Femina Logo

news société

Ces gestes écologiques qui peuvent (vraiment) sauver la planète

Planete gestes sauver ecologie terre nature

Dans une étude récemment publiée par la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), plusieurs experts internationaux évoquent même un prochain point de rupture au-delà duquel la planète basculera dans un état d’étuve et deviendra incontrôlable. «Un milliard d’êtres humains seulement pourront encore vivre sur le globe», alerte Dominique Bourg, philosophe, professeur ordinaire à la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne.

© Getty

Canicules en série en Europe, feux de forêt apocalyptiques en Californie, ours polaire famélique agonisant sur la banquise devenue riquiqui de l’Arctique… le visage de cette année 2018 n’est pas beau à voir. Qui est responsable de ce tableau inquiétant? Le réchauffement climatique dû à l’activité humaine.

Pointé du doigt depuis des décennies par les scientifiques, il est longtemps resté à l’état d’hypothèse probable. Pourtant, les premières catastrophes concrètes sont là, faisant du phénomène une réalité indéniable.

Dans une étude récemment publiée par la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), plusieurs experts internationaux évoquent même un prochain point de rupture au-delà duquel la planète basculera dans un état d’étuve et deviendra incontrôlable.

«Un milliard d’êtres humains seulement pourront encore vivre sur le globe», alerte Dominique Bourg, philosophe, professeur ordinaire à la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne.

«Tout cela n’est pas de la science-fiction, c’est en train de se passer, avec des conséquences qui s’accélèrent. Je ne suis pas juste inquiet, depuis deux trois ans je commence vraiment à avoir la trouille.» 2016 a ainsi été l’année la plus chaude enregistrée à l’ère moderne. 2017 a, elle, battu des records en termes d’émission de gaz à effet de serre.

Alors que les gouvernements multiplient les sommets écologiques, mais se limitent à des mesures qui ne menacent pas leur économie, quelles sont les solutions alternatives pour agir?

«Il faut absolument que chacun d’entre nous réduise son empreinte écologique durant ces trente prochaines années», statue Dominique Bourg. «Cela sera exigeant, car il s’agit là d’un défi collectif. Ce ne sont pas des démarches individuelles sporadiques qui changeront vraiment la donne, il faut que tout le monde s’y mette.»

Les efforts à fournir ne sont pas forcément si douloureux, peut-être juste «un peu chiants» au premier abord, reconnaît le philosophe. Après avoir consulté experts et responsables d’associations, voici une feuille de route de six gestes ou réflexes à adopter pour que les Terriens d’aujourd’hui deviennent les héros responsables de demain.

Limiter ses déchets

Economiser l’énergie, et donc limiter les rejets de CO2 dans l’atmosphère, cela passe forcément par la réduction des quantités de matières premières exploitées. Mission? Avoir le réflexe d’acquérir des occasions récentes ou, pour du neuf, tenter de garder le plus longtemps possible ce qu’on achète.

A la maison, on évitera ainsi les meubles en lamellé-collé, «trop peu durables», comme le note Dominique Bourg, au profit de matériaux plus solides et vieillissant bien dans le temps. Même philosophie côté dressing: mieux vaut favoriser les vêtements de qualité, qui dureront, plutôt que de céder aux sirènes de la fast fashion (surtout quand on sait que certaines grandes enseignes détruisent des tonnes d’invendus).

Il faut aussi se battre contre tout ce qui n’est pas réutilisable, en optant pour des produits avec un minimum d’emballages, ou alors des emballages recyclables (exit le plastique). Nous produisons également des déchets virtuels dont les conséquences sont cependant bien concrètes: ce qui est posté sur le web.

«Chaque publication sur Internet prend de la place sur des serveurs extrêmement énergivores, car il faut les refroidir en permanence, relève Olivier Brüggimann, président de l’association ecoLive, qui milite pour une réduction de notre empreinte écologique.

Une quantité énorme de données est générée par ces posts qui, ensuite, sont dupliqués au fil des partages, des sauvegardes…» Avant de télécharger un fichier volumineux sur le web, il faut donc se demander si cela en vaut vraiment la peine, au-delà de la simple satisfaction du moment.


Manger moins de viande

Si les véganes vous agacent et que manger des bébés animaux ne fait pas partie de vos interdits moraux, pensez au moins à cette chère atmosphère. Selon les calculs d’AsapSCIENCE, une chaîne Youtube dédiée à la science, l’élevage destiné à la consommation de viande serait la principale source d’émissions de CO2 dans le monde, devant les transports motorisés.

Avec bien sûr des nuances à apporter: «Les structures d’élevage industriel, comme celles que l’on trouve en France, aux USA ou en Argentine, sont clairement les plus polluantes», assure Olivier Brüggimann.

Le modèle suisse, qui privilégie le bétail d’alpage, est un peu moins impactant et les caractéristiques du pâturage se révèlent même intéressantes pour la biodiversité.» Il reste néanmoins le problème de l’importation de fourrage dans notre pays, gourmand en énergie.

«On ne peut atténuer cela qu’en diminuant quand même sa consommation de viande, confirme Pierrette Rey, responsable de la communication pour le WWF en Suisse romande.

Chaque Suisse en mange en moyenne un kilo par semaine, il y a donc de la marge.» Les plus rétifs à l’idée de bouder toute protéine d’origine animale peuvent aussi avoir leur rôle à jouer, selon Olivier Brüggimann: «Il faut plutôt favoriser la volaille, la viande de bœuf étant la plus énergivore à produire.»

