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L'édito de Géraldine Savary: «Frida Kahlo, sa vie volée»

Géraldine Savary rédactrice en chef Femina éditorial

«La famille de Frida se bat sans succès contre la commercialisation abusive de l’image de l’artiste, détenue par un homme d’affaires vénézuélien dont la société Frida Kahlo Corporation est basée dans un paradis fiscal.» – Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Frida Kahlo est une des artistes les plus connues au monde. Elle qui a peint dans son lit, percluse de douleur, le bassin brisé, les rêves enterrés, incarne la liberté pour celles et ceux qui aspirent à dompter leur destin. Sa peinture raconte sa vie, et sa vie la nôtre. Dans ses toiles, les oiseaux pleurent, les fleurs s’épanouissent en corolles de chair, les êtres humains communiquent avec la nature, et de petits singes nous regardent, semblant nous dire: «Cette femme avec ses tresses et ses sourcils est quelqu’un de bien.»

Des tristes accidents du hasard et de l’amour, elle a fait un hymne à la liberté. Pas étonnant qu’aujourd’hui elle nous fascine encore et qu’une grande exposition immersive lui soit consacrée. Dès le 17 décembre 2022, «Viva Frida Kahlo» débarque à Lausanne, dans les halles d’exposition de Beaulieu, après avoir séjourné à Zurich, nous permettant de nous plonger dans l’œuvre de l’artiste et de suivre son parcours fracassé et engagé.

Mais la fascination qu’elle suscite a son revers. Le merchandising de son image est partout. Mugs, chaussettes, bijoux, coussins, sacs, l’image de Frida Kahlo est déclinée à l’infini des horreurs mercantiles. Sa haie de sourcils est atténuée, sa peau éclaircie, son engagement politique en faveur des peuples laborieux est tu. Dernier acte de récupération: la société chinoise Shein vient de lancer une collection «hommage à Kahlo», où l’on voit des mannequins prendre des poses, habillées en costumes mexicains.

Bataille sans fin

L’entreprise de fast fashion cartonne sur TikTok, pousse aux achats compulsifs, et impose des conditions de travail iniques, dénoncées par toutes les organisations de protection des salariés et de l’environnement. Ce n’est pas un hommage mais un outrage absolu à celle qui fut la défenseuse obstinée des plus faibles. La famille de Frida se bat sans succès contre la commercialisation abusive de l’image de l’artiste, détenue par un homme d’affaires vénézuélien dont la société Frida Kahlo Corporation est basée dans un paradis fiscal.

Cette bataille fait écho à celle que mène actuellement le graffeur Banksy contre Guess. La marque de jeans a utilisé sans son accord des dessins pour une nouvelle collection de vêtements, en collaboration avec Brandalised, une société qui crée des produits dérivés à partir de graffitis. Ces exploitations abusives sont honteuses, contraires à l’esprit des œuvres et des artistes pillés. Shein on you.

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