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Bonheur en famille: 2 filles, un point c’est tout

Bonheur en famille: 2 filles, un point c’est tout

Gwendoline et David sont parents de deux filles. Et parallèlement à la naissance de Lily-Rose et Billie, ils ont créé leur propre entreprise, Cosmaking.

© Joëlle Neuenschwander

Spoiler alerte: les Anglais ont dégotté la formule magique de la famille parfaite. Une étude britannique a en effet sondé 2116 parents pour arriver à la conclusion suivante: avoir deux filles est un gage de bonheur. Mandatés par Bounty, un site web dédié aux familles avec de jeunes enfants, les chercheurs ont étudié 12 configurations familiales allant d’une fille et un garçon à quatre garçons et quatre filles. «La combinaison de deux filles est celle qui a le meilleur effet sur la vie familiale, avec peu de disputes, des jeux en commun et une atmosphère dans l’ensemble agréable», notent les chercheurs.

Raccourcis sommaires

Joëlle, maman jurassienne de deux filles de 5 ans et 2 ans et demi, partage complètement cet avis. «En tant que femme, je suis ravie d’avoir deux filles, explique-t-elle.

Je me retrouve en elles, j’ai l’impression de bien les comprendre. Je ne sais pas si j’aurais été moins heureuse avec deux garçons, mais il m’aurait manqué ces petites choses si particulières que je partage avec elles: les couettes, les Barbie, les poses de vernis.

Pourtant, selon les experts interrogés, livrer des conclusions aussi tranchées est un «raccourci expéditif», comme le souligne Nicolas Favez, docteur en psychologie à l’Université de Genève. «Je n’ai pas le souvenir d’autres études qui affirmeraient cela de façon aussi carrée. Les recherches effectuées sur le bonheur familial relèvent assez souvent un autre fait: les désaccords éducatifs sont plus fréquents lorsque l’enfant est un garçon.» Les pères s’impliqueraient davantage, les mésententes avec la mère seraient plus fréquentes et âprement discutées, les tensions plus nombreuses. «Mais de là à faire un lien entre connaître des divergences et être malheureux, il y a un pas énorme», poursuit le spécialiste.

Dana Castro, psychothérapeute et auteure du livre «Frères et sœurs, les aider à s’épanouir» (Ed. Albin Michel), va encore plus loin. Elle n’est «absolument pas d’accord» avec les «conclusions stéréotypées» de l’étude. Pourtant, elle est maman de deux filles. «Et c’est vrai, elles sont super! Je n’ai pas eu de soucis avec elles, elles ont avancé dans la vie très tranquillement et agréablement. Mais cela n’est, selon moi, pas lié au fait qu’elles soient de sexe féminin: le milieu familial, l’investissement, l’attention qu’on leur a portée ont contribué à cela.»

Contexte social déterminant

Qu’en est-il du bas du tableau? Dans le classement de l’étude britannique, le fait d’être parent de quatre filles se situe à la toute dernière place. Avoir davantage d’enfants est-il forcément plus compliqué pour les parents? «Ayant moi-même 4 enfants, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela, sourit Nicolas Favez. Il y a un facteur confondant derrière cette affirmation. Comme on peut le voir dans certaines émissions TV par exemple, les familles qui connaissent des difficultés psychosociales tendent à avoir un nombre d’enfants plus élevé. Donc effectivement, dans certaines, il y a beaucoup de problèmes. Mais ils ne sont pas dus au nombre d’enfants.

Dans les familles à bas risque, si le fait d’avoir plusieurs enfants est un projet de vie, ça n’est absolument pas un facteur d’embûches supplémentaires.

La clé du bonheur se trouve probablement ici: si le nombre d’enfants et leur sexe sont en adéquation avec le désir des parents, ces derniers seront épanouis et plus satisfaits. «Le non-choix est difficile à vivre, ajoute Dana Castro. Si le couple est en accord, il n’y a pas de problème. Par contre, lorsqu’il se voit limité par des facteurs externes, des raisons médicales ou financières par exemple, cela peut devenir un obstacle et être mal vécu par les parents.»

Une fille, deux filles, quatre filles… ou pas de fille du tout: du moment que cela correspond à l’image que l’on a d’une famille parfaite, on sera comblé et heureux. «Le nombre d’enfants et leur sexe relève de la mode et du contexte social, conclut Dana Castro. Ainsi, il y a 15 ans, une enquête similaire affirmait: Faites beaucoup d’enfants, les uns s’occuperont des autres, vous aurez plus de temps pour vous et serez plus heureux.» Le bonheur en famille? Il se trouve au sein de chaque configuration, il suffit de prendre la peine de le construire au quotidien, de le faire grandir avec chacun des membres. Et ne me remerciez pas pour cette conclusion digne d’un téléfilm de Noël, tout le plaisir est pour moi… et mes quatre – futures – filles.

