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Charlize Theron, belle et forte tête
Dans «Young Adult», Charlize incarne une romancière névrosée qui retourne dans son bled du Minnesota pour reconquérir son ex, depuis lors marié et père… Un joli défi.
De tout près, elle ne ressemble en rien à l’égérie diaphane des campagnes du parfum Dior, J’adore, rôle qu’elle endosse depuis 2004. Peu maquillée dès lors qu’il n’y a pas de caméra braquée sur elle, Charlize Theron se montre simplement vêtue en jeans et T-shirt blanc. C’est une fille plutôt cash. Son enfance à la dure, marquée par la mort d’un père que sa mère a tué en état de légitime défense, ainsi qu’une précoce carrière de mannequin y sont sans doute pour quelque chose. Depuis 2008, celle qui parle afrikaans et le xhosa – langue voisine du zoulou – est officiellement Américaine. Elle vit à Malibu.
FEMINA Avec Young Adult de Jason Reitman, vous montrez une fois encore votre attirance pour les personnages troubles… Pourquoi cet attrait?
CHARLIZE THERON Avant de jouer une histoire, j’ai besoin d’être prise aux tripes. Le cinéma me permet d’approcher et vivre des choses fortes, parfois violentes, que j’ai la chance de ne pas expérimenter dans la réalité. Je fonctionne à l’émotion lorsque je choisis mes films, il faut que je tombe amoureuse d’un auteur et d’un réalisateur pour travailler avec eux! Jason Reitman figurait sur ma liste des cinéastes à rencontrer. Nous avons eu le déclic au premier rendez-vous et le script signé par Diablo Cody était parfait pour notre collaboration. Je choisis des personnages qui souffrent car cela fait partie de notre condition. Nous ressentons tous de la peine et de la douleur à certains moments. Nier cela serait se mentir.
Vous-même avez connu la souffrance lorsque votre père a été tué sous vos yeux. Cela explique vos choix?
Je cherche simplement à exprimer la condition humaine à l’écran. Sans vouloir y mêler ma vie privée. Je suis fascinée par le comportement des gens. A la maison, j’enregistre toutes les émissions de télé-réalité et les reportages sur l’arrestation de malfaiteurs. J’aime observer les gens traversant des moments critiques.
Dans Young Adult, vous jouez une trentenaire qui retourne dans sa petite ville et veut regagner le cœur de son ex. Où trouvez-vous l’inspiration pour simuler la dépression à l’écran?
Mais c’est une chance que de pouvoir exprimer des sentiments à l’écran! Certaines personnes doivent suivre une thérapie, moi je joue devant une caméra. Et c’est une libération pour moi que de jouer des scènes de déprime. Cela me donne la force d’être heureuse dans ma vie quotidienne.
Le cinéma vous évite de voir un psy…
Non, je suis actuellement en thérapie. J’ai longtemps pensé que je n’en avais pas besoin mais cela me fait le plus grand bien.
Utilisez-vous vos films pour extérioriser vos propres démons?
On peut dire ça comme ça. A la fin d’un tournage, je me sens plus légère, plus libre. Quand je quitte mon personnage, c’est comme si l’on m’enlevait un énorme poids.
Comment réagissez-vous lorsque vous traversez une crise personnelle?
Je pense être une fille courageuse. Je refuse de sombrer ou de me noyer. Je nage à contre-courant. Cela vient de mon enfance car j’ai été éduquée à ne jamais me poser en victime. On m’a appris à être responsable de mes actions et à assumer mes choix.
Un exemple?
A l’école, j’avais l’art de m’attirer des ennuis, et de ma bande j’étais la seule que les parents n’aidaient jamais à sortir des embrouilles. Ma mère me disait de me débrouiller toute seule. C’était dur à l’époque, mais je la remercie aujourd’hui.
Quel a été le moment le plus gênant de votre vie?
Je vais vous raconter ce qui vient de m’arriver à l’hôtel Ritz de New York. J’ai repassé mon T-shirt et l’ai mis sur un cintre > > le temps que mon maquilleur, qui est gay, s’occupe de moi. Une femme de chambre est entrée et elle m’a vue debout, les seins à l’air, avec un homme penché sur moi. Elle s’est mise à crier, et mon maquilleur a hurlé. Chacun s’est mis à courir dans des coins opposés de la suite, et moi, topless là au milieu! Le personnel de sécurité du Ritz est arrivé quelques secondes plus tard et j’ai dû m’expliquer. Si ça, ce n’était pas une situation gênante digne d’un film!
Sans transition… vous avez accepté de tourner nue dans plusieurs films. Est-ce facile pour vous?
Je n’ai aucun problème si c’est écrit dans le scénario et que ça a un sens dans l’histoire comme dans North Country. J’ai dû toucher aux extrêmes pour incarner Sylvia. Jusqu’à des choses blessantes pour moi.
Dans quel sens?
J’ai découvert que les femmes autodestructrices utilisent le sexe et la nudité pour se dénigrer elles-mêmes, se faire du mal. Pensant qu’elles ne méritent pas mieux.
Vous souvenez-vous de votre éveil à la sexualité?
Comme tous les enfants, cela arrive le jour où l’on découvre l’un de ses parents nu. Des questions vous montent à la tête… Cela est naturel. Il est normal de découvrir la sexualité à l’adolescence. Il ne faut pas en faire quelque chose de mal ou d’horrible.
A propos de votre corps, que faites-vous pour garder la forme?
