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Le grand bain

Jean-Philippe Jel: nageur hors normes

Jean philippe jel nageur

Sportif accompli, Jean-Philippe Jel pratiquait souvent le crawl avant de troquer les longueurs de bassin pour le pince-nez et le barracuda, tête sous l’eau et jambes pointées vers le ciel. «Quand j’ai commencé, j’étais raide comme un Playmobil», admet le Vaudois d’adoption. Aujourd’hui, il est à quelques centimètres du grand écart.

© Yves Leresche

Ce qu’il aime, c’est virevolter dans l’eau. Parmi ses camarades de bassin, des filles, uniquement des filles. Seul homme licencié de natation synchronisée en Suisse, Jean-Philippe Jel ne craint pas les regards interrogateurs, goguenards ou méfiants. Il fait ce qui lui plaît. Point barre. Le foot? Ce père de famille et ancien militaire français installé à La Tour-de-Peilz (VD) s’en tamponne. Les figures aquatiques, par contre, l’ont rendu accro depuis qu’il est resté fasciné devant la performance des nageuses espagnoles aux Jeux olympiques de Rio, en 2016. «Leurs ballets sont tellement expressifs, s’enthousiasme-t-il, beaucoup plus que ceux des Russes. Avec leur perfection mécanique, on dirait qu’elles vont au travail.»

En rose et noir

Jean-Philippe Jel a l’œil critique, il observe, admire, mais surtout, il pratique. Presque tous les jours. Pour les compétitions, il enfile son maillot de gala, rose. Une couleur prisée dans sa discipline parce qu’elle se voit de loin. Son costume est peut-être moins flamboyant, «moins lourd aussi», que celui de ses consœurs, il est tout de même orné de sequins et de paillettes. «Pour accrocher la lumière, avec un peu de noir pour le côté masculin», précise-t-il, ravi. «Pendant 35 ans je me suis habillé uniquement en bleu, gris, vert et noir.»

«On peut faire autrement sans avoir peur du regard des autres»

Rester dans les clous, ne pas sortir de la norme, il a été élevé comme ça, dans une famille où l’autorité du père ne supportait pas la contestation. Mais Jean-Philippe Jel aime fureter aux marges. Côté musique, il adore le death metal. Un genre qu’il s’amuse à faire entrer dans le monde de la natation synchronisée, habitué à des refrains plus veloutés. En juin, aux championnats suisses des Master Open, il réalise sa prestation en solo sur The Violation, du groupe Fleshgod Apocalypse. «Ma note artistique était pas mal et le public enthousiaste», assure-t-il.

Insolite, son parcours fait forcément penser au film Le grand bain, sorti l’an dernier, véritable carton au box-office, mais qui le laisse plutôt tiède: «C’est une bonne comédie, avec d’excellents acteurs et une approche de la natation synchronisée pas mal du tout, mais il me semble réducteur de montrer des types qui se lancent là-dedans parce que ce sont des losers.»

Sportif accompli, Jean-Philippe Jel pratiquait souvent le crawl avant de troquer les longueurs de bassin pour le pince-nez et le barracuda, cette redoutable figure qui impose au corps une position verticale, tête sous l’eau et jambes pointées vers le ciel. «Quand j’ai commencé, j’étais raide comme un Playmobil», admet le Vaudois d’adoption. Aujourd’hui, il est à quelques centimètres du grand écart. Ce qui lui plaît dans ce sport, c’est la pureté du geste, mais aussi la solidarité entre les adeptes. «Je me considère comme une nageuse», déclare-t-il avec un certain goût de la provocation. «Je voudrais surtout que ce sport méconnu et mal connu s’ouvre à tous. Moi, je n’essaie pas d’imiter les filles, je nage à ma façon.»

Remous autour du bassin

Il a l’air décontracté, Jean-Philippe Jel, mais pénétrer dans le monde des nymphes ne s’est pas fait sans remous. A ses débuts, au club de natation de Montreux, il a essuyé quelques coups d’œil de travers.

«On a dit de moi que j’étais malade, gay, pervers, toutes sortes de choses, mais jamais en face…»

Atypique, et alors?, semble professer Jean-Philippe Jel. Lui qui a repris l’an dernier des études de médecine n’en est pas à un défi près. Et puis, la rigueur de la natation synchronisée n’est pas sans rappeler la discipline militaire à laquelle il s’est plié durant huit ans, notamment au sein de l’armée en Afghanistan. «J’avais besoin de pousser le côté viril à fond, je l’ai fait, et je ne m’y suis pas retrouvé».

Pourquoi lui?

Parce qu’il sait qu’il est devenu «le mec qui fait de la synchro» et qu’il le prend avec le sourire. Mieux, il aimerait faire des émules dans les bassins.

Jean-Philippe en trois chiffres:

  • 1977 Naissance à Amiens, en France. Il grandit près d’Abbeville.
  • 2011 Installation en Suisse en compagnie de sa femme d’alors et de son fils.
  • 2016 Déclic devant les nageuses espagnoles aux JO de Rio: il prend des cours privés de natation synchronisée, puis s’inscrit dans un club.

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