Femina Logo

Il est des hasards qui changent le cours d’une vie. Pour Anouck Hellmann, c’est une excursion, durant son cursus en histoire de l’art à l’Université de Genève, qui lui a indiqué sa voie. A l’instigation d’une assistante, sa volée d’étudiants fait le voyage de La Chaux-de-Fonds pour visiter le fameux crématoire Art nouveau (1908-1910). La jeune femme est si bluffée par ce chef-d’œuvre qu’il deviendra le moteur de