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L'édito de Sonia Arnal: Démasquée

Arnal Sonia Edito 19 2

Il y a aussi ceux qui doivent se souvenir de leurs années d’apprentissage du roller in-line et portent leur masque comme une coudière.

© Ludovic Andral

Le masque n’est chez moi associé qu’à un sentiment: l’oubli. Je me lève, il est 6 h 30, je suis la première debout, je me dévoue pour aller chercher du pain frais à la boulangerie, je sors en mode radar, arrivée devant le magasin, je réalise quoi? Que j’ai évidemment omis d’emporter le masque obligatoire. Déjà que c’est un miracle que j’aie pensé aux sous et au cornet en papier pour les commis. Comme je n’en peux plus de faire deux fois tous mes trajets – à l’aube, vous avouerez que ça soûle – j’ai décidé de sortir de ma réserve et de faire la manche à la sortie des commerces.

J’explique avec un sourire contrit que «voilà, une fois de plus, je suis partie sans, vous n’en auriez pas un en réserve par hasard?»

Les gens sont très gentils, pour l’instant je n’ai essuyé aucun refus et j’attends que quelqu’un me fasse la même demande pour rendre à l’humanité ce qu’elle m’a donné – mais l’humanité m’a l’air nettement mieux organisée que moi.

Défilé masqué

Ainsi, dans la rue, j’observe les mille et une façons d’accrocher son masque sur soi, histoire d’être prêt à le dégainer à la première nécessité. Le trend majoritaire, c’est de laisser les élastiques sur les oreilles mais de baisser la partie en tissu ou papier sous le menton, façon Barbe-Bleue. Plus original, j’ai vu des gens le porter sur le front, comme on le fait d’ordinaire avec ses lunettes de soleil – une dame a d’ailleurs cumulé les deux, l’une sous l’autre.

Il y a aussi ceux qui doivent se souvenir de leurs années d’apprentissage du roller in-line et le portent comme une coudière.

Ou alors entortillé autour du poignet, mais je ne donne pas cher du produit après quelques heures. Sinon, les adeptes de l’outdoor qui sortent même en ville avec leur sac de montagne l’attachent à un mousqueton, alors que des bourgeoises font avec un nœud à l’anse de leur sac Vuitton, comme naguère elles faisaient avec leur carré Hermès. Mon préféré, vu une seule fois, c’est ce monsieur qui a réussi, je ne sais comment, à enrouler ses élastiques à deux boutons de sa chemise, un tout en haut, l’autre en bas et son motif à fleurs lui faisait comme une jolie cravate.

Evidemment, on oscille entre l’accessoire de mode et l’objet purement symbolique, voire un peu magique («vade retro virus! Au nom des pouvoirs suprêmes conférés par mon masque plus très hygiénique après
une journée suspendu à mon menton, je te repousse et j’ai le droit de monter dans le train»). Mais ces gens plus malins que moi ne se retrouvent pas, eux, constamment pris au dépourvu.

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