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Il est 8 heures du matin, Nuria Gorrite nous accueille dans ses bureaux, à Morges, avec le sourire. Avenante, elle nous propose d’emblée un café. Elle éteint son iPod rose pétant puis, naturellement, la discussion démarre autour de la musique et des moyens qu’elle se donne pour s’évader d’un quotidien dense. Ses goûts, plutôt éclectiques, vont du rock à la pop en passant par le classique et l’opéra. Ses CD, elle les achète car elle souhaite «défendre les conditions de vie des artistes». Sa fille lui ayant appris à créer ses playlists sur son iPod, c’est avec les écouteurs vissés aux oreilles qu’elle part se balader, au bord du lac Léman de préférence, avec son chien ou seule, pour mieux souffler entre deux rendez-vous.

Quand elle s’exprime, les mains de cette socialiste de 41 ans s’animent et c’est avec passion qu’elle enchaîne sur les escapades culturelles qu’elle organise pendant ses vacances. Elle mixe découvertes de villes, opéras, comédies musicales, expositions et ballets. Ses derniers voyages, à Florence, New York, Amsterdam ou Londres, ont d’ailleurs été ponctués de rendez-vous avec le monde de la scène. Un univers qu’elle affectionne particulièrement, ayant fait de la danse classique pendant dix-neuf ans. De la danse, elle a gardé une certaine allure, un maintien et une élégance naturelle. Chaussures assorties à sa robe, mains et maquillage soignés, Nuria Gorrite est une femme au regard franc qui dégage une assurance séduisante. Elle sait écouter et son fameux rire résonne souvent au fil des échanges.

On devine chez elle la satisfaction de faire le métier qui lui plaît, tout en étant pleinement femme. Elle explique que sa mère était couturière et qu’elle tient d’elle ce plaisir de porter des vêtements bien coupés. Mais elle s’empresse de rappeler que «derrière la façade, il y a des projets qu’on défend, des gens qui nous font confiance, des idées, la sincérité de l’engagement. Nous sommes des porte-voix. Nous ne sommes pas à un défilé de mode, le débat est ailleurs et il ne faut pas l’oublier». Nuria Gorrite regrette d’ailleurs que l’apparence des politiciennes fasse trop souvent l’objet de critiques. «Quand on fait de la politique et qu’on croit aux progrès des femmes, on n’aime pas trop s’attarder sur les questions physiques», explique-t-elle.

Un temps pour chaque chose

Ses journées commencent par la lecture de la presse, accompagnée d’un petit café. Viennent ensuite les séances, les rencontres et le travail sur les projets. Son agenda est structuré, avec des plages strictes réservées aux différentes activités. Elle a gardé son logement à Morges et se rend au travail en voiture, moment de solitude bienvenu dans des journées bien remplies. Afin de prendre le temps d’étudier les dossiers, cette politicienne engagée réserve ses fins de dimanches à lire et annoter ses documents.

«J’aime écrire, dit-elle, j’ai un rapport tactile au papier. Je travaille avec des notes, des post-it. J’isole les mots pour construire ma réflexion. J’ai besoin de mettre en évidence des mots-clés car il faut se souvenir des choses quand on défend ses idées». La densité de matière est telle qu’elle ressent le besoin travailler au calme pour «éviter d’être le nez dans le guidon». Il y a chez elle cette volonté de maîtriser, de bien faire. Réservée sur sa vie de famille, elle relève cependant l’importance de partager du temps avec ses proches et de choisir avec soin les soirées où elle doit se rendre et celles auxquelles elle peut renoncer pour être avec sa fille.

Sa croisade pour les femmes

Le cheval de bataille de Nuria Gorrite porte depuis toujours sur l’importance de développer les structures d’accueil pour les enfants. Son mot-clé, la conciliation entre vie familiale et professionnelle, reste le thème central de sa carrière politique. Elle a su développer des structures d’accueil à Morges dont elle a été syndique ces dernières années. Elle explique «qu’il faut aux femmes des solutions pour pouvoir travailler et qu’il appartient au monde politique de mettre en place ces conditions-cadres.» Si de son côté elle bénéficie d’un réseau familial extraordinaire, elle n’oublie pas celles qui sont en difficulté et qui lui parlent de leurs problèmes de garde d’enfants. «C’est la préoccupation centrale des femmes que je rencontre.

Leurs parcours m’accompagnent tous les jours, notamment l’histoire de cette maman qui téléphonait à son fils de 4 ans et demi depuis son travail pour qu’il aille à l’école car elle n’avait pas d’autres solutions. Les femmes ont besoin de gagner leurs vies, et celles qui ont étudié veulent pouvoir travailler. Notre société a besoin de tous ces talents. Crèches et garderies de qualité sont des infrastructures qui doivent accompagner la croissance économique, il ne faut pas condamner les femmes à choisir entre travail et famille, et les infrastructures ce ne sont pas seulement les routes, les trains et les métros».

Encourage-t-elle les femmes à se lancer dans la politique? Elle répond du tac au tac. «Elles ont souvent peur de se lancer car elles craignent de ne pas être à la hauteur des responsabilités qui les attendent. Lorsque vous proposez à une femme de s’engager dans un projet politique, elle va se demander «Est-ce que je suis à la hauteur?» alors qu’un homme se demandera s’il a le temps». Valorisant les compétences découlant de la vie quotidienne des femmes, notamment en termes d’organisation, de finances et d’aménagement du territoire, elle souligne «qu’on ne devrait pas seulement leur proposer les projets liés au social et aux écoles car les femmes ont des compétences dans tous les domaines.»

Yann André/Strates
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