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Environnement

Plage en péril: Saint-Brieuc et ses mortelles marées vertes

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Le littoral encore sauvage étouffe sous des couches d’algues aussi envahissantes que toxiques.

© WIKIMEDIA COMMONS/COLSU

À mesure que le changement climatique se concrétise à travers l’augmentation des catastrophes naturelles et des épisodes caniculaires, l’eau est devenue le graal dans notre quête de fraîcheur durant l’été. Pourtant, elles-mêmes soumises au chaos environnemental, certaines plages semblent devenir hostiles à la baignade. C’est le cas cette année à Saint-Brieuc en Bretagne, où la préfecture a interdit l’accès à la plage de Saint-Guimond située sur les Côtes-d’Armor. Cette décision est la conséquence du seuil d’alerte de pollution de l’air dépassé en raison de la putréfaction d’algues vertes dans la baie.

Tandis qu’en Floride, des requins se rapprochent dangereusement des rivages et les méduses continuent leurs «tentacules spreading» urticant en Méditerranée, une galère portugaise, aussi appelée vessie de mer (Physalia physalis) a été vue pour la première fois sur une plage en Catalogne (nord-est de l’Espagne) cet été. Ressemblant à s’y méprendre à une méduse géante, l’animal marin est pourvu de tentacules pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres de long et son venin peut provoquer l’arrêt cardiaque. Là aussi, la fermeture des plages s’est imposée par mesure de précaution.

Revenons à Saint-Brieuc. Samedi 22 juin, l’accès à ladite plage était barré au public pour des raisons sanitaires, car l’hydrogène sulfuré – un gaz toxique – émane de la putréfaction des algues stagnantes. Enclave dans la vaste baie, sa situation géographique explique en partie l’état d’asphyxie due à sa prolifération. Le phénomène ne date pas de cette année. En 2023, le bilan concernant la profusion des algues vertes dans le département évoque déjà une année atypique en raison d’un «démarrage tardif des échouages, à l’exception de la baie de Saint-Brieuc qui concentre en mai 90% des surfaces d’algues vertes échouées», explique le communiqué officiel de la Préfecture. L’abondance est expliquée par la présence «d’un stock élevé fin 2023 en fond de la baie de Saint-Brieuc, que les conditions météorologiques agitées de l’hiver n’ont toutefois pas permis de disperser».

Épanchements agricoles en cause

La provenance de ces algues vertes dans la mer est naturelle, mais leur présence s’est multipliée depuis une quarantaine d’années sur certaines plages bretonnes. Elles seraient nourries par des apports de nitrates épandus par les agriculteurs dans les champs avoisinants, dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers.

La toxicité des algues vertes en décomposition est mise en cause depuis longtemps par les associations environnementales, qui se mobilisent pour signaler leur dangerosité et leur implication probable dans plusieurs décès. Le dernier en date est un ostréiculteur de 18 ans en baie de Morlaix à l’été 2020. Ce cas fait écho à d’autres dans la région. Déjà en 1989, un jeune homme de 27 ans avait été retrouvé mort sur un tas d’algues vertes alors qu’il faisait son jogging sur la plage de Saint-Michel-en-Grève.

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Les associations environnementales se mobilisent pour alerter sur la toxicité des algues vertes. ©AFP/LOIC VENANCE

Toutefois, il n’y a rien de plus alarmant qu’auparavant en 2024. Avec un peu plus de 15’000 tonnes d’algues vertes ramassées dans les Côtes-d’Armor, 2023 se situe dans la fourchette inférieure observée ces dernières années. Toujours est-il que deux mois après sa condamnation, cette plage tranquille et propice à l’observation des oiseaux est toujours fermée.

De passage dans la région cet été, je n’ai rien remarqué de tout cela en dehors de cette zone spécifique. Au contraire. L’Atlantique et ses plages à perte de vue rappellent de façon monumentale sa puissance rythmée par les marées. Lors des longues balades matinales à marée basse, l’esprit s’évade plutôt du côté de l’immensité des éléments qui nous entourent et qui invitent à l’humilité. Aucun morceau de plastique en vue, en observant mes pieds chaussés de sandales méduses s’enfoncer dans le sable au gré des vagues, je n’ai vu que des coquillages et le flux de l’eau triomphante d’une mer impétueuse en hiver et docile en été. Aux antipodes des images chocs que les médias aiment montrer pour dénoncer l’irresponsabilité des humains avec l’amoncellement de nos détritus. Il est plaisant de se rappeler la beauté de notre planète, d’observer les fumeurs prendre garde à ne pas jeter leurs mégots pendant que les enfants construisent des châteaux de sable éphémères. 


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