Mais de quelle planète viennent-ils?

Certains – dont celui qui est assis en face de vous – dérivent sans aucun doute d’une planète nettement plus lointaine. Et encore, ils n’ont pas débarqué d’une navette spatiale mais plus vraisemblablement d’une fusée à pédales. C’est dire le fossé qui vous sépare.

Or donc, vous escomptiez engager une discussion avec votre extraterrestre sur un thème secondaire (qui ne concerne ni les enfants ni le budget domestique). Mais la conversation tourne au monologue. Le vôtre évidemment. Depuis une demi-heure, seuls quelques borborygmes sortent de sa cavité buccale. Cet accès de monosyllabisme qui se réduit à (dans l’ordre): «Hum, ah, bon, d’accord et soit» déclenche chez vous une crise d’urticaire avec triple éclosion de pustules (c’est écœurant, non?).

Vous déployez des chefs-d’œuvre de diplomatie pour l’aider à structurer une phrase complète. Vaine tentative. Vous enchaînez sur un exercice de maïeutique (accouchement de la pensée, façon Socrate), il est figé dans son mode de communication minimaliste. Pour un peu, vous pourriez vous croire en présence d’une statue du Musée Grévin. Résultat: vous sortez de vos gonds. La rage aux lèvres, vous vous agitez dans tous les sens. A son regard interrogatif, sa mine impavide, vous savez qu’il est en train de chercher les raisons de votre colère.