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Édito: «Des horaires flexibles plutôt que des autoroutes»

GERALDINE SAVARY EDITO LUC FREY

«La Suisse a besoin de ces salarié-e-s qui se lèvent aux aurores pour tenter d’arriver à l’heure au boulot. Tournons donc notre regard vers le monde de l’économie: ne serait-ce pas de celles et de ceux qui nous poussent à nous bouger que devraient venir les solutions?»

© LUC FREY

Lundi 24 novembre 2024, au lendemain du vote concernant les tronçons autoroutiers, je me suis retrouvée coincée pendant deux heures dans un immense bouchon qui s’étirait du Chablais à Vevey. Le même jour, en fin de journée, le train qui part de Lausanne pour Berne et qui prend désormais une heure douze pour transporter les passagères et passagers avait près de dix minutes de retard, quinze à l’arrivée. Au retour, alors que dans la nuit, nous rêvions de retrouver la chaleur de nos lits, il s’est arrêté en rase campagne, pour une durée indéterminée.

J’imagine que je suis loin d’être la seule à regretter d’avoir franchi le seuil de ma maison pour vaquer à différentes activités, par exemple travailler. Comme si l’histoire de la flèche de Zénon d’Élée trouvait réalité: toute distance s’exprime en fractions. À force de la diviser, on reste éternellement figé-e.

Misons sur des horaires flexibles au travail

Oui, nous avons un problème de mobilité. Le peuple – et dans ce cas, en particulier l’électorat féminin – est pragmatique et pas idiot. Il a bien compris que ce n’est pas avec quelques aménagements autoroutiers par-ci par-là que le déplacement des êtres humains va s’améliorer. 83% de la population suisse sort de chez elle au moins une fois par jour et avale environ 30 kilomètres. Notre pays compte 3,6 ​millions de pendulaires, dont la moitié utilise sa voiture, 30% les transports publics, le reste ses pieds ou son vélo.

Est-ce la faute des étrangères et étrangers? Et pourquoi pas les femmes alors, qui depuis ces dernières années ont investi le monde du travail, et qui passent du domicile à la garderie ou à l’école et à leur lieu d’activité professionnelle? Une de moins dans sa cuisine, ça fait une de plus (de trop) dans les trains?

L’argument est trop facile et surtout inutile. La Suisse a besoin de ces salarié-e-s qui se lèvent aux aurores pour tenter d’arriver à l’heure au boulot. Tournons donc notre regard vers le monde de l’économie: ne serait-ce pas de celles et de ceux qui nous poussent à nous bouger que devraient venir les solutions? Non pas en multipliant le télétravail, mais plutôt en aménageant des horaires flexibles ou en réduisant la durée hebdomadaire du travail. De l’échec de dimanche 24 novembre, et en sortant un peu des sentiers battus, peuvent naître de belles et larges réflexions!

En attendant, c’est bientôt les Fêtes, l’heure de choisir des offrandes aux personnes aimées. Parce que le transport le plus simple, c’est encore les gestes de l’amour: de main à main.

Cet édito est à découvrir dans le magazine Femina du dimanche 1er décembre 2024.


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