Présidentielle américaine
États-Unis: «Le pays n'est pas prêt à élire une femme»
Elle avait le rire contagieux, la démarche conquérante, la poignée de main généreuse. Pendant trois mois, Kamala Harris a réussi à lever l’espoir, à insuffler une certaine confiance dans l’exercice démocratique et dans la politique.
Plus rare, cette femme est partie en campagne en montrant qu’elle y prenait du plaisir, elle mettait de la joie dans ce monde sinistré, elle croisait le fer avec l’air bravache de celle qui n’a peur de rien et qui prédit: vous avez eu tort de me sous-estimer.
Elle n’a joué ni sur ses origines, ni sur son genre, mais a tenté de rassembler, d’unir, de montrer qu’elle respectait les gens; de leur dire qu’ils avaient certes des devoirs mais aussi des droits. Le droit de disposer de son corps, d’avoir un travail, un logement, un itinéraire parfois compliqué, de vivre dans un environnement naturel protégé des intérêts particuliers.
Piégée entre deux hommes
Elle n’a pas fait tout juste, bien sûr. Pas assez parlé de l’inflation ou du pouvoir d’achat des Américaines et des Américains. Aurait-elle été élue pour autant? On peut en douter.
Kamala Harris s’est retrouvée piégée entre l’orgueil du président trop longtemps candidat, Joe Biden, et la violence outrageante de son adversaire, entre deux figures masculines aveuglées par leur propre importance. Elle aurait critiqué le bilan de son prédécesseur qu’on l’aurait accusée de traîtrise, elle aurait surenchéri aux attaques de Trump et on lui aurait reproché de perdre les nerfs.
Le chemin était étroit, le vent froid de l’Histoire a à nouveau balayé les ambitions d’une femme à occuper la fonction présidentielle. Les États-Unis, et le monde, ne sont manifestement pas prêts à voir des femmes accéder aux plus hautes responsabilités.
Après Hillary Clinton, Kamala Harris chute devant la dernière marche. Cette défaite est aussi la nôtre, elle atteint les générations futures pour qui une telle personnalité à la tête de l’Amérique aurait servi de repère. Aux femmes ici, ailleurs, de continuer à porter la flamme. Parce qu’on sait désormais que personne ne le fera en leur nom.
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