Précarité menstruelle
Le Jura, premier canton à distribuer gratuitement des protections hygiéniques
Par 40 voix contre 11, le Parlement jurassien a accepté ce 31 mars 2021 une motion instaurant la gratuité des protections hygiéniques dans les écoles du canton. «Les règles ont été jusqu’ici un sujet tabou et cela ne doit plus l’être, a insisté Raoul Jaeggi (Parti vert’libéral), l’élu et père de deux adolescentes à l’origine de cette nouvelle loi. Si techniquement je ne suis pas concerné, éthiquement je le suis, comme l’est chacun de nous.»
Le combat n’était pas gagné d’avance pour le député jurassien qui se battait pour mettre ainsi fin à une discrimination financière. Le gouvernement, pour sa part, souhaitait étudier les coûts d’un tel projet avant de le valider. Mais lors du vote, la gauche a fait pencher la balance en soutenant en bloc cette motion inédite.
Un «non» retentissant en Valais et à Berne
Le Jura fait ainsi œuvre de pionnier en Suisse. Deux projets similaires avaient été défendus en 2020 dans le canton de Berne et dans celui du Valais, mais tous deux ont été refusés. La ville de Delémont avait déjà franchi le pas en acceptant la mise à disposition gratuite de protections périodiques, tout comme la commune de Tavannes (Jura bernois). Le Conseil d'Etat procédera à une évaluation du projet dans le canton de Vaud, suite à la demande de la députée Muriel Thalmann (PS). A Neuchâtel, deux propositions (cantonale et communale) sont portées par les Jeunes Verts.
Dans le canton de Genève, les élus du Grand Saconnex ont validé une proposition visant à offrir des protections gratuites dans les écoles, ainsi que dans les locaux de l’administration communale. Mais, comme le souligne Le Matin, un projet similaire a été écarté à Plan-les-Ouates. Le parlement cantonal avait également dit «non» en 2019.
Du côté de Fribourg, la question devra être étudiée prochainement, puisqu’un postulat signé par plusieurs Verts a été accepté en janvier 2021. Il s’agira désormais d’«étudier la possibilité de mettre à disposition et en libre accès des protections hygiéniques dans les écoles, les institutions publiques et sportives, ainsi qu’au sein de l’administration communale». Comme l’explique La Liberté, le postulat n’a pas fait l’unanimité: le PLR a posé la question de la pollution engendrée par les protections menstruelles: «celle-ci ne va-t-elle pas se retourner contre les jeunes femmes que l’on voulait aider?», se sont interrogés les politiciens de droite. Une remarque qui a exaspéré le socialiste Marc Vonlanthen: «Celui-ci s’est dit choqué que l’on fasse peser sur les femmes le poids de la pollution entraînée par ces protections nécessaires», conclut le quotidien fribourgeois.