait l’occasion de mêler cuisine et musique, ce qui est quand même la base de ma vie.»

Les auditeurs peuvent actuellement se régaler de ses chroniques sur le sexe ou les affres de l’accouchement avec le franc-parler qui la caractérise. Quand on lui demande où elle trouve l’énergie de tout mener de front, elle avoue une légère peur du vide. «Si je n’ai pas des journées pleines à craquer, j’ai vite des angoisses de ne pas faire assez. J’ai un tas de privilèges et de ressources que j’ai envie de partager. Aujourd’hui, je vis ma plus belle vie.»

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