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Mais le dynamisme démographique n'est pas forcément un gage de vitalité économique, soulignent des experts. Selon une récente note de l'Institut national des études démographiques (Ined), la population française - 65 millions aujourd'hui -, dopée par sa forte fécondité (2 enfants par femme), pourrait dépasser celle de l'Allemagne - 82 millions - vers 2055. La croissance démographique française s'explique aussi par l'héritage du passé, les générations du baby-boom, particulièrement nombreuses dans l'Hexagone, ayant eu des enfants depuis.

En Allemagne, qui connaît désormais un taux de fécondité parmi les plus bas du monde, avec 1,4 enfant par femme, les économistes craignent que la baisse du nombre d'actifs n'affaiblisse le potentiel de croissance de l'économie. "Si on suit les projections démographiques, au cours des cinq prochaines décennies, l'Allemagne va perdre, sauf forte immigration, un quart de sa population active, alors que celle de la France devrait rester stable", souligne Français Héran, ancien directeur de l'Ined.

L'Allemagne redoute notamment, selon le chercheur, une pénurie importante de main d'oeuvre qualifiée et d'ingénieurs. "S'il y a beaucoup moins d'enfants, cela va conduire à des fermetures d'écoles, par exemple", souligne de son côté Pascale Breuil, chef de l'unité des études démographiques et sociales à l'Insee. "Il y aura aussi moins de dépenses d'éducation, mais plus tard, davantage de problèmes pour financer les retraites", poursuit-elle.

Plus on est éloigné du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme), plus il faut repenser la place de chaque âge dans la société, avec tout ce que cela implique en terme d'infrastructures ou d'équipements de service publics, résume la statisticienne.

"Vieillissement inéluctable"

Pour d'autres experts, comme Hervé Le Bras, enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), il n'y a "aucune corrélation entre le développement économique et la croissance démographique". "Si une population augmente, comme en France, cela a certes des conséquences immédiates sur les besoins de logements ou de crèches, mais pas d'incidence globale sur l'économie", assène-t-il.

Plus que le rythme de croissance, ce sont les cassures brutales dans la pyramide des âges qui semblent néfastes à l'économie. "Ce qui paraît souhaitable, c'est de ne pas avoir des évolutions démographiques trop vives", avance Pascale Breuil. "On se dit bien qu'il y a deux situations également défavorables: une croissance trop rapide de la population ou, à l'inverse, une décroissance trop rapide", abonde Didier Blanchet, directeur de la revue Economie et statistique.

Mais, comme le souligne Pascale Breuil, France et A1llemagne se posent globablement les mêmes questions sur les bouleversements de la société. La croissance démographique française devrait en effet ralentir dans les années qui viennent à mesure que les baby-boomers vieillissent, et sous l'effet de la hausse de l'espérance de vie. "Quel que soit le pays d'Europe, le vieillissement est inéluctable et on ne peut pas contrer ce phénomène sauf à avoir toujours plus de bébés ou d'immigrés et donc une croissance démographique perpétuelle qui n'est pas tenable", souligne Pascale Breuil. "Nous aurons de toute façon à revoir les rapports entre générations", conclut François Héran.


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