Femina Logo

urgence climatique

Été: Pourquoi la météo est de plus en plus imprévisible

La météo estivale est de plus en plus extrême

L’été semble devenir un pourvoyeur de stress pour les êtres humains comme pour la nature, un paradis de plus en plus incertain.

© GETTY IMAGES/JOHN CRUX

Au Mexique, la chaleur est telle que les singes hurleurs tombent des arbres. Au Royaume-Uni, les autochtones se préparent avec humour et résignation à passer cinquante jours sous la pluie durant l’été. L’Afrique de l’Ouest souffre de très grandes canicules, à l’est, des trombes d’eau dévastent tout. En Suisse, le peuple de la pluie attend l’arrivée des beaux jours. En vain?

Depuis la fin des années 2010, la période estivale ne joue plus toujours ce rôle traditionnel d’éden tranquille: canicules extrêmes, orages démentiels, petites moussons, sécheresses à faire se craqueler tout le paysage… L’été semble devenir un pourvoyeur de stress pour les êtres humains comme pour la nature, un paradis de plus en plus imprévisible.

La raison? Le changement climatique, évidemment. Et la mécanique en train de détraquer la saison est déjà bien identifiée. «On mesure un moins grand écart de température entre les pôles et les tropiques que dans le passé, indique Isabelle Fath, météorologue chez MétéoSuisse. Cela a pour conséquence de ralentir le jet-stream, ce courant d’altitude parcourant l’Atlantique d’ouest en est. En perdant ainsi de la vitesse, il tend à faire des méandres en se rapprochant de l’Europe, des zones qui créent des situations bloquées.»

Réserver à l'avance ou booker au dernier moment?

Voilà pourquoi les habitants européens se retrouvent de plus en plus souvent pris en otage d’épisodes extrêmes qui durent: dômes de chaleur stationnant pendant des semaines, dépressions qui ne veulent plus partir et font oublier à quoi ressemble le soleil, voire gouttes froides faisant dégringoler les températures de saison quand on attendait un mercure généreux. En clair, l’été fonctionne de plus en plus façon patchwork.

«C’est vrai, on peut moins compter désormais sur le temps stéréotypé d’une saison donnée, reconnaît Isabelle Fath. On fait face à davantage d’incertitudes sur ce à quoi peut ressembler le climat estival.

Il sera donc peut-être plus difficile de réserver six mois à l’avance comme on le faisait classiquement dans le passé. Pour être sûr de partir dans une période propice, on sera tenté de «booker» un peu au dernier moment, quelques semaines avant le départ, pour viser une fenêtre favorable.»

Histoire de complexifier encore l’équation, les lieux, eux aussi, sont devenus plus imprévisibles. Mettre le cap vers les pays nordiques pour s’épargner les mercures torrides? La formule ne marche plus tant que ça, comme le souligne la spécialiste de MétéoSuisse: «Ces dernières semaines, c’est un temps presque caniculaire complètement anormal qui a régné en Scandinavie à cause, justement, de l’une de ces situations bloquées dues au jet-stream qui piétine. Mais les régions du Nord présentent quand même, globalement, des températures plus douces en été.» Pas comme dans les pays du Sud, de plus en plus théâtres de dômes de chaleur à la limite du supportable.

L’Europe se réchauffe plus vite

Il y a quelques jours, Grèce et Turquie étaient en train de flirter avec les 40 degrés de manière précoce, tandis qu’en Égypte le thermomètre a dépassé les 50 degrés, un record absolu pour un mois de juin. Comme le rappelait un récent rapport de l’Organisation météorologique mondiale et de Copernicus, le service européen de surveillance de la Terre, le continent se réchauffe inexorablement, plus vite que les autres régions du globe, et même si mai a semblé particulièrement pourri et frais, les onze derniers mois n’ont fait qu’enregistrer des records de chaleur.

«Parfois, en effet, des dépressions bloquées peuvent aussi épisodiquement donner du temps maussade et des conditions très supportables dans les pays méditerranéens, précise Isabelle Fath. Mais on voit déjà les dommages de ce réchauffement global sur le secteur touristique, avec des réservations en baisse pour la Grèce durant l’été.» La saison estivale 2024 sera-t-elle, elle aussi, anormalement chaude et rythmée d’épisodes extrêmes?

Selon la spécialiste de MétéoSuisse, il est encore difficile de proposer un profil précis. Car contrairement au sentiment qu’on peut avoir en regardant défiler les records de températures, tous les étés récents ne se ressemblent pas forcément en Suisse, avec une saison 2021 «parmi les plus arrosées historiquement», et des années 2019, 2022 et 2023 «chaudes et peu humides». Ce qui est flagrant, c’est «que les épisodes de pluie sont en moyenne plus courts qu’auparavant mais plus violents», relève Isabelle Fath.

La canicule a priori repoussée

À moyen terme, les modèles s’accordent pour l’instant autour d’une séquence plus fraîche et plus humide que la normale jusqu’au 23-25 juin environ, un retour à l’instabilité dû au décrochage polaire venu des régions nordiques, et qui repousse l’installation d’un temps estival durable. À quand, alors, le vrai début de l’été? «Avec les abondantes pluies de ces dernières semaines, les sols sont gorgés d’eau et la neige est encore présente en montagne, observe la météorologue.

L’évaporation de cette humidité va prendre du temps et va consommer de l’énergie, ce qui devrait abaisser les températures jusqu’à mi-juillet environ. La probabilité d’une canicule d’ici là est donc assez faible.»

Quoi qu’il en soit, l’été 2024 a quand même de fortes chances de subir des périodes de chaleur à un moment ou un autre. Plusieurs instituts de météo européens envisagent d’ailleurs une saison plus chaude que la moyenne au moins dans les régions méditerranéennes. Le bon côté dans tout ce tableau assez pessimiste, si l’on arrive à en distinguer un, c’est que l’été a de plus en plus tendance à s’étirer jusqu’à déborder sur l’automne, avec des gels survenant plus tard. Plus d’étés indiens, en somme. Septembre, voire octobre, ne serait-ce pas la nouvelle belle saison?

Nicolas vous suggère de lire aussi:

Notre Mission

Un concentré de coups de cœur, d'actualités féminines et d'idées inspirantes pour accompagner et informer les Romandes au quotidien.

Icon Newsletter

Newsletter

Vous êtes à un clic de recevoir nos sélections d'articles Femina

Merci de votre inscription

Ups, l'inscription n'a pas fonctionné