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L’édito de Géraldine Savary: «Inceste, de la parole à la loi»

Géraldine Savary rédactrice en chef Femina éditorial

«Libérer la parole ne signifie pas qu’on a pour autant libéré les victimes.»

© ANOUSH ABRAR

Il y a quelque chose de glaçant à suivre l’écho des déflagrations qui secouent la France autour de l’inceste. Camille Kouchner dans son livre Familia Grande accuse son beau-père d’actes sexuels sur son frère jumeau, qui vient de porter plainte; une des filles de l’acteur Richard Berry entame le même chemin alors que ce dernier dément formellement; tout récemment, la première adjointe de Paris, Audrey Pulvar, a confessé en larmes à la radio le sentiment de culpabilité qui l’étreint, éclaboussée qu’elle est par les dénonciations de ses cousines contre son père. Aux lourdes et longues années de silence succède soudain une explosion de paroles.

Et il faut vraiment que l’incendie embrase toute la société pour que vacillent les lâchetés et les complaisances d’un milieu, la honte muette d’une famille qui préfère parfois protéger son unité plutôt qu’un de ses membres, et pour le dire simplement, la puissance d’un patriarcat qui n’en finit plus de se prendre les pieds dans l’usage abusif de sa domination.

«Crimes et délits contre la famille»

Tout ça a pour conséquence qu’on parle de l’inceste. D’autant plus que les maltraitances qui semblaient ne frapper que les plus pauvres et suscitaient une indignation discrète exposent aujourd’hui des élites bien protégées, des personnes habitant les beaux quartiers.

Mais libérer la parole ne signifie pas qu’on a pour autant libéré les victimes.

Un tweet ne constitue pas un réquisitoire, un hashtag ne remplacera jamais une sanction pénale, l’opinion publique n’est ni psy ni procureur, et le risque de passer de la dénonciation à la délation n’est pas exclu. Pour se faire entendre, les victimes ont aussi besoin de confidentialité, de calme, d’écoute professionnelle, de lieux pour se reconstruire. Et de sécurité juridique. En Suisse comme ailleurs, les lois doivent mieux qu’actuellement protéger les victimes de violences visant leur intégrité physique. Celles qui définissent la notion du consentement dans le cas d’agressions sexuelles, actuellement discutées au Parlement, mais aussi celles qui traitent de l’inceste. L’article 213 du Code pénal le classe sous la catégorie «crimes et délits contre la famille». Peut-être serait-il temps d’évoquer les enfants?

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