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L'édito de Sonia Arnal: la certitude de l’incertitude

Arnal Sonia Edito 19 2

Si je voulais être méchante avec les pauvres de nous qui aimerions tout savoir tout de suite, je citerais Kant, qui estimait l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il était capable de supporter.

© Ludovic Andral

«Les sept manières de porter le pyjama pendant le confinement.» Mesdames, Messieurs, oui, on en est là désormais. Une question parmi mille autres que vous ne vous étiez jamais posée, que vous n’auriez jamais pensé que vous vous poseriez et qu’on vous fait croire que vous vous posez – alors qu’en fait, non. Cette histoire de coronavirus est ainsi faite d’interrogations soulevées pour nous et dont la réponse est soit: «On peut vivre sans» (l’exemple du pyjama), soit: «Il n’y a pas de bonne réponse» (faut-il rouvrir les écoles?).

Non, les enfants de 4 ans ne vont pas respecter les mesures d’hygiène et de distanciation sociale; oui, certains vont sans doute ramener le virus à la maison; donc oui, le corona va encore circuler de très nombreuses semaines (sans blague!), mais en même temps, si on attend six mois de plus, ce sera exactement le même problème, car oui, on sera exactement dans la même situation.

Le fond du problème, c’est l’incertitude. C’est fou ce que les gens la supportent mal.

Si je voulais être méchante avec les pauvres de nous qui aimerions tout savoir tout de suite, je citerais Kant, qui estimait l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il était capable de supporter. Toutes ces questions auxquelles on veut des réponses immédiates et définitives ne font pas de nous de gros malins, pour la faire courte.

Vais-je attraper la maladie, quand pourrai-je revoir mes parents ou mes grands-parents, y aura-t-il une place pour moi chez le coiffeur lundi (ou mardi, mais pas plus tard, hein! c’est une urgence, là), quand retournerai-je au bureau avec les collègues, vais-je pouvoir partir cet été en Grèce/Espagne/Provence/Italie? Ben, on ne sait pas. Et il faut vivre avec.

L'instant T

Je ne suis pas une très grande adepte de la méditation en pleine conscience et de ses injonctions, mais pour une fois, s’en tenir à l’instant présent et jouir de ce qu’il présente de positif me semble une bonne option. On pourra toujours s’inquiéter plus tard (je sais, gouverner c’est prévoir, mais à l’impossible nul n’est tenu, n’est-ce pas).

Sinon, pour changer un peu de perspective, il y a encore et toujours des philosophes, comme Comte-Sponville, qui dit entre autres que la liberté est pour lui plus importante que la santé – une priorité peu populaire en ce moment, ça donne à méditer – et que malgré les progrès de la médecine et l’allongement de la durée de vie, le taux de mortalité qui prévaut chez nous autres humains est toujours de 100%. Ça nous fait au moins une certitude.

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