Gwendoline Flury, 31 ans, maman de Lily-Rose (4 ans et demi) et Billie (3 ans et demi), Sonceboz (Jura bernois)


Gwendoline et David sont les heureux parents de deux petites filles, Lily-Rose et Billie. © Joëlle Neuenschwander

«Avant d’en avoir, je me suis toujours imaginée avec trois enfants. Mais en devenant maman, mes objectifs ont changé. Parallèlement à la naissance de nos filles, mon mari et moi avons créé notre propre entreprise. Dans notre quotidien, un troisième enfant ne trouverait pas sa place. Nous nous sentons totalement au complet et heureux comme ça. Chacun évolue, notre vie de famille ne pourrait pas être meilleure. Le sexe de mes enfants n’a jamais été quelque chose d’important, mais je me suis rarement vue maman d’un garçon. Avec une fille, tout est facile et logique. Je crois qu’on a les enfants qu’on doit avoir: j’ai besoin de calme, de douceur à la maison pour pallier le stress de la vie quotidienne.

Avec deux petits garçons, ce serait nettement plus sport! Je n’aurais pas été moins heureuse, mais peut-être moins épanouie. J’ai deux neveux avec qui je peux comparer notre mode de fonctionnement: les choses sont plus directes. Je m’efforce de ressentir les émotions de mes filles, car elles ne les expriment pas forcément, si quelque chose les bouleverse par exemple. Par contre, les tensions père-fils apparaissent très tôt pour tenter d’imposer sa place. Chez nous, c’est plutôt: «Mon papa chéri, c’est le meilleur!» Peut-être que les choses évolueront à l’adolescence: il y aura sûrement davantage de jalousies, d’émotions à fleur de peau.

Lily-Rose et Billie s’entraident beaucoup. Si on se fâche avec l’une, l’autre la console et toutes les deux se liguent ensuite contre les parents.

Elles s’entraident énormément, sont toujours là l’une pour l’autre. On essaie de créer une synergie, de ne jamais les comparer et de les considérer comme deux personnes en tant que telles. Ce n’est pas toujours évident, car elles adorent tellement être ensemble et sont extrêmement complices. Mais nous tentons de prendre du temps pour chacune séparément. Cela leur permet de créer leur propre caractère, de se construire en tant qu’individus.»

Sybille Roch, 52 ans, maman d’Emilie (27 ans), Manon (25 ans), Chloé (24 ans) et Coline (22 ans), Montcherand (Vaud)


De gauche à droite: Coline, Chloé, Alain (le papa), Emilie, Manon et Sybille (la maman). © Joëlle Neuenschwander

«Avoir un enfant unique? Ça aurait été insupportable pour lui de connaître une mère comme moi: j’épuise mes enfants (rires)! Par contre, je ne comprends pas ce classement, qui conclut qu’avoir quatre filles est la pire configuration familiale: c’est quelque chose de formidable. Quand il y a quatre petits, les problèmes se diluent. Par contre, il est vrai que lorsqu’elles étaient plus jeunes, il fallait être extrêmement bien organisé au quotidien: tout était consigné sur un calendrier et, dès leur plus jeune âge, elles ont dû donner un coup de main pour les tâches ménagères. Il faut également parfois savoir envisager autrement les corvées. Par exemple, j’ai toujours vu le fait de devoir les véhiculer comme un instant cadeau, un moment d’échange privilégié à passer avec l’une d’entre elles.

Toutes sont très différentes. Chacune a ses amis, ses activités, mais elles sont extrêmement solidaires, toujours là les unes pour les autres.

D’ailleurs, elles jouent toutes dans la même équipe de volley, que je coache! Elles n’ont jamais eu de tempérament jaloux, nous avons veillé à cela. Lors de leur anniversaire, elles étaient invitées par les grands-parents à faire les boutiques pour choisir un cadeau. Leur plus grande joie? Revenir de leur virée shopping avec une petite attention pour chacune de leurs sœurs. Désormais, elles s’offrent des sorties entre elles lors de leur fête et aiment passer du temps ensemble. Elles ne manquent d’ailleurs jamais de nous envoyer un selfie!

J’adorais les dimanches matin lorsqu’elles étaient encore toutes petites. Elles se réveillaient avant nous, la première prenait un livre et faisait semblant de lire une histoire à ses trois sœurs. Elles ont toujours aimé passer des heures à bricoler, à inventer des contes, des spectacles. Personne n’était mis à l’écart. Lorsque l’une rentrait de voyage ou de camp, elles s’enfermaient toutes les quatre dans la salle de bains pour débriefer. C’était leur moment à elles. Et l’adolescence n’a pas été une période compliquée: avoir un noyau familial aussi présent permet de ressentir cet esprit de groupe et de clan tout en cultivant son individualité.»

