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Une soirée auprès du feu, entre amis. Avec pour seule bande-son les flammes qui crépitent et chuchotent dans l’âtre. Quelques bougies posées ici et là se chargent de créer une ambiance mouvante de clair-obscur. Le genre de moment où chacun y va de sa petite histoire lugubre, de son conte d’épouvante préféré, en guettant une mimique d’effroi chez les auditeurs. Mais dans ce concours de trouillomètre collectif, les récits ne sont pas toujours complètement imaginaires.

Comme le révèlent plusieurs sondages américains, le nombre de personnes ayant vu ou senti un fantôme durant leur vie a doublé en l’espace d’une vingtaine d’années. Aujourd’hui, on estime ainsi qu’un individu sur sept dit s’être trouvé au moins une fois au contact d’une manifestation surnaturelle. Succès assuré lors de ces fameuses veillées nocturnes autour de la cheminée! De ce brusque décollage des rencontres du troisième type, que faut-il lire entre les lignes? Sûrement pas que les revenants se sont décidés à faire leur coming out: c’est fait depuis longtemps, à voir la masse incommensurable de légendes qui nous poursuivent depuis des siècles.

Du mythe à la réalité

Du glaçant Paranormal Activity au gentiment inquiétant Harry Potter en passant par les crises de panique de Ring, les ectoplasmes nous prouvent qu’ils sont furieusement à la mode, au point, sans doute, de délier l’imaginaire. Voire les langues. «Alors que j’étais dans l’appartement d’un ami en compagnie de mon amoureux, j’ai soudain aperçu une silhouette blanche traverser le couloir, se souvient Nathalie. Mon compagnon s’est tourné vers moi, médusé: il l’avait vu aussi clairement que moi. Lorsque le locataire des lieux est rentré, il n’a même pas été surpris de notre histoire. Cette forme éthérée se promenait dans son logement depuis plusieurs mois et ça ne lui paraissait pas plus étrange que ça. Je n’ai pas hésité à raconter l’anecdote à mes connaissances, pour me rendre compte que beaucoup d’autres personnes ont vécu de telles choses.»

Et si, au fond, l’au-delà était bien plus proche de nous que nous voulons bien le croire?

«Il y avait une forme blanche au pied de mon lit», Claire, 30 ans

Célibataire à l’époque, je venais d’emménager seule dans un appartement lausannois. C’était un lieu relativement calme. Tout laissait penser que ça allait être le pied d’y vivre! Mais deux mois plus tard, quelque chose de glaçant s’est passé dans la salle de bains. Un radioréveil que je n’avais jamais branché, ni même touché, s’est tout à coup mis à sonner. Je me souviens de l’avoir pris entre les mains pour l’examiner sous toutes les coutures, un peu paniquée, avec ces bips perçants qui fusaient dans la pièce. Je suis parvenue à l’éteindre. A ce moment-là, j’ignorais que ce caprice de l’électronique était le début d’une série d’incidents étranges chez moi.

Dans les semaines qui ont suivi, d’autres appareils se sont enclenchés sans raison pendant la nuit. La télévision s’est allumée toute seule, puis la chaîne stéréo du salon. Mon premier réflexe a été de faire venir un électricien. Verdict: tout le système était parfaitement branché. Aucune anomalie. J’aurais vraiment préféré un problème de prise… Les folies de mon électroménager n’ont bien sûr pas cessé. Et là, j’ai commencé à avoir un peu peur. Plutôt que de subir tout cela, j’ai tenté de reconstituer l’histoire de cet immeuble, et en particulier celle de mon appartement. J’ai alors appris que l’ancienne occupante, une dame très âgée, était morte ici, dans l’une de ces pièces. Sans trop me rendre compte que mon comportement m’aurait fait passer pour une folle aux yeux du premier venu, je me suis adressée à l’âme de cette vieille femme qui peut-être était encore présente. Je lui ai dit que je ne lui voulais pas de mal, en espérant que c’était réciproque.

Une nuit, peinant à m’endormir, j’ai soudain senti un regard sur moi, à travers le noir complet de ma chambre. J’ai redressé la tête, le cœur prêt à exploser. Une forme blanche se tenait debout au pied de mon lit. Une silhouette d’un mètre trente environ, immobile, qui me fixait. Pas la peine de préciser que j’ai hurlé comme jamais au cours de ma vie, me précipitant vers ma table de chevet pour attraper le fil de la lampe et appuyer sur l’interrupteur. La lumière s’est allumée. Mais il n’y avait plus rien. Cette fois, j’ai cherché de l’aide. Je savais que ce n’était pas moi qui affabulais.

J’ai demandé à une amie magnétiseuse de venir chez moi, sans lui indiquer les endroits de l’appartement où les manifestations avaient eu lieu. Elle a d’abord senti de l’énergie sur un mur. C’était juste le réfrigérateur de la cuisine, de l’autre côté. Mais rapidement, dispersant du sel et de l’encens partout, elle a pointé du doigt les deux zones les plus sensibles. Puis des incantations ont invité le fantôme à partir. Ce qui a dû fonctionner, puisque ensuite tout est rentré dans l’ordre. Une double satisfaction: enfin, c’était terminé, eh non, je n’avais pas rêvé!

