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Canton de Vaud

L'édito de Géraldine Savary: «La police au chevet des violences domestiques»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«Vingt mille fois par année en Suisse, jusqu’à quatre fois par jour dans le canton de Vaud, la police intervient dans des foyers parce qu’à la fin, une femme a appelé les services d’urgence, ou un voisin a signalé des cris, ou entendu le son sourd et répété d’une main qui s’abat.»

© ANOUSH ABRAR

Il faut moins de six mois pour qu’une femme considère qu’elle mérite les violences verbales et physiques dont elle est victime. Au début, elle s’indigne, elle riposte, elle est prête à prendre ses affaires et à retourner habiter chez ses parents. Et puis elle reste, elle se dit que son conjoint va se calmer, normal il est stressé par son travail, et puis avec l’arrivée du bébé, c’est plus compliqué, ses pleurs leur courent sur les nerfs. Après six mois, une victime de violences domestiques ne se pose plus de questions sur ses choix, ses libertés, l’amour qui s’effiloche et qui blesse. Elle se sent coupable de tout, y compris des coups, nulle, moche, inutile, pute, salope, stupide, bonne à rien, elle n’a plus ni la force ni les moyens de partir.

Vingt mille fois par année en Suisse, jusqu’à quatre fois par jour dans le canton de Vaud, la police intervient dans des foyers parce qu’à la fin, une femme a appelé les services d’urgence, ou un voisin a signalé des cris, ou entendu le son sourd et répété d’une main qui s’abat. Pour des policiers ou plus rarement des policières, l’intervention n’est pas si évidente à affronter. Il faut vérifier rapidement qu’il n’y a pas d’armes dans le ménage, calmer l’agresseur, rassurer la victime, s’assurer que les enfants sont en sécurité, pénétrer dans l’espace privé d’une famille, dans leur intimité, leur salle de bains, leur chambre à coucher.

Parfois tout le monde crie, parfois le silence est encore pire, parfois la victime pleure et souffre, parfois elle se tait, enfermée dans ce que les spécialistes appellent l’impuissance acquise, une apparente passivité face à la répétition des agressions.

Portes inconnues

On oublie, dans la chaîne des violences domestiques, le rôle de ces patrouilleurs de nuit et du week-end, qui se retrouvent devant des portes inconnues et qui assistent à des scènes difficiles, humainement traumatisantes; certains sont très jeunes, juste entrés dans l’âge adulte, à peine sortis du foyer familial. Tant mieux donc, que la formation des policières et des policiers en Suisse romande se complète désormais d’un volet consacré aux violences domestiques. Pour savoir comment réagir, quels mots utiliser, comment questionner, accompagner, constater les infractions, faire preuve d’empathie et de rationalité en même temps. Les aspirants se confrontent à des scénarios d’intervention que la réalité sans doute dépassera.

Découvrez le dossier «Les policiers se forment à la violence domestique» dans l'édition magazine du dimanche 23 janvier, et en ligne, lundi 24 janvier 2022.

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