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Portrait inspirant

Lucie Theurillat: une femme à la tête de la «Fédé»

Lucie Theurillat: une femme à la tête de la «Fédé»

«À 15 ans, trouver un espace où l’on nous tend la main, où l’on se fait des copains et où l’on peut décompresser est essentiel.» - Lucie Theurillat

© ZOÉ JOBIN

Cela fait désormais 11 ans que Lucie Theurillat a toqué pour la première fois à la porte d’une Jeunesse campagnarde. À 15 ans, elle devient ainsi membre de la Jeunesse de Champagne, son village adoré. «Très vite, j’ai pris des responsabilités et à 18 ans, j’intégrais déjà le Comité central, se rappelle-t-elle. J’ai vécu tellement de moments incroyables, et j’ai gravi les échelons tout naturellement.» Jusqu’à accéder, en début d’année, au sacre suprême: celui de présidente de la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes. Lucie Theurillat est la deuxième femme à accéder à ce poste depuis la création de la «Fédé» en 1919.

«En tant que femme, j’ai le sentiment de devoir prouver un peu plus, faire davantage mes preuves, observe la jeune Vaudoise. Mais cela ne me pose aucun problème: je me suis toujours sentie à ma place, je pense savoir m’imposer quand il le faut.» Ce qui ne l’empêche pas de sans cesse se remettre en question, d’imaginer de nouveaux concepts créatifs, de casser les codes existants. De par son métier d’illustratrice, Lucie Theurillat met un point d’honneur à soigner la communication de la Fédération, notamment sur les réseaux sociaux: «Avec le Covid, c’est vraiment devenu une priorité: c’est par ce biais que nos fédérés restent en contact».

Contrer les ravages de la crise sanitaire

La jeune artiste observe au quotidien les ravages causés par la crise sanitaire et ses restrictions sur la jeunesse. En décembre dernier, un ami et un membre de la Fédération a mis fin à ses jours. Ce fût un véritable choc pour les jeunes de la région.

«On s’en est voulu de ne pas avoir vu sa détresse, de ne rien avoir pu faire. Notre rôle, c’est aussi d’être là si quelqu’un n’est pas bien. La Jeunesse, c’est une école de la vie.»

Sa présidence, Lucie Theurillat met ainsi un point d’honneur à la faire rimer avec prévention et ouverture. Elle se bat au quotidien pour rendre l’organisation ouverte à toutes et tous, tout en luttant contre le sexisme, l’homophobie et le racisme par exemple. «Chacune et chacun y a sa place. Avoir 15 ans (ndlr: l’âge auquel on peut entrer dans une Jeunesse) ce n’est pas évident. Trouver un espace où l’on nous tend la main, où l’on se fait des copains et où l’on peut décompresser est essentiel.»

Alignée avec ses convictions

Après des études d’architecture à Fribourg, la vie professionnelle de Lucie Theurillat a pris un nouveau tournant lors du confinement. Passionnée d’illustrations depuis toujours, elle a décidé de se lancer à son compte, après avoir vu les commandes s’envoler via sa page Instagram. «J’avais commencé par créer un agenda pour mes amis, se souvient-elle. Au final, j’en ai vendu plus de 450!» Ce qui était au départ un petit boulot d’étudiante s’est ainsi transformé en activité à plein temps. «C’est ce qui me fait vibrer, j’adore être indépendante. Je suis complètement alignée avec mes convictions, c’est ce qui me rend heureuse.»

Si elle se force à poser des limites, la jeune femme avoue que son activité de présidente lui prend passablement de temps. «C’est du bénévolat, je ne touche rien pour cela. Mais ça m’apporte tellement! J’adore ce que je fais, vraiment. Et ce poste me permet de développer des compétences que je n’aurais jamais pu acquérir autrement: je gère un budget, une équipe, je dois négocier avec le canton, rencontrer des politiques, etc.» La politique justement, est-ce un domaine qui l’attire pour la suite? «Alors non, absolument pas! Il ne faut jamais dire jamais, mais j’ai des idées monstre larges, je n’arrive pas du tout à me situer dans un parti. Et les théories, franchement, ça va un moment. Je préfère la pratique. À la Fédé, lorsque l’on décide de quelque chose, on essaie directement de le mettre en place, c’est ça qui est génial.»

L’organisation planche notamment sur des idées pour rendre les manifestations plus écologiques, «car on ressent vraiment l’inquiétude des jeunes par rapport au climat, c’est essentiel que l’on s’aligne avec cela.»


L’été de la jeune artiste s’annonce bien chargé: il sera rythmé par les quatre Girons de la saison. Que répond-elle à celles et ceux qui réduisent les Jeunesses à de simples beuveries où l’alcool coule à flot? «Lorsque j’étais plus jeune, ces clichés pouvaient m’énerver. Mais ils sont émis par des personnes qui ne connaissent pas les Jeunesses, qui n’ont jamais vu les infrastructures construites à bout de bras par les jeunes, qui n’ont jamais pris part à une assemblée. Un giron rassemble 30’000 personnes sur 5 jours, c’est énormément de gestion et d’organisation. Nos membres investissent tellement de temps et d’énergie pour mettre en place de multiples projets! Après, tous les clichés véhiculés ne sont pas faux: on aime boire des verres, on ne va pas le cacher. Mais venez voir par vous-même pour vous faire une idée!»

Ce qui la fait vibrer: «J'aimerais inciter les jeunes à vivre de leur passion, à suivre leur cœur, dans l’engagement bénévole ou le privé. La vie est courte, ne perdez pas de temps à faire quelque chose qui ne vous anime pas!»

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