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Plusieurs siècles d'activité humaine ont laissé une profonde cicatrice dans la Mata Atlantica, la forêt primitive le long de la côte sud-est du Brésil, dont il ne reste que 7%. Entre des bosquets isolés, refuge pour de rares espèces d'oiseaux et de mammifères, les collines ne montrent qu'une herbe maigre et un sol érodé.

Inverser ce processus semble une cause perdue mais rien ne semble décourager Mauricio Ruiz, dont la rencontre à l'âge de 15 ans avec un poète l'a décidé à faire renaître la forêt disparue. Il a investi tout ce qu'il avait - 20 reais, environ 9 Sfr. 60 - pour lancer son projet de plantation. Quatorze ans plus tard, son mouvement, l'Instituto Terra de Preservaçao Ambiental (ITPA), commence à voir la récompense de son combat.

Bêches et semences en main, ses 130 employés aidés par une armée de saisonniers parcourent les collines. Derrière eux, il ont laissé 670 000 jeunes arbres de 55 espèces natives. "On espère atteindre le million à la fin de 2012. Notre objectif est d'arriver à 18 millions d'arbres sur 18.000 hectares", a expliqué Mauricio Ruiz.

Aux militants écologistes et aux journalistes participant à la conférence de l'ONU sur le développement durable Rio+20, il montre fièrement un bout de rive le long de la rivière Santa Ana. "Il y a trois ans, il n'y avait que de l'herbe. Maintenant, regardez cet arbre alligator", déjà haut de près de trois mètres. A côté poussent des arbres natifs: poivriers, lapachos, guapuruvu, ingas et umbaubas. Quelques oiseaux pépient dans les hautes branches, des lianes enserrent les jeunes troncs et un régiment de chenilles se promène... Autant de signes encourageants de biodiversité.

L'ITPA plante des arbres pour relier les bouts restants de forêt. De cette manière, la région de Miguel Pereira pourrait rejoindre la Serra do Mar, un corridor de biodiversité de 7,4 millions d'hectares sur la côte Atlantique. "En plantant des arbres, nous pouvons avoir une petite forêt en quatre ans, alors que cela prendrait 40 ans si on laissait faire seule la nature. Mais même en plantant, il faut attendre 15, 20 ans avant d'avoir une vraie forêt", a expliqué M. Ruiz.

Enfant, il avait l'habitude de parcourir les collines. Sa vie a changé quand il a rencontré Thiago de Mello, un poète célèbre et défenseur de la forêt tropicale amazonienne, sur un bateau descendant l'Amazone. Il écrivait un poème, "un dialogue entre deux forêts tropicales", se souvient le militant. "J'ai été fortement impressionné. Je lui ai dit d'où je venais et il m'a invité à repartir dans ma région pour aider la forêt à revivre".

Avec pour tout bagage une éducation secondaire, Mauricio Ruiz a appris l'agronomie sur le tas. Les forêts appartiennent à de petits, moyens et grands propriétaires, dont beaucoup regardaient avec suspicion son initiative. Mais il les a convaincus en montrant que les arbres arrêtaient l'érosion des collines et, bénéfice supplémentaire, qu'ils pouvaient toucher des subventions gouvernementales en replantant.

L'ITPA a reçu des contributions de 4,4 millions d'euros, principalement d'entreprises. "Elles doivent replanter cinq hectares pour chaque hectare de forêt native qu'elles détruisent", a souligné Juliana Bustamante, l'adjointe de M. Ruiz. D'autres financements viennent des ONG et "très peu" du gouvernement, selon elle. Mais l'éclatante richesse des espèces d'antan ne reviendra pas. "On ne la retrouvera jamais", a assuré Victor Hugo Inchausty, un expert de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

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