Société
L'édito de Géraldine Savary: «Yann Marguet, définition»
Yann Marguet est l’invité de ce numéro de Femina. Et pour rendre à ce Vaudois qui rayonne en Suisse et en Navarre les honneurs qu’il mérite, nous avons organisé une séance photos au château de Chillon, haut lieu de référence nationale et étrangère. Alors Yann Marguet l’humoriste, le petit gars de Sainte-Croix qui voulait être enseignant, serait-il devenu une institution?
Il n’en a pas l’air ce jour-là, à affronter le stratus, l’œil de la photographe, la pose dans des vêtements griffés, dont il adore la singularité. Plutôt timide, il se plie à l’exercice avec une gentillesse inquiète. A priori loin du chroniqueur de Couleur 3 ou de l’émission française Quotidien où il se moque des grands de ce monde, des pensées rances, des bassesses de la nature humaine, loin de l’homme à l’aise sur scène, qui fait salle comble depuis trois ans avec son spectacle Exister, définition et qui revient en Suisse en décembre.
Rire et réfléchir
En réalité, Yann Marguet est fait de tout ça, habité d’une intelligence souple. Il se questionne, il s’interroge, ses doutes nourrissent son travail. Et chose incroyable, il en fait matière à rire, d’un rire tonitruant et franc qui nous fait réfléchir. Il nous dit par exemple que quand des hommes violent des femmes sous sédatifs, quand des hommes se vantent d’attraper des filles par la chatte, ou qu’ils font gnagnagna parce qu’ils se sentent menacés par les critiques, on est tous concernés.
Il rappelle que «dans chacun de nous sommeille un petit tas de fumier plus ou moins puant qui a un jour été un forceur en boîte ou qui a dit je t’aime pour arriver à ses fins». Sa chronique consacrée à l’affaire de Mazan a fait plus de trois millions de vues, récoltée plein de mercis et de félicitations, tous genres confondus.
Dans l’interview qu’il nous a accordée (à lire dans le magazine Femina le 17 novembre 2024 et sur Femina.ch le 18, ndlr), il invite les hommes et la société à ne pas être dans le déni, à se remettre en question et à renoncer aux postures défensives.
Yann Marguet fait du bien. Lui comme beaucoup d’humoristes de sa génération prennent le pari d’évoluer, de changer d’avis, de se réjouir des changements. Ni prélats, ni gourous, ni autorité, ils ouvrent des voies, tracent des chemins, font demi-tour ou s’arrêtent pour boire un coup avec leurs potes et leurs amours. Être un homme, ce n’est pas si compliqué.