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ça se met où?

Avec sa nouvelle BD, Emma dénonce la répartition inégale des tâches

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Citant les propos de Titiou Lecoq dans son livre Libérées (Ed. Fayard), Emma rappelle que les femmes rangent de manière «préventive», alors que les hommes tendent à faire du «curatif» (c'est-à-dire, quand le désordre est visible).

© EMMA/FACEBOOK

Comme à son habitude, l'illustratrice Emma tape juste. D'un coup de crayon, en plein dans le mille, elle analyse et décortique un sujet de société qui préoccupe de nombreuses personnes: après la charge mentale, la charge émotionnelle ou encore l'urgence climatique, elle s'attaque à l'épineuse thématique de la répartition des tâches ménagères, souvent très inégale au sein des couples hétéros. Sa nouvelle bande dessinée, partagée le 19 mai 2022 sur les réseaux sociaux, analyse ainsi les constructions, injonctions et stratagèmes inconscients qui renforcent cette inégalité.

Baptisée Ça se met où?, la BD présente le personnage générique de Jean-Martin, un homme souhaitant s'atteler à davantage de corvées, avant de détailler toutes les raisons pour lesquelles son objectif n'est jamais atteint, au grand dam de Cassandre, sa compagne. Aussi déconstruit-elle l'idée selon laquelle les femmes sont «maniaques», «trop dans le contrôle», incapables de «lâcher prise», et qu'elles préfèrent s'occuper de la maison «à leur façon», plutôt que de déléguer. Ainsi que le démontre Emma, ce n'est pas si simple que cela... bien au contraire!

Les dessins n'ont pas manqué de toucher de très nombreuses femmes, lesquelles partagent leurs ressentis via des milliers de commentaires: «On dirait ma vie», notent certaines, tandis que d'autres taguent leurs partenaires, les encourageant à lire la BD jusqu'au bout. Celle-ci est disponible (divisée en plusieurs posts) sur les pages Instagram et Facebook officielles de l'artiste française.

Préventif VS Curatif

L'efficacité des bandes dessinées d'Emma vient sans doute de sa construction très logique et détaillée, fruit apparent d'une mûre réflexion et d'un vécu propre: l'artiste excelle en effet dans l'art de présenter des situations du quotidien pertinentes ou reconnaissables, avant d'étayer son propos par des informations et statistiques précises. Résultat: on se dit «ah mais oui, c'est totalement ça!», et on comprend mieux ce qu'on peut traverser.

Au fil des dessins, l'illustratrice cite plusieurs chercheuses telles que l'écrivaine américaine Francine Deutsch, dont les travaux ont révélé les stratégies indirectes (souvent inconscientes) mises en place par certaines personnes pour éviter les tâches ménagères: il s'agit par exemple de la résistance passive, soit le fait de repousser le moment de faire une machine, jusqu'à ce que la partenaire, excédée, s'en charge elle-même. Libre ensuite à l'autre d'intégrer l'idée que les corvées «se font toutes seules». Une autre stratégie consiste à se cacher lorsqu'il est l'heure de cuisiner ou d'aider les enfants à faire leurs devoirs: cette attitude est d'ailleurs résumée par le terme anglais de slacker, qu'Emma définit comme «quelqu'un qui se débrouille pour échapper aux corvées.»

Dans un second temps, rappelant les propos que tenait Titiou Lecoq dans son livre Libérées (Éd. Fayard), la dessinatrice souligne que les femmes rangent souvent de manière «préventive», alors que les hommes tendent à faire du «curatif» (c'est-à-dire, quand le désordre ou le problème est déjà présent). Aussi s'attache-t-elle à mettre en lumière tous les bénéfices de la méthode préventive, souvent mise en place par la femme seule, qui finit par s'épuiser ou se pénaliser professionnellement. Evidemment, cela peut être vrai dans l'autre sens aussi, sachant que certains hommes peuvent bien sûr appliquer le rangement préventif.

Concluant sur plusieurs idées de solutions pour les personnes qui cohabitent avec un slacker, l'illustratrice insiste sur la déculpabilisation: «Déjà parce que ce n'est pas de votre faute, martèle-t-elle. Et ensuite, car ce n'est pas votre charge d'éduquer votre conjoint. Le féminisme a pour but de s'émanciper, pas de s'autoflageller.» À méditer, entre deux lessives.

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