Carole Lovis, 40 ans, maman d’Aurel (8 ans) et Loris (6 ans), Pieterlen (Berne)


Carole et Frédéric entourent leurs deux fils, Loris et Aurel. © Joëlle Neuenschwander

«J’ai une soeur dont je suis très proche. Elle est ma meilleure amie et ma confidente. J’ai toujours souhaité avoir deux enfants pour qu’ils connaissent, eux aussi, ce lien extrêmement précieux. Mais de savoir si j’aurais des filles ou des garçons, ça m’était égal.

Avec mes deux garçons, je me dis que les choses sont plus simples. Ils sont plus cash et moins manipulateurs. Ils ne connaissent pas non plus le sentiment de jalousie, sauf lorsque l’on touche à leurs Lego, là c’est sacré (rires). J’ai l’impression que les filles le sont davantage. Elles peuvent parfois être méchantes et mesquines déjà très petites. Elles sont plus fragiles émotionnellement. Par contre, mes fils sont très vifs, ça bouge sans cesse à la maison. C’est parfois épuisant pour les parents. On ne peut jamais rien lâcher, on doit les tenir tout le temps. Je suis assez stricte et dure, peut-être aurais-je été plus douce avec une fille?

Avoir une activité professionnelle à côté de mon rôle de mère m’aide au quotidien. J’ai l’impression que les mamans qui travaillent, qui voient autre chose, ont davantage d’énergie pour appliquer leurs valeurs. Je le remarque en vacances: après plusieurs jours passés en totalité avec les garçons, on est forcé de céder du terrain.

Avoir plus de deux enfants ne m’a jamais fait envie: me répartir entre mes garçons est déjà compliqué.

J’aurais également eu du mal à accepter d’avoir un seul enfant. L’apprentissage du partage, de l’attente, se fait naturellement lorsqu’ils sont plusieurs. Et je n’arrête pas de leur dire que la personne la plus importante dans leur vie, c’est leur frère. Quoi qu’il se passe, ils pourront toujours compter l’un sur l’autre.»

6 conseils pour une vie fraternelle harmonieuse

1. Créer des rituels

Les moments passés en famille contribuent à souder ses membres et favorisent les liens. C’est grâce à ces derniers que se gèrent la mésentente, la rivalité, l’entraide. Un repas commun, une balade dominicale, une émission regardée ensemble: cela permet à chacun de se connaître, avec les parents comme médiateurs de la relation fraternelle.

2. Eduquer instinctivement

Il est parfois préférable de mettre de côté la pression sociale et les grands principes d’éducation: difficile de ne pas se perdre parmi ces conseils multiples et parfois contradictoires… Colère, joie et tristesse sont des sentiments qui existent. Mieux vaut comprendre et vivre ces émotions dès le plus jeune âge. Attention toutefois à ne pas se laisser dépasser par la situation en ayant une parole de trop ou un geste déplacé.

3. Ne pas prendre parti

Même si le problème nous semble insignifiant, il revêt parfois une importance capitale pour l’enfant. Tant qu’il n’y a pas de danger, on évite d’intervenir dans les disputes pour jouer au gendarme et condamner l’un des protagonistes. Cela contribuera à limiter l’émergence de la jalousie. Dans le doute, on préférera tous les punir de la même façon.

4. Responsabiliser ses enfants

Après le passage de la tempête, on leur demandera de trouver eux-mêmes des solutions à leurs désaccords. Cela prend du temps, mais la réflexion qui en découle les aide à grandir. C’est un investissement qui porte ses fruits, car ils apprennent ainsi à prendre en compte les sentiments et les émotions ressentis par le reste de la fratrie.

5. Se soutenir entre parents

Si l’un prend une décision qui déplaît au deuxième, il ne faudrait pas la critiquer ou la remettre en question devant les enfants. Savoir rester solidaire apportera le cadre éducatif nécessaire à leur développement: ils découvriront rapidement où se situent les limites et ne les remettront pas en question auprès de l’un ou l’autre adulte.

6. Se parler avec bienveillance

Malgré les tensions, le stress et les tâches quotidiennes, on devrait prendre le temps de s’adresser aux autres membres de la famille avec gentillesse. L’astuce? Instaurer un rituel du mot gentil: à tour de rôle, chacun fait un compliment à son voisin de table. La formule fonctionne pour désamorcer les éventuels conflits et instaurer une atmosphère chaleureuse.


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