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Jeunes, activistes et en colère

«On n’a plus le temps d’être pessimiste: on doit vraiment agir»

«On n’a plus le temps d’être pessimiste: on doit vraiment agir»

«Chacune et chacun pouvons changer les choses à travers nos actions individuelles, nos choix de carrière, nos engagements associatifs ou politiques.» - Jean-Valentin de Saussure

© NOURA GAUPER

FEMINA Comment est né votre engagement?
Jean-Valentin de Saussure J’ai commencé à m’engager localement, dans mon village, à l’âge de 14 ans. Chaque année, nous organisons un repas pour soutenir les agricultrices et agriculteurs et financer ainsi des projets de développement durable. J’ai alors pris conscience des enjeux environnementaux, de la crise climatique. Cela s’est accentué au Gymnase, car j’ai réalisé mon travail de maturité sur le gaspillage alimentaire. Le déclic est venu en 2019: je me suis cassé une vertèbre à la suite d’un accident. Du jour au lendemain, j’ai totalement revu mes plans d’avenir.

J’ai alors pris la décision que, quel que soit mon chemin professionnel, il fallait qu’il soit guidé par l’idée d’avoir un impact positif sur le monde.

Concrètement, comment luttez-vous contre le réchauffement climatique?
Je lutte sur trois niveaux. Au niveau associatif, je m’engage avec Swiss Youth for Climate où l’on fédère des jeunes dans les écoles, les universités pour avoir une influence au niveau politique. Sur le plan professionnel, je termine mon bachelor en sciences de l’environnement et je vais me spécialiser en économie circulaire. La transition écologique nécessite des gens bien formés dans ces domaines spécifiques. Je m’engage également au niveau politique. Enfin, en tant qu’individu, j’ai fait certains choix: j’ai changé de régime alimentaire, je privilégie le train, je consomme moins, etc.

Souffrez-vous d’éco-anxiété?
Il y a des moments où il n’est pas évident de garder espoir, je me remets en question quotidiennement. Mais on n’a plus le temps d’être pessimiste, on doit montrer les solutions qui existent, les alternatives, et fédérer le plus possible autour de ce chemin qui mène à une société où l’on place le bien-être collectif et environnemental au centre des préoccupations.

Votre engagement crée-t-il des tensions avec vos proches?
J’ai de la chance, car depuis quelques années, j’ai réussi à faire bouger ma famille dans cette transition. On consomme par exemple moins de viande à la maison, ils prennent davantage les transports en commun, etc. Après, le sentiment d’urgence qui m’anime peut parfois être source d’incompréhension. Cette préoccupation n’est pas toujours évidente à transmettre.

Décrivez-nous votre monde idéal:
Il ressemblerait à un monde où l’on ne placerait plus le bonheur au niveau de la consommation et de l’accumulation, mais plutôt sur les liens qui nous unissent. On met toujours en avant les intérêts économiques de notre société avant tout. À mon sens, il est capital de remettre les intérêts collectifs et le bien-être environnemental au centre. Effectuer cette transition écologique, mettre en œuvre ces solutions qui existent partout, dans tous les secteurs, c’est aussi une énorme opportunité d’innovation collective et positive.

Ce qui vous met en colère:
L’inaction de plusieurs décideurs politiques qui ne comprennent pas l’urgence que l’on vit aujourd’hui. Il faut désormais agir pour placer le bien-être collectif et environnemental avant les intérêts économiques.

L’inaction va nous coûter beaucoup plus cher à l’avenir que de prendre des décisions qui peuvent nous coûter aujourd’hui, mais éviteront bien des catastrophes dans le futur.

Ce qui vous réjouit:
C’est de voir des projets se concrétiser, que ce soit des jardins partagés, des ruches, etc. C’est porteur d’espoir, cela montre que chacun peut avoir un impact positif. Beaucoup de PME montrent la voie sur les nouveautés pour mieux produire. La technologie ne va pas sauver le monde, mais elle fait partie de la solution.

Un message à faire passer:
La tentation est grande de se dire qu’il est trop tard, que tout est foutu. Particulièrement chez les jeunes, ce sentiment est très présent. Mais aujourd’hui, chacune et chacun pouvons changer les choses à travers nos actions individuelles, nos choix de carrière, nos engagements associatifs ou politiques. On n’a plus le temps d’être pessimiste: on doit vraiment agir.

Une ressource à nous recommander:
Bon Pote, sur Instagram et sur LinkedIn. Il critique le greenwashing et met en lumière le chemin que devrait prendre notre société. Je recommande également Le Petit manuel de résistance contemporaine (Éd. Actes Sud), de l’écologiste français Cyril Dion; ainsi que L’économie du donut (Éd. Plon), de Kate Raworth.

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