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Géraldine Savary: «JO, le combat des femmes pour l'égalité»
Depuis 1896, les Jeux olympiques ont traversé les crises, les guerres et les tempêtes. Leur longévité rend de facto hommage à la belle idée universaliste d’un de ses fondateurs, Pierre de Coubertin. Pour le reste, l’Histoire s’est amusée à lui donner tort. Alors que l’aristocrate français souhaitait que ces joutes sportives restent en dehors du champ politique, le rendez-vous olympique fut dès le début le théâtre d’enjeux stratégiques nationaux et internationaux.
Pour les régimes totalitaires ou démocratiques qui utilisent les stades comme vitrines de leur hégémonie, mais aussi pour celles et ceux qui portent une cause sur leur drapeau: en 1936, à Berlin, le médaillé coréen Sohn Kee-Chung dissimule son maillot en protestation contre l’occupation japonaise; à Mexico, en 1968, les Américains Tommie Smith et John Carlos, soutenus par l’australien Peter Norman, brandissent un poing levé dans un gant noir contre la ségrégation; à Rio en 2016, l’Éthiopien Feysia Lilesa franchit la ligne d’arrivée les bras croisés en symbole de l’oppression dans son pays.
Nul doute qu’à Paris, le 26 juillet 2024, les gradins vont aussi se remplir de rois déchus, de figures triomphantes, de conflits larvés ou de ballets diplomatiques. Avec ce paradoxe que même pendant la guerre froide, les athlètes de blocs opposés se sont affrontés, mais dans les vestiaires ils se parlaient, se respectaient; certains se sont même mariés!
L'engagement des athlètes féminines
Pierre de Coubertin éteindrait peut-être la flamme qu’il a allumée il y a près de cent trente ans s’il comptait le nombre de sportives qui participent à l’édition 2024. Lui qui considérait que «le seul véritable héros olympique, je l’ai dit, c’est l’adulte mâle individuel», s’étranglerait dans sa moustache de voir que les JO de Paris atteignent la parité.
Ce succès ne doit rien au hasard, ni à la volonté du monde du sport de changer par lui-même. Les athlètes féminines ont payé de leur engagement, de leur corps et parfois de leur vie leur droit à figurer sur les lignes de départ. Exclues, moquées, parfois obligées de fuir leur pays à la suite d’une victoire, elles se sont battues non seulement pour gagner leur place sur un podium mais au sein des fédérations sportives.
Tout autant que les performances et les records, les Jeux olympiques racontent aussi ces incroyables destins d’hommes et de femmes qui, venus de presque nulle part, ont fait avancer l’Histoire.
Retrouvez cet édito dans le magazine Femina du 23 juin 2024.