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Société

L'édito de Géraldine Savary: «Les enfants face à la violence»

GERALDINE SAVARY EDITO LUC FREY

Une étude vaudoise menée par l’Unité de médecine des violences (UMV) analyse le quotidien des enfants confronté-e-s à de la violence physique dans le couple parental.

© LUC FREY

Il y a toujours un moment dans la journée où on a envie de sauver quelqu’un ou quelque chose. La planète, les sans-abri qui pèlent de froid avec l’hiver qui arrive, son couple, son week-end, son boulot, sa mayo.

La nature humaine est ainsi faite que même quand la situation est désespérée, même quand tous les signaux disent qu’il n’y a plus rien à faire, plus rien à dire, et que grandir c’est renoncer, une petite flamme rebelle et forte brûle en nous, qui chuchote: holà l’espoir! hé les montagnes, je vais vous faire la peau. Il suffit juste d’agir, de s’accrocher, de recommencer.

En Suisse, un enfant sur cinq est exposé à de la violence physique dans le couple parental. Et ces enfants qui vivent dans des foyers habités par la brutalité essaient, tous, même à un âge très précoce, de sauver leurs parents.

Les enfants face à la violence domestique

Une étude, menée par l’Unité de médecine des violences (VD) dont nous publions en primeur les résultats (à lire dès le 25 novembre 2024 sur Femina.ch), analyse leur quotidien, et les conséquences de la violence domestique sur leur croissance et leur épanouissement. Ils essaient de freiner les gifles ou les coups. Ils s’asseyent sur le corps de leur maman pour la protéger d’un conjoint. Ils tentent de détendre l’atmosphère ou de se faire tout petit pour ne pas déranger, de faire de jolis dessins pour gagner un sourire. Ils se font du souci, se sentent coupables et responsables pensant que les disputes naissent à cause d’eux, portent ce fardeau, parfois en silence, parfois en voulant disparaître, par exemple en maigrissant. Ils abandonnent l’école, se méfient du succès, rejettent l’amitié ou l’attention.

Voir des enfants devenir les parents de leurs parents, prendre parfois les coups ou les insultes à la place des adultes est littéralement déchirant. En grandissant, ils continuent de devoir vivre avec ce traumatisme: les agressions dont ils ont été victimes ou témoins se conjuguent à leur sentiment d’impuissance.

Le 25 novembre consacre l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Rappelons qu’exercée dans une famille, elle corrompt ce que l’être humain, même tout petit, a sans doute de plus beau et de plus généreux: l’envie de sauver son prochain.

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