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Cette Périgourdine n’en finit pas d’explorer le monde par amour de la truffe, du foie gras et du (bon) goût des autres.

Quand on a la passion de la cuisine, «on tient là quelque chose de très important. Tout le monde a besoin de manger, c’est une nécessité vitale». Tel est le credo de Danièle Delpeuch, en pleine promotion d’un film dont elle est l’héroïne et à la veille de réaliser un centre de trufficulture en Nouvelle-Zélande. La Hortense des Saveurs du palais, magnifiquement jouée par Catherine Frot, est intarissable sur son goût du bon, et sur sa vie qui a inspiré le film réalisé par Christian Vincent. «C’est un film sur la belle et la bonne cuisine, mais aussi le moyen de parler de la vie des femmes dans un milieu très masculin. Hortense est une femme sympathique, courageuse, avec une éthique et de la conviction, un caractère bien marqué. C’est tout moi!»

Pour Danièle Delpeuch, les choses sérieuses ont commencé en 1974, à 32 ans. Epouse d’agriculteur et mère de quatre enfants, elle lance l’idée des «week-end foie gras et truffes» chez elle, à la Borderie, un petit hameau du Périgord. Une idée «comme ça», pour gagner sa vie… Son talent est si manifeste que le succès est immédiatement au rendez-vous. De toute l’Europe et même des Etats-Unis accourent les amateurs. A partir de 1980, le vent en poupe et désireuse de courir le monde, la voilà qui s’envole régulièrement pour les Etats-Unis où elle enseigne son art culinaire. «J’ai voyagé partout. Je suis allée à New York, Dallas, San Francisco, à La Nouvelle-Orléans, à Washington… C’était une période fabuleuse, les écoles de cuisine étaient en plein essor et les magazines culinaires fleurissaient. Les Américains m’ont donné ma chance, m’ont donné confiance en moi. J’ai réappris l’anglais et, comme j’étais la seule là-bas à parler de la France et du Sud-ouest, j’ai pu faire de la publicité pour la Borderie, ce qui m’a amené encore plus de clients!»

A l’Elysée

En 1988, tournant capital dans la vie de Danièle Delpeuch qui, entre-temps a quitté son mari: l’aventure culinaire au service de François Mitterrand. Le président cherchait une cuisinière. Joël Robuchon, un ami de longue date, joue les entremetteurs et propose le poste à Danièle: «J’étais libre. Le plus jeune de mes quatre enfants avait 20 ans. L’aîné 24. Cette offre avait quelque chose d’extraordinaire. Même si mon amour, c’est la vie à la campagne, ça ne se refuse pas.»

Enthousiaste, un brin inquiète, Danièle débarque dans un monde d’hommes. Aux commandes de la cuisine centrale de l’Elysée, Joël Normand est assisté par dix-sept meilleurs ouvriers de France et plusieurs pâtissiers réputés. Danièle travaille seule avec un jeune pâtissier au service privé du président. Elle doit apprendre à se faire respecter. Pas facile: «J’avais toujours peur de ne pas être à la hauteur. Aujourd’hui, je peux le dire, je pense ne pas avoir été acceptée en tant que femme. Mais j’ai fait de la bonne cuisine bourgeoise, sophistiquée, avec de beaux produits, les meilleurs. Pas une cuisine chichiteuse, mais des plats vrais et goûteux. J’ai fait ce que j’aimais et qui plaisait au président, une cuisine de mère et de grand-mère.»

En Antarctique

Après deux ans passés à l’Elysée, Danièle décide de tourner la page. Elle éprouve alors le besoin de mieux se comprendre, de mieux savoir ce qu’elle veut faire de sa vie. «J’avais 48 ans. J’ai senti qu’il fallait que je parte très loin. Grâce à Internet, je suis tombée sur l’annonce de scientifiques de l’Antarctique qui cherchaient une cuisinière. Et je suis partie! Je disposais de tous les produits imaginables qui arrivaient congelés par bateau, et on avait aussi des serres où l’on faisait pousser des légumes. Côté cuisine, alors que pour le président j’avais choisi une cuisine qui nourrit et repose, pour les travailleurs de l’Antarctique, j’ai fait une cuisine qui restaure le corps et l’esprit.»

Aujourd’hui, Danièle est restée une aventurière avant tout. «Je ne veux pas d’un restaurant pour faire plaisir à l’inspecteur des impôts et aux clients. Je veux vivre et ressentir ce qui m’attire.» Elle s’occupe ainsi beaucoup de ses petits-enfants et... écrit. Elle vient de rééditer à compte d’auteur son livre paru en 1997, Les carnets de cuisine du Périgord à l’Elysée (à commander via son mail truffemokaorange.fr). Et elle s’intéresse de très près à la vie rurale du Périgord des XIX et XXe siècles. L’occasion de se pencher sur l’explosion de la truffe entre 1850 et 1910 qui a apporté travail et richesse à la région. Et sur le foie gras.

En 1962 – l’année de son mariage – les femmes de la campagne, raconte Danielle, vivaient encore comme leurs grands-mères. Depuis, «les exploitations ont évolué, se sont organisées. Les femmes y ont trouvé un nouveau rôle, ce qui leur a donné confiance en elles et envie de développer des projets.»

Avec le film Les saveurs du palais, Danièle Delpeuch, elle, n’en est même pas à sa dernière envie. Lorsque cette idée a surgi en 2009, elle s’apprêtait à quitter la France pour la Nouvelle-Zélande… Elle a acheté des terres dans l’île du sud pour y développer la trufficulture. Ce nouveau rêve, elle le vivra lorsque le film aura fait son temps sur les écrans.

Le lieu

Sa cuisine à la Borderie, un petit hameau proche de Chavagnac dans le Périgord. C’est son coin de paradis, son port d’attaches. C’est là que ses ancêtres ont vécu, que sa grand-mère et sa mère lui ont appris l’amour du bon goût et des bons produits. Là aussi qu’elle a transmis aux touristes du monde entier son art du foie gras, son talent pour les confits et le travail de la truffe.


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