news société
Bienvenue dans le monde compliqué du cadeau de Noël!
Tout a été dit sur le don et plus encore l’échange de dons: c’est un grand dada de l’anthropologie depuis ses débuts. On sait tout ou presque du potlatch, ce concept amérindien, je te fais un cadeau, tu dois m’en faire un aussi – mais de quelle valeur? C’est là que se jouent toutes sortes de choses, notamment sur le statut social et les liens dans le groupe.
Celui qui a reçu est redevable, il doit payer son dû pour être quitte. S’il offre quelque chose de trop cheap, c’est la honte, soit pour lui (il n’a pas les moyens de rendre à son juste prix), soit pour le récipiendaire (on ne le tient pas en haute estime et on l’humilie en lui refilant de la verroterie). Si c’est quelque chose de trop dispendieux, il offense aussi le récipiendaire, qui se retrouve à son tour obligé tout en sachant qu’il n’a pas les moyens de rendre la pareille.
Dans certaines familles, on édicte des prix obligatoires ou des prix plafond, dans d’autres on n’offre qu’aux enfants, dans d’autres encore on opère par tirage au sort à l’aveugle: on ne sait pas qui a offert et c’est le hasard qui décide de qui va recevoir.
Le mystère du pyjama
Reste dans ces théories du don, du contre-don, de la déception et de l’humiliation un vide analytique que je ne m’explique pas et qui dure depuis bientôt une centaine d’années: quid du pyjama? Demandez autour de vous, vous verrez: tout le monde a trouvé au moins une fois sous le sapin un de ces modèles de qualité et de marque suisse supposé ne pas remonter sous les aisselles durant le sommeil.
Pourquoi cette unanimité? Est-ce une spécificité helvétique ou y a-t-il d’autres contrées ou des parents pensent sincèrement que c’est une bonne idée kdo? Quelqu’un a-t-il un jour été vraiment content d’en recevoir un? Pourquoi est-ce qu’on persiste dans cette absurdité?