zéro déchet
L'édito de Sonia Arnal: Psychanalyse du sac-poubelle
Le truc du moment, c’est de photographier son sac-poubelle, de le poster sur les réseaux sociaux et de se vanter de ne brandir là que le 4e, le 8e ou le je ne sais combientième de l’année. Moins tu en produis, plus ta gloire est grande, ta sainteté établie urbi et orbi. La poubelle, ou plutôt l’absence de, est désormais un trophée.
Limite si tu ne souhaites pas leur mort – sinon tu arrêterais d’en produire, des poubelles, n’est-ce pas?
La poubelle étendard
Jeune journaliste, on m’a collé plein d’articles sur l’éducation, la psychologie infantile, toute cette sorte de choses. Ça m’est tombé dessus un peu par hasard, un peu par intérêt personnel. De fil en aiguille, j’en suis venue à lire deux ou trois choses sur Freud ou à interroger des spécialistes qui m’en parlaient. Tout ne m’a pas convaincu. Cette idée que les filles ne se remettent jamais de ne pas avoir de pénis? Bof, pas sûre.
Et puis il y a les stades du développement de l’enfant. Je vous passe les détails et j’en viens à mon point: en partant de sa théorie du stade anal, des disciples en sont arrivés à la conclusion qu’il fallait féliciter le tout petit pour le cadeau qu’il nous livre dans son pot, érigé au rang d’œuvre d’art (pas le contenant, donc, le contenu). Pas sûre non plus.
Quel rapport, me direz-vous?
La planète, on peut contribuer à ne pas la polluer sans brandir sa poubelle, sans poser en héros du quotidien. Le rapport, donc: transformer la gestion des déjections personnelles en instrument qui permet d’afficher sa supériorité sur le reste de l’humanité et mérite des félicitations publiques, franchement, je ne suis pas sûre.