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Phénomène: ces quinquas+ qui se font tatouer

Phenomene ces quinquas qui se font tatouer

La peau est plus fine et moins élastique après la ménopause, mais rien n'empêche de la tatouer! En général, à cet âge, le choix est plus réfléchi et le regard des autres se fait moins important.

© Zoé Jobin

On la croyait plus avant-gardiste que ça: Madonna vient de s’offrir son premier tatouage, à 62 ans, les initiales de ses 6 enfants à l’intérieur du poignet, hommage à sa tribu. Un grand classique chez les femmes devenues mères (coucou Angelina Jolie, Lou Doillon ou encore Daphné Bürki). Ces petits lettrages symboliques ne sont pas les seuls motifs à s’être banalisés. Le choix de décorer de façon permanente des parties très visibles du corps, parfois même les mains ou le cou, s’observe en abondance de nos jours, dans la rue, à la piscine, au fitness. Une tendance à l’opposé de l’aura de subversion qui entourait il y a encore 10 ans ces modifications corporelles. Le phénomène touche aujourd'hui toutes les tranches d’âge, même les plus de 50 ans. Ces adeptes avancent le timing comme argument pour expliquer leur choix: le sentiment d’avoir trouvé LE sujet, et le soulagement de ne pas avoir cédé à des trends ou des lubies de jeunesse qu’elles n’assumeraient plus aujourd’hui.

Laurence par exemple, maman de deux garçons adultes, a fait son premier tatouage l’année de ses 50 ans, à la faveur d’un événement dans un galerie d’art lausannoise. Une décision très spontanée qu’elle n’a absolument pas regretté. Au contraire, 8 dessins décorent désormais joliment ses bras et ses jambes. Josiane a craqué pour un papillon sur l’épaule en vacances dans le sud de la France alors qu’elle avait 60 ans! Sandra a opté pour le tatouage de famille, dont chacun de ses trois enfants arbore une partie. Annick enfin est carrément tombée dedans à 47 ans et ne peut quasiment plus s’arrêter!

Catherine Vuille est tatoueuse à Genève depuis une trentaine d’années et observe ce phénomène dans son studio, Tattoo Red Crow. «Ce sont souvent des petits symboles, liés à la famille, que mère et fille viennent se faire tatouer ensemble, dans un moment de partage. Ce ne sont pas des grosses pièces. Elles ne sont pas non plus très âgées, les femmes les plus mûres qui viennent dans mon studio ont autour des 55 ans… Ma clientèle a vieilli avec moi, en fait!», rigole la quinqua. Elle compte seulement quelques messieurs qui sont passés à l’acte après la retraite, libérés des diktats du monde du travail. La professionnelle ne voit pas de contre-indication particulière à tatouer une peau mature:

«Elle est plus fine, moins élastique, on doit faire attention quand on la tend, mais ce n’est pas un problème. Il y a plus de différence de qualité de peau entre les parties du corps, par exemple l’intérieur du bras et le coude, qu’entre les âges. Et puis, on n’est pas tous égaux, il y a une part de génétique, d’état de santé général.

La cicatrisation prendra peut-être un jour ou deux de plus, à cause du renouvellement cellulaire plus faible! Mais à la cinquantaine, les femmes savent prendre soin de leur peau.»

Reste encore la gestion de la douleur, qui fait partie du rite de passage du tatouage. Ici aussi chacun a son seuil de tolérance, qui varie selon la durée de la séance. «C’est un fait, se faire tatouer fait mal, reconnaît Catherine Vuille. Quand on arrive à un certain âge où les douleurs font partie du quotidien, au dos, aux articulations, est-ce qu’on a vraiment envie de s’infliger ça?» Visiblement oui!

Annick, 48 ans «C’est un cadeau que je me fais»

«A 14 ans, ma maman m’a autorisée à me faire tatouer une petite rose dans le dos…. alors que je rêvais d’un dragon! Je n’ai pas aimé cette expérience, dans la cuisine d’un biker, et je n’ai pas réitéré…. jusqu’à l’année passée! J’ai une double formation, esthéticienne et infirmière, et pour lier les deux, je me suis mise au tatouage esthétique, sourcils mais aussi réparation post-chirurgie. Je travaille dans un tattoo shop lausannois, j’ai donc un pied dans le milieu, et l’an dernier, j’ai eu envie de repasser sous les aiguilles. Et je suis devenue accro, au point que mon mari se demande où ça va s’arrêter! Mes bras sont presque recouverts, j’ai encore eu une session hier. Je me suis fait tatouer une aile d’ange, pour me protéger, c’est kitsch mais j’assume. C’est une façon de rendre hommage à mon corps, qui a porté deux enfants. La notion d’âge est relative, je suis devenue maman tardivement, je ne sens pas mes 48 ans. Aujourd’hui je me sens mieux dans ma peau, plus complète, avec ces ornements que j’ai choisis, une façon de me réapproprier mon corps. C’est un cadeau que je me fais.»

