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Bûcher des fausses blondes

L'édito de Géraldine Savary: «Humaines, après tout»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«On a longtemps refusé de voir que derrière ces blondes un peu trop blondes, un peu trop rondes, un peu trop souriantes, il y avait des jeunes filles à l’enfance meurtrie, vulnérables, hypersexualisées par l’industrie du spectacle, victimes consentantes de leur maltraitance.»

© ANOUSH ABRAR

Je suis sûre que vous vous en souvenez. Le 16 février 2007, on a soudain vu la star de la chanson, Britney Spears, débouler dans un salon de coiffure, se saisir d’une tondeuse et raser sa chevelure devant le monde entier. Plus tard, elle a justifié son acte en disant: «Je ne voulais plus qu’on touche à mes cheveux.» Pendant deux ans, elle est restée cloîtrée chez elle et, depuis, elle avance à tâtons dans la vie, prisonnière de son rôle, de son entourage, de son image, comme le raconte Alexandre Lanz dans l’article intitulé Le bûcher des fausses blondes (paru dans le magazine ce 7 mars et à paraître sur Femina.ch le 9 mars 2021). Et nous, qu’avons-nous fait à l’époque? On a ri, on s’est moqué, on s’est dit que ces baby-dolls étaient complètement toquées. Normal, ça se passait en Amérique.

On a longtemps refusé de voir que derrière ces blondes un peu trop blondes, un peu trop rondes, un peu trop souriantes, il y avait des jeunes filles à l’enfance meurtrie, vulnérables, hypersexualisées par l’industrie du spectacle, victimes consentantes de leur maltraitance. Le symbole d’une femme qui se rase entièrement les cheveux sous nos yeux aurait pourtant dû nous rappeler quelques souvenirs.

Framing Britney Spears*

Britney Spears fait aujourd’hui l’objet d’un documentaire* produit par le New York Times, un mouvement s’est créé pour la libérer de la tutelle de son père. On assiste à une forme de réhabilitation de la chanteuse, qui sonne comme des excuses pour le voyeurisme qu’on lui a témoigné. Pendant ce temps, elle continue de poster sur son Instagram des images où elle danse en sous-vêtements dans son salon, les yeux hagards.

Qu’on aime ou qu’on déteste «ces ravissantes idiotes», les Marilyn, les Britney ou, dans une moindre mesure, Loana, qui fait actuellement l’objet d’un livre (Sexisme Story, Loana Petrucciani, de Paul Sanfourche, au Seuil) habitent notre imaginaire. Elles nous ont fait rêver, elles nous ont choquées, on a parfois voulu leur ressembler, on les a méprisées. Leurs tentatives de suicide, leur vie amoureuse, leurs échecs, leurs excès, leur corps, leur sexualité, leur mort, tout a été collectivisé, recraché, rentabilisé. On pourrait peut-être aussi se dire qu’elles sont humaines, après tout.

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