Consommer local et de saison

Faire voyager des denrées par avion ou par bateau? Une bien mauvaise idée. Parallèlement au transport de passager, le fret est lui aussi un gros émetteur de CO2. Du coup, mieux vaut consommer local et de saison. «On peut se passer de myrtilles en janvier ou d’avocats qui viennent de l’autre côté de la planète, assure Olivier Brüggimann.

Le fair trade, s’il n’est pas mauvais en soi, a un impact non négligeable sur l’environnement à cause des milliers de kilomètres parcourus», estime encore le président d’ecoLive.

Dans l’idéal, il faudrait également se détourner des produits issus de l’agriculture intensive, «qui emploient peu de gens proportionnellement à la taille des structures et consomment beaucoup d’énergie», détaille Dominique Bourg. Ils sont aussi néfastes pour l’environnement sur place.

«En s’orientant plutôt vers des produits bio, on s’assure de soutenir une production qui ne requiert pas d’engrais artificiels et de pesticides allant polluer les sols et les cours d’eau», ajoute Pierrette Rey.

Certes, cela coûtera plus cher à la caisse, toutefois, «les ménages suisses consacrent en moyenne 10% de leur budget à l’alimentation, la préférence pour le bio semble dès lors supportable», fait encore valoir la porte-parole du WWF.


Soutenir les défenseurs de l'environnement

Donald Trump est le roi des climatosceptiques. Il est arrivé à la Maison-Blanche avec la bénédiction de millions de gens qui ont sciemment voté pour lui, malgré son programme s’annonçant désastreux pour la planète.

«On reproche souvent aux politiques de ne pas être conscients ou de négliger les enjeux autour de l’écologie, observe Pierrette Rey. Or il suffit de voter pour des candidats démontrant une réelle prise de conscience des enjeux autour du climat et de l’écologie. Le bulletin que l’on glisse dans l’urne peut vite faire pencher la balance et encourager la préservation de l’environnement.»

Une préférence qui peut même s’appliquer lorsqu’on opte pour un troisième pilier libre dans le cadre de la prévoyance, poursuit la responsable communication du WWF:

«On peut tout à fait choisir de n’investir son épargne que dans des fonds écolos et durables, au lieu de placer son argent pour le compte d’industries qui polluent énormément. Le mieux est d’en discuter avec son conseiller bancaire pour prendre connaissance de toutes les options possibles.»

Eviter le gaspillage alimentaire

Acheter des denrées dont la production a nécessité beaucoup d’énergie… et les envoyer directement à la poubelle. Voilà qui n’est guère logique dans une perspective de lutte contre le réchauffement climatique. C’est pourtant une fâcheuse manie bien ancrée dans nos habitudes.

«Ainsi, selon la FRC, les ménages suisses jettent jusqu’à 100 kg de nourriture non consommée chaque année!»

«La mauvaise utilisation des aliments par les consommateurs représente 40% du gaspillage alimentaire total», estime Olivier Brüggimann, de l’association ecoLive. Comment changer les comportements? «Il faudrait faire ses courses de manière plus réfléchie, cuisiner les restes au lieu de préparer de nouveaux repas et aussi être plus souple avec les dates de péremption.»


Se déplacer mieux (et moin loin)

Chaque jour, dix millions de personnes prennent l’avion. Avec un trafic aérien dont le volume double tous les quinze ans depuis 1970, l’impact des voyageurs sur le climat est rude. Le boom des compagnies low-cost n’a évidemment pas arrangé les choses. On monte presque dans un jet comme on s’assoit dans un taxi. Une habitude qu’il faudrait perdre ou, du moins, remettre un minimum en question.

«S’envoler plusieurs fois par an à l’autre bout du monde est devenu un rêve pour beaucoup, fait remarquer Olivier Brüggimann, président de l’association ecoLive. Notre époque a mis une dimension quasi philosophique dans ces déplacements au long cours. Or, a-t-on vraiment besoin, pour se réaliser, d’organiser dix séjours à l’étranger comme certains le font? On peut faire tout autant de choses fantastiques plus proche.»

Les critiques actuels du tourisme de masse ne manquent d’ailleurs pas de souligner, avec ironie, notre soif déclarée de rencontres authentiques aux antipodes, alors que nous parlons à peine avec nos voisins de palier. Même sobriété à rechercher dans nos déplacements quotidiens.

«Un conducteur tout seul au volant d’une voiture de deux tonnes dotée d’un moteur de 300 chevaux… c’est un trend actuel pas du tout réjouissant, constate Dominique Bourg. Lorsqu’on le peut, il mieux vaut choisir les transports publics ou le vélo, voire une voiture peu polluante.»

Juliane vous suggère de lire aussi:

Podcasts

Dans vos écouteurs

E94: Les bienfaits du jeu vidéo sur notre épanouissement

Dans vos écouteurs

Tout va bien E89: Comment mieux comprendre nos rêves

Notre Mission

Un concentré de coups de cœur, d'actualités féminines et d'idées inspirantes pour accompagner et informer les Romandes au quotidien.

Icon Newsletter

Newsletter

Vous êtes à un clic de recevoir nos sélections d'articles Femina

Merci de votre inscription

Ups, l'inscription n'a pas fonctionné