© Zoé Jobin

Josiane, 70 ans «Un souvenir de vacances… qui dure toute la vie»

«Ca s’est fait par hasard, j’étais avec une amie dont la fille voulait se faire tatouer. En cherchant un motif avec elle, on a trouvé qu’il y avait vraiment de jolies choses. Deux semaines plus tard, en vacances dans le sud de la France, nous sommes entrées dans une échoppe avec mon amie pour nous faire tatouer toutes les deux, un papillon sur l’épaule! J’avais 60 ans et elle 55! Ca n’a pas été facile de le faire accepter à mes enfants, qui sont très sages et pas du tout tatoués. Je ne l'ai pas montré tout de suite. Maintenant, j’ai tendance à l’oublier car à mon âge, je ne mets plus de débardeur, on en montre le moins possible! Mais quand je vais chez le médecin ou que je sors de la douche, je suis contente de le voir, je le trouve toujours beau. Le tatouage est un art magnifique.»

Laurence, 53 «C’est mieux que la chirurgie esthétique»

«Mon premier tattoo s’est imposé spontanément en voyant un flash [un dessin proposé par un tatoueur] lors d’un événement dans une galerie d’art lausannoise. J’avais longtemps hésité et là, je me suis décidée, en une soirée, pour une belle rose old school assez grosse sur mon avant-bras. C’était autour de mes 50 ans. J’ai adoré le sentiment que cela m’a donné, de satisfaction et de fierté. Peu après, j’ai réalisé une deuxième session avec des hirondelles, toujours sur les bras, et continué à un rythme régulier. Là j’en suis à 8 tattoos, sur les bras et les jambes, toujours dans le même style et la même ligne graphique, qui ont chacun un vrai sens pour moi. Il y a des parties du corps que je ne toucherai pas, mais pour le reste, j’ai décidé de l’embellir à un moment de ma vie où on doit accepter qu’il change. C’est mieux que de passer sur le billard pour des opérations esthétiques. Je le fais pour moi, pas pour les autres, pour améliorer le regard que je pose sur moi. C’est aussi une façon de me rappeler ma jeunesse, ce que j’ai pu être à une époque, et rester fidèle à un certain esprit.»

Sandra, 53 «Je voulais un symbole du lien qui m’unit à mes enfants»

«Des projets de tatouage m’ont souvent traversé l’esprit mais jamais assez longtemps pour devenir concrets. Puis mon fils aîné est parti quelque temps au Japon pour ses études et il me manquait beaucoup. Avec son frère et sa sœur, nous avons alors pensé à un tatouage familial pour symboliser nos liens. Nous avons cherché dans le monde animal quelque chose qui nous correspondait, et après avoir hésité entre le loup, l’éléphant, nous avons opté pour les ours. Nous avons dessiné le projet ensemble, et choisi un tatoueur de notre région qui avait bonne réputation. Il a bien aimé notre idée et a juste légèrement stylisé notre dessin. J’ai donc, dans le haut de mon dos, une maman ourse et ses trois petits, et chacun de mes enfants a son ourson tatoué à l’intérieur du bras. Je ne le montre pas beaucoup, je l’ai fait pour moi. En revanche, je réfléchis à un autre tattoo que j’afficherais plus ouvertement sur mon avant-bras, en lien avec mon groupe de musique, qui serait visible quand je joue de la basse.»

© Zoé Jobin

Céline, 53 ans «Un cadeau de mon filleul»

«J’y avais déjà pensé, mais il a fallu un concours de circonstances pour que je réalise mon premier tatouage l’été dernier. Mon filleul était en train de se former au tatouage et il m’a offert une séance. Je suis fille de vigneron, j’ai participé à la Fête des vignerons et j’avais envie de rendre hommage à ce domaine. J’ai donc choisi un pampre, un brin de vigne qui s’enroule autour du poignet et remonte sur l’avant-bras. C’est fin et discret mais je voulais quand même qu’il se voie, tant qu’à faire. Je n’ai eu que des réactions positives, de mes fils d’abord, qui sont eux-mêmes tatoués (ils ont un tatouage de fratrie, les trois identiques, sur l’épaule), à mon travail, où j’enseigne à des tout-petits, tout le monde trouve ça joli. Le tatouage s’est complètement démocratisé, le mien n’a aucune connotation religieuse ou autre, il est juste esthétique. Mon filleul a par ailleurs tatoué sa mère et sa grand-mère octogénaire, qui, elle, a choisi une fleur sur la cheville!»

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