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L'édito de Géraldine Savary: «La cohorte des invisibles»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«L’invisibilité des femmes touche tous les domaines, de la photographie à la science, de l’architecture à la philosophie. Elles étaient pourtant parfois respectées à leur époque, avant que l’égrenoir collectif ne les refoule vers l’oubli. Aujourd’hui, cette cohorte de talents effacés renaît à la vie. Et illumine les nôtres.» - Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Il y a une semaine, je passais quelques jours à Arles. Les Rencontres de la photographie, qui durent de juillet à septembre 2021, battent leur plein. Partout des expositions qui promettent de découvrir de nouveaux talents ou d’en retrouver avec émotion de plus anciens. Au milieu de la ville, sur la grande rue passante, une longue file de visiteurs attend de pouvoir entrer. Ça doit être les conditions sanitaires, me dis-je, passeports, pass pass et compagnie… La photographe au programme n’est pas si connue pour susciter un tel engouement!

En réalité, l’artiste dont on expose actuellement l’œuvre à Arles s’appelle Sabine Weiss. Elle a 97 ans, elle est née et a vécu en Suisse, avant d’être adoubée par Robert Doisneau à Paris, puis happée par Edward Steichen à New York. Elle a photographié des mendiants, des fous, des personnalités célèbres, a travaillé pour Vogue, a parcouru le monde d’un pas tendre.

En 2017, elle fait don de ses archives au Musée de l’Elysée, à Lausanne. Elle est de chez nous. Son travail mériterait d’être aussi connu et reconnu que celui de Doisneau ou de Cartier-Bresson, avec lesquels on l’associe généralement. Je suis sans doute inculte, je fais mon mea culpa, mais j’ignorais la puissance du regard de Sabine Weiss, ma compatriote. Et la Suisse officielle aussi, qui ne l’a jamais ni récompensée, ni honorée (d’un prix ou sur un billet de banque, au hasard).

Renaissance

Sabine Weiss rejoint la longue liste des femmes que l’Histoire a jugées indignes de notre mémoire. Parce qu’elles étaient épouses, parce qu’elles étaient muses, parce que leur beauté a éclipsé leur talent (c’était bien plus commode). En résumé parce qu’elles étaient du mauvais genre.

L’invisibilité des femmes touche tous les domaines, de la photographie à la science, de l’architecture à la philosophie. Elles étaient pourtant parfois respectées à leur époque, avant que l’égrenoir collectif ne les refoule vers l’oubli. Aujourd’hui, cette cohorte de talents effacés renaît à la vie. Et illumine les nôtres.

Comme Laetitia Casta qui nous rappelle, avec la force de celle qui s’est échappé des carcans:

«J’ai toujours refusé d’être traitée comme un objet dans la mode, ce qui ne m’a pas simplifié la vie. (…) J’ai dû porter une voix forte pour en être là où je me trouve aujourd’hui.»

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