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Société

L'édito de Géraldine Savary: «Économiser sur le dos des enfants»

L'édito de Géraldine Savary

«Avec la proposition d’économies du Conseil fédéral, tombe tout ce qui a été construit pas après pas: non seulement une aide bienvenue pour les familles, mais un modèle de société.» - Géraldine Savary

© ELSA GUILLET

Un enfant coûte entre 1300 et 1800 francs par mois. Si l’on part du principe qu’il ne va pas nous lâcher avant ses vingt ans pour aller faire tourner des ballons sur son front dans un cirque aux États-Unis, le montant s’élèvera à 370 000 francs. L’assureur Swiss Life, qui a publié ses chiffres sur la base de ceux de la Direction de l’éducation du canton de Zurich, ajoute des coûts indirects à cette facture de l’amour: par exemple le fait de travailler à temps partiel, ce qui a un impact sur le pouvoir d’achat de la famille, sur le deuxième pilier, sur l’évolution de la carrière.

Bref, économiquement, avoir un enfant est une vraie tuile. En particulier pour les femmes qui mettent parfois leur activité professionnelle en parenthèse au moment de devenir mère. Pour celles et ceux qui optent pour une solution de garde, la place en crèche coûte en moyenne 130 francs par jour et par enfant, 2600 francs sur une base de vingt jours par mois.

Hérésie législative

Ces chiffres sont connus, et vécus. Hé bien, pas par le Conseil fédéral qui a proposé, fin septembre 2024, d’abandonner la contribution fédérale à l’accueil extrafamilial des enfants, dans le cadre d’un vaste programme d’économies. Rappelons que cette subvention a été conquise de haute lutte. En 2003, une première enveloppe est votée, conditionnée au fait que la contribution fédérale doit donner une unique impulsion. Comme il continue d’y avoir des enfants qui naissent et qui coûtent et des parents qui triment, tous les quatre ans depuis vingt ans, le Parlement vote entre 120 et 160 millions pour du provisoire qui dure. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, disent les partisans d’une aide publique en faveur des familles, une hérésie législative, répondent celles et ceux qui souhaitent refiler les bébés et l’eau du bain aux communes et aux cantons. Cahin-caha, en juin 2024, on n’était pas loin d’une pérennisation de la subvention, et surtout d’un consensus autour de la place des femmes sur le marché du travail. Quand le pays manque de main-d’œuvre, est-ce vraiment malin de se priver de personnes formées et compétentes?

Avec la proposition d’économies du Conseil fédéral, tombe tout ce qui a été construit pas après pas: non seulement une aide bienvenue pour les familles, mais un modèle de société. Vingt ans de passé, et tout est à recommencer.

Retrouvez cet édito dans le magazine Femina du 29 septembre 2024, encarté dans Le Matin Dimanche.


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