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Ecosse: près de 3000 sorcières exécutées vont être graciées

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Des sorcières en action lors d'une manifestation à Paris pour le droit à l'avortement en 2017.

© Getty Images

Les militantes du collectif Witches of Scotland (les sorcières d’Ecosse) ont réussi leur pari après deux ans de bataille: grâce à elles, le Parlement a pris la décision de soutenir une loi visant à gracier les 3873 victimes d’actes en lien avec des forces supposées occultes. Entre 1563 et 1736, ces personnes (dont 84% de femmes) ont été torturées, étranglées ou brûlées vives.

Soutenu par la Première ministre Nicola Sturgeon, le projet de loi devrait être entériné cet été. Il reconnaîtra officiellement le rôle des autorités publiques dans la répression des actes de «sorcellerie».

«Il est juste que ce tort soit réparé, que ces personnes qui ont été criminalisées, pour la majorité des femmes, soient pardonnées. Ce sujet reste d’actualité: réparer ces injustices peut avoir un impact sur la remise en question des comportements sexistes et patriarcaux dont soufre notre société aujourd’hui.»

Natalie Don

Députée au Parlement écossais, interrogée par le Sunday Times

Interviewée par le Sunday Times, Claire Mitchell, avocate et co-fondatrice du groupe Witches of Scotland, a rappelé le triste record écossais: «Par habitant, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, l’Ecosse a exécuté cinq fois plus de personnes qu’ailleurs en Europe. En comparaison, à Salem, seules 19 personnes ont été assassinées sur les 300 accusées». Aux Etats-Unis, la Chambre des représentants du Massachusetts a par ailleurs déjà effectué ce travail de mémoire et innocenté les victimes du procès de Salem en 2001.

Un lieu de mémoire pour ne surtout pas oublier

Si elle se montre satisfaite des avancées, la militante écossaise ne compte toutefois pas se contenter uniquement de grâces postum. Claire Mitchell se bat désormais pour qu’un monument dédié aux personnes injustement condamnées soit érigé. «Le but? Ne surtout pas oublier, et reconnaître enfin à l’échelle nationale la motivation principale de ces massacres: la haine des femmes», résume Terra Femina.

Le cas écossais pourrait inspirer d’autres pays à suivre la même voie, espère Leo Igwe, professeur à l’Université du Cap en Afrique du Sud. Le militant nigérian rappelle qu’en Tanzanie, en Inde ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, des procès de sorcellerie ont encore lieu de nos jours. «Ce qui s’est passé en Ecosse il y a des centaines d’années se produit aujourd’hui dans de nombreuses régions d’Afrique, a-t-il expliqué à la BBC. Les gens sont accusés de sorcellerie lorsqu’un malheur se produit dans une famille, comme une mort subite, un accident ou tout autre événement tragique.»

«On accuse alors les membres les plus vulnérables de la fratrie, principalement des femmes, parfois des enfants et des personnes handicapées.»

La loi écossaise enverra un signal fort au niveau international, espère Leo Igwe. «Nos politiciens qui permettent de telles persécutions devront répondre de leur action ou inaction», a-t-il conclu.

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