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En matière d'environnement, le livre se met à la page
"On a beaucoup entendu dire que le numérique allait tout régler et qu'on n'allait plus avoir besoin de couper des arbres pour fabriquer des livres", glisse Ronald Blunden, directeur développement durable du Groupe Hachette Livre. "Le match est en cours", assure-t-il, alors que les liseuses numériques ont fait une apparition remarquée au Salon du Livre 2012 qui s'est conclu lundi.
Même immatérielle, la lecture numérique engendre un impact non négligeable sur l'environnement: utilisation de terres rares (minerais très demandés) et de plastiques, consommation importante d'énergie pour alimenter les serveurs informatiques et recharger ces appareils. Dès lors, le bon vieil imprimé, avec ses impacts "physiques", espère montrer qu'il a aussi quelques avantages en affichant ses performances en la matière. Chez Hachette, une nouvelle mention va faire son apparition à partir d'avril sur une grande majorité des livres, avec le niveau de CO2 de chaque ouvrage.
En France, un livre de 400 g "pèserait" 1,3 kg d'équivalent CO2, selon les études commandées par l'éditeur. Aux Etats-Unis, selon l'organisation américaine Green Press Initiative, il "pèserait" en revanche au moins 4 kg. Plusieurs raisons à cette différence: des distances plus longues pour le transport, l'importance du charbon dans la production électrique américaine et l'existence outre-Atlantique de "premières éditions" cartonnées et reliées. A titre de comparaison, un iPad génère durant toute son cycle de vie, de sa fabrication à son recylage, 130 kg eqCo2, selon les données d'Apple.
Chez Editis, autre groupe d'édition français, on teste actuellement un affichage environnemental plus ambitieux chiffrant aussi l'impact de certains livres sur les ressources non renouvelables et en termes de pollution atmsophérique.
Papier recyclé, vertueux mais rare
"L'idée, c'est effectivement de pouvoir s'y retrouver par rapport au livre numérique, mais nous en sommes encore à la création des outils", précise Jean-Marc Lebreton, directeur de fabrication de Sejer-Editis. Selon une analyse du cycle de vie (AVC) réalisée par l'éditeur Terre vivante, "plus de 70% des impacts du livre sur l'environnement sont dus à la fabrication du papier et de la pâte à papier", par l'utilisation de bois et de ressources minérales (kaolin, carbonates de calcium) pour blanchir et renforcer le papier.
Le recours à du bois certifié FSC ou PEFC, des mentions assurant qu'il est issu d'une forêt gérée de façon durable, permet de réduire notablement cet impact, selon cette analyse. Plus vertueux encore est le papier recyclé, qui émet moins de CO2 et consomme moins d'eau, mais qui a deux inconvénients majeurs pour les éditeurs: il est cher en raison de sa rareté en France et il est parfois délicat à utiliser dans certains cas, comme les livres comportant des photos couleurs.
Chez Hachette, par exemple, si 80% des livres vendus sont imprimés sur papier certifié, moins de 5% le sont sur papier recyclé, selon M. Blunden. Chez les "petits" éditeurs, aussi, on ne néglige plus cet impact, confirme pour sa part Jean-Luc Ferrante, directeur des éditions La Plage et membre des éditeurs "écolo-compatibles", une association d'une quinzaine de membres.
"Une petite maison peut parfois s'inquiéter, mais cela ne pose pas de problème", assure cet éditeur sétois, vice-président de la commission environnement du Syndicat national de l'édition (SNE), qui priviligie lui-même le papier recyclé ou certifié et a poussé son imprimeur, choisi à proximité, à "verdir" également ses pratiques.
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