Je suis la plus active possible. J’adore les balades dans la nature… Aller dans une salle de gym n’est pas mon truc, mais je me force. J’ai passé le cap des 30 ans et mon métabolisme commence à ralentir. Je dois donc faire attention car je ne suis pas une de ces filles qui peut manger tout ce qu’elle veut sans grossir. Si je ne me surveille pas, je deviendrai énorme. Comme j’adore manger, je vais à la gym. Je fais du yoga et du Pilates car ce sont des techniques qui m’aident à raffermir mon corps.
Comme votre personnage dans Young Adult, vous n’avez ni mari, ni enfant. A quand votre tour de devenir mère?
J’ai envie d’un enfant mais je ne ressens pas d’urgence à être enceinte. Si cela arrive, parfait. Sinon, je laisse faire la nature. La vie est belle, il ne faut pas se prendre la tête ni vouloir manipuler quoi que ce soit. Les choses arriveront si elles doivent arriver.
Prête à adopter?
Pourquoi pas? Je suis très ouverte à ce que la vie m’apportera.
Vous considérez-vous féministe?
Oui, je suis féministe, et je le revendique. Je suis fière de me battre pour les droits des femmes. A travers mes films, j’espère contribuer à ce qu’on ouvre les yeux sur la place de la femme. La génération de ma mère et la précédente ont fait beaucoup pour aider les femmes à être respectées, mais il y a encore du boulot!
Votre mère est pour vous un modèle. D’autres personnes vous ont marquée?
Récemment, j’ai été inspirée par une artiste suisse, Pipilotti Rist! Je viens de voir son exposition à Londres. Il y a aussi Jack Nicholson. Sa performance dans The Shining m’inspire pour jouer la méchante reine dans Snow White and the Huntsman (ndlr: «Blanche-Neige et le chasseur», de Rupert Sanders, son prochain film).
Quand vous jouez, éprouvez-vous le besoin de vous transformer?
Je ne me dis pas: «Chouette alors, je vais me faire moche pour ce rôle!» La transformation physique me vient naturellement lorsque je me prépare pour un rôle.
On vous cite parmi les favorites des Oscars 2012. Y croyez-vous?
Non, je ne veux pas y penser car je ne choisis pas un film pour gagner un oscar. La victoire de Monster il y a quelques années m’a prouvé que l’on doit d’abord s’investir dans un bon script, une histoire forte… Le reste vient ensuite.
Comment faites-vous pour garder une certaine indépendance?
C’est facile: je dis non, non et non. Quand j’étais mannequin, j’avais du mal à le dire et je me suis souvent sentie manipulée.
N’en avez-vous pas marre d’être la fille des pubs Dior?
Au contraire, c’est génial d’être demandée par de grandes marques et le chèque que l’on me fait n’a rien pour me déplaire. Il m’offre la liberté de refuser de mauvais films et d’attendre qu’un bon script comme Young Adult se présente.
Est-ce que vous appréciez encore les côtés glamour de votre carrière?
Totalement. Pour être honnête, je préfère me voir comme la femme à la robe Dior si le scénario est à la hauteur… En réalité, il est difficile de trouver un bon script où l’on joue une fille glamour dans tout le film. Pour être une bonne actrice, il faut s’abandonner à son personnage. Je ne cherche rien d’autre.
En Afrique du Sud, un bébé sur trois s’appelle Charlize. Flattée?
Je trouve cela plutôt drôle. J’ai fait un petit voyage dans mon pays natal il y a trois ans pour remercier ce peuple qui m’a aidée à devenir la femme que je suis. Peut-être que mon passage a donné des idées aux femmes enceintes à ce moment-là…
Des envies de mariage?
J’en ai marre que l’on me pose cette question! Je suis célibataire et c’est un plaisir. J’ai toujours été à l’aise dans une relation amoureuse car je suis totalement monogame. Mais c’est la première fois de ma vie que je me sens bien sans homme à mes côtés. Je crois que c’est le chemin que je devais suivre pour me découvrir davantage.
Vous habitez à Malibu et vous vous baladez avec votre chien sur la plage. Etes-vous une star toute simple?
Je veux rester simple et proche de la nature. C’est ainsi que j’ai grandi en Afrique, et je déteste les grandes villes avec leurs buildings et autoroutes… Malibu est presque un havre de paix au bord de l’océan, tout en étant suffisamment proche de Los Angeles. Ce mélange me convient parfaitement.
En quoi votre personnage de «Young Adult» vous ressemble?
Je ne cherche pas à voir Charlize lorsque je regarde «Young Adult» car je me sens souvent proche de mon personnage durant un tournage. Il m’arrivait fréquemment d’avoir la même attitude que Mavis lorsque les caméras s’arrêtaient. Je sais faire la différence entre réalité et fiction, mais il reste toujours quelque chose enfoui en moi… Et c’est mon jardin secret (rires).
Lorsqu’un acteur change son apparence pour un film, il reçoit un Oscar. Lorsqu’une actrice s’enlaidit à l’écran, elle est dénigrée. Pourquoi?
C’est un problème social de notre époque. Certains sont obsédés par l’idée de la célébrité mais personne ne se réveille en ayant du brillant sur les lèvres et des cheveux parfaits. Nous sommes tellement habitués à l’image parfaite que l’on perd pied avec la réalité. J’évite de penser à cela en choisissant mes films. Je regarde le rôle que l’on me propose, rien d’autre. En plus, j’adore ne rien faire! J’ai le sentiment d’avoir beaucoup trop travaillé ces dernières années alors que je tiens à avoir du temps pour moi.
Young Adult, de Jason Reitman avec Charlize Theron, Patrick Wilson, Patton Oswalt, Elizabeth Reaser. En salle le 7 mars 2012.
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