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Parole aux hommes: 7 personnalités évoquent la masculinité

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«Être un homme, aujourd’hui, c’est être conscient de la place qu’on prend dans la société, car le simple fait de naître homme devient un privilège par défaut.» - Renaud de Vargas, Chroniqueur sur Couleur 3

© NICK DOLDING/GETTY IMAGES

Mathias Reynard Conseiller d’État (VS)

«Le modèle patriarcal enferme non seulement les femmes mais aussi les hommes. Les mouvements féministes récents bousculent la société, et tant mieux pour les hommes aussi. Il y a des schémas de ce qui est attendu de nous, en matière d’attitudes, de carrières, de répartition des activités domestiques qui nous emprisonnent. Je trouve très positif de pouvoir assumer sa part de sensibilité, de s’engager pour l’égalité hommes-femmes et aussi, parfois, de se mettre en retrait!

Quand un homme comme moi est blanc, hétérosexuel, qu’il occupe une position dominante, le minimum qu’il puisse faire, c’est d’utiliser ses privilèges pour s’engager en faveur de l’égalité des droits. Quant à moi, je suis plus à l’aise à m’occuper de mes plantes qu’à lustrer ma voiture, à participer à une manifestation en faveur de l’égalité qu’à siéger dans un conseil d'administration uniquement masculin, à m’occuper de mes enfants, quand j’en aurai, qu’à rester étranger à ma propre famille.»

YVAIN GENEVEY/TAMEDIA

Marius Diserens, militant queer

«Être un homme aujourd’hui? C’est avoir le courage de s’affranchir du poids de la binarité et de ses normes discriminantes et violentes. Cela ne veut pas dire annihiler ou invalider la binarité. Ni sa propre identité. Mais plutôt ouvrir le champ des possibles. Afin que d’autres – ou soi-même – puissent vivre pleinement la fluidité de leur identité, sans devoir sacrifier leurs droits fondamentaux: droit à l’intégrité physique et morale, à la sécurité… à la vie.

Être un homme, c’est avoir le courage de s’explorer, ou de pousser et d’aimer les gens qui s’explorent.

C’est avoir le courage de vivre, si on le désire, sa fluidité de genre avec curiosité, réjouissance et flamboyance, ou le courage d’aimer l’autre – ami·e·x ou amant·e·x – qui s’offre cette liberté, malgré les violences et la solitude qui, souvent, en découlent.»

ODILE MEYLAN/24 HEURES

Kevin Mbabu, Footballeur international suisse

«L’homme qui voit à 50 ans le monde comme il le voyait à 20 a gaspillé 30 ans de sa vie», c’est une citation de Mohamed Ali, un de mes modèles masculins quand j’étais enfant. Être un homme, c’est une question de perception et d’évolution selon son âge. Mais personnellement peu importe l’âge que l’on a, pour moi c’est de faire résonner notre plus belle lumière et de briller pour rendre notre monde meilleur, transmettre l’amour, le respect et la joie à nos proches et à ceux qui en ont besoin.

Aujourd’hui, en tant que sportif, je suis à mon tour un modèle pour les jeunes qui rêvent d’accomplir le même rêve que je suis en train de vivre et j’essaie toujours de transmettre l’humilité et la rigueur du travail car ce sont des valeurs auxquelles je m’identifie énormément.»

© KEVIN FOURNIER

Lionel Baier, réalisateur

«Pendant longtemps, mon identité masculine s’est confondue avec mon homosexualité. À la fin des années 90, la question centrale était pour moi de savoir comment rester séronégatif, alors que mes partenaires ne l’étaient pas toujours. Être vivant et en bonne santé me suffisait à me sentir homme.

Comme beaucoup de gays, je pensais que mon orientation sexuelle me mettait à l’abri de la toxicité supposée et souvent avérée de mon genre. Il n’en est rien. Les homos sont des hommes comme les autres, et même s’ils ne représentent qu’une minorité de ceux-ci, ils appartiennent à cette caste qui a kidnappé le pouvoir depuis longtemps. Je suis un fervent défenseur des quotas, parce que ceux-ci questionnent mes privilèges et m’obligent à me réinventer. Ils m’aident à rester vivant et en bonne santé.»

© STEPHANE CARDINALE/GETTY IMAGES

Michael Drieberg, directeur de Live Music production

«Enfant, je rêvais d’être un superhéros mais je n’avais pas imaginé qu’en 2022, on attendrait de moi d’être tout à la fois Superman, Iron Man, Mary Poppins et Madame Doubtfire. Que je devrais me transformer en un être polymorphe qui travaille du matin au soir, passe de la maison aux paillettes, fait à manger, emmène ses enfants à l’école, sait recoudre un bouton, soigne son apparence. Une personne qui sait écouter, est respectueuse, tendre, avec un certain sens de l’humour et beaucoup de dérision.

Je ne savais pas qu’en 2022, on me demanderait d’être… une femme, tout simplement. De moi, j’aimerais que l’on dise… c’était parfois hasardeux, mais il y a mis tout son cœur.»
© YVAIN GENEVEY/TAMEDIA

Renaud de Vargas, Chroniqueur sur Couleur 3

«Être un homme, aujourd’hui, c’est être conscient de la place qu’on prend dans la société, car le simple fait de naître homme devient un privilège par défaut. Je suis un mec blanc hétéro cisgenre, et il faut admettre que ça fait beaucoup de critères faisant qu’à mon égard, c’est plus simple. Cela ne devrait plus exister.

Être un homme, ce devrait donc reconnaître cette situation, puis savoir écouter et apprendre à se taire, et arrêter avec ce rôle de donneur de leçons.

J’ai été particulièrement marqué ces dernières années par tous ces témoignages de femmes qui subissent des violences masculines, des remarques sexistes. Le monde est enfin en train de changer et c’est tant mieux. Réussir à se mettre en retrait pour entendre ce que les femmes ont à dire et apprendre d’elles, c’est bien plus important que nos concepts flous de masculinité ou de virilité, qui ne me parlent pas.»

LOUISE ROSSIER

Vincent Zanetti, Musicien, producteur de «Zanzibar» sur Espace 2

«J’ai toujours ressenti un malaise face aux postures patriarcales. Je crois que chacun de nous a des identités plurielles. Au fond de moi, je ressens une résonance clairement féminine, quand bien même je dois incarner une masculinité sans équivoque pour les danseuses pour qui je joue – que ce soit en Afrique ou ici. Grâce à cette sensibilité-là, je peux me sentir très proche d’Elles, et évidemment solidaire.

Cela dit, les questionnements et revendications plus que légitimes des femmes d’aujourd’hui m’amènent à réfléchir encore plus à cette partie de moi, à lui donner plus d’espace dans ma vie. À vrai dire, je ne serai un homme tranquille que lorsqu’on sera vraiment à égalité: il faut qu’on sorte des rapports de force, qu’on réinvente urgemment un monde dans lequel on valorise les complémentarités…»

© VINCENT ZANETTI

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