«Notre fille se sentait observée», Virginie, 38 ans

Nous habitons dans notre maison depuis huit ans. C’est une vieille bâtisse familiale que nous avons achetée directement à nos beaux-parents. Depuis quelque temps déjà, on remarquait de drôles de choses, même si au fond on n’en faisait pas vraiment cas. Des appareils électriques s’allumaient et s’éteignaient sans crier gare, «chantaient». Ou tombaient en panne alors qu’ils étaient presque neufs. Je me souviens notamment de mon ordinateur qui avait grésillé alors que je recherchais des textes pour l’enterrement de mon grand-père…

Puis on s’est retrouvés au pied du mur, mon mari et moi, lorsque notre fille de 14 ans est revenue, un soir, en nous faisant comprendre que quelque chose n’allait pas du tout. Elle a dit qu’elle se sentait observée par quelqu’un dans la maison. Pas seulement ce jour-là, ou depuis peu, mais depuis qu’elle était toute petite. Et elle voulait que ça s’arrête. Sa panique nous a surpris, parce que ce n’était pas son habitude de raconter des histoires. Elle est très cartésienne et a toujours eu les pieds sur terre.

Tout à coup, ça nous a fait tilt, et on s’est souvenus d’une remarque de notre jeune fils de 5 ans, deux semaines auparavant. Il nous avait dit comme ça, très naturellement: «La dame, elle était toute blanche dans la télé.» Sur le moment, on n’avait pas compris et on lui avait demandé ce qu’il regardait. «Mais non je regardais rien, elle était éteinte, la télé.» Evidemment, vu son âge, c’est une anecdote qui ne nous avait pas fait réfléchir plus que ça. Mais là, avec les plaintes de notre fille, il se passait visiblement des événements plus qu’étranges chez nous.

On a fini par contacter des personnes qui nettoient, ou plutôt désenvoûtent les maisons. Je m’attendais à apprendre des horreurs sur notre nid douillet: un ancien pendu au galetas, un meurtre au siècle dernier… Mais le verdict a été différent. Notre domicile était effectivement «plein de monde», enfin, plein d’entités, comme ils disent. C’était un lieu de passage.

La nouvelle m’a apaisée plus qu’effrayée, car j’avais enfin des réponses, des mots à mettre sur ces manifestations. Une fois sur place, les désenvoûteurs ont tout de suite senti ce qui n’allait pas. Avant même que j’aie pu leur parler du chauffage que je trouvais toujours mal réglé, l’un d’eux a expliqué que cette sensation de froid permanente n’avait aucune cause technique. Elle était due aux allers et venues des esprits dans la maison. Et aussitôt après leur expertise, tous les bruits venant des appareils électroniques ont cessé. Notre grande fille qui ne voulait plus mettre les pieds dans sa chambre a finalement accepté d’y dormir à nouveau. Pour moi, ce fut une révélation qui m’a fait ouvrir un peu les yeux sur ce qui arrive après la mort… Un comble, quand on sait que j’ai quelques problèmes avec la religion.

«C’était comme si les murs pleuraient…», Tamara, 52 ans

Cela s’est passé dans une maison que nous avions acquise il y a une dizaine d’années, mon mari et moi. C’était une bâtisse récente, construite dans les années 70, donc loin de l’image du vieux manoir délabré. Nous n’étions que les seconds propriétaires. La distribution des pièces, le cadre, tout convenait à merveille à mon époux. A moi, un peu moins. L’architecture me semblait alambiquée, mais nous avons finalement emménagé.

Rapidement, je me suis sentie mal à l’aise en vivant dedans. Contrairement aux histoires classiques de lieux hantés, je ne voyais rien d’effrayant. Pas de silhouettes qui apparaissaient, ni de bruits suspects. En réalité je ne savais pas quels mots mettre sur mes impressions. Comme si les murs pleuraient en permanence. Je ne comprenais pas pourquoi ces pièces étaient si déprimantes et tiraient l’humeur vers le bas, avec cette ambiance de lourdeur , cette chape de plomb qui me tombait dessus à chaque fois que j’y entrais. Et ce ressenti physique me surprenait moi-même parce que je suis plutôt rationnelle, j’ai l’esprit globalement peu ouvert à la croyance dans les fantômes… J’essayais de me convaincre que tout ça n’était qu’une conséquence de mon état de fatigue.

Le plus gênant, c’est que cette sensation d’étouffement et de tristesse surgissait également dans les chambres de mes enfants. J’ai fini par culpabiliser de les laisser vivre dans des pièces si malsaines, même si ni eux ni mon époux, ne remarquaient quoi que ce soit. Il fallait que tout cela cesse. Un peu désemparée, j’ai d’abord fait venir une madame feng shui. Elle a changé de place deux ou trois bricoles, m’a conseillé de diffuser de la musique classique à fond… Sans qu’il se passe le moindre bouleversement fondamental.

J’ai ensuite mandaté un monsieur géobiologie. Il s’est baladé partout dans la maison en tenant entre les mains un appareil mesurant les nœuds telluriques. Là encore, quelques meubles déplacés, et pas de progrès. J’ai même eu dans la poche le contact d’une dame qui prétendait parler aux esprits. Elle, je ne l’ai jamais appelée, ce qui ne m’a pas empêchée de m’adresser moi-même à la maison: «Ecoute, je ne sais pas ce que tu as vécu avant, mais maintenant toi et moi, c’est une autre vie, on peut repartir ensemble du bon pied.» Enfin, ce genre de monologue insolite. Devant l’insuccès de toutes ces démarches, je me suis alors mise à enquêter sur cette demeure.

Là, j’ai découvert que parmi les anciens occupants un père et un fils avaient souffert de la même maladie à quelques années d’intervalle. Le premier était décédé ici. J’ai aussi appris que les deux jeunes sœurs y avaient été violentées, sans que la mère se soit émue de la situation au sein du foyer. Bref, sachant tout ça, j’ai continué à causer à la maison, j’ai abattu une paroi, et le sentiment d’oppression a finalement disparu. Pour moi, ces manifestations n’avaient rien à voir avec des fantômes, mais le malheur qui avait investi cette maison continuait à baigner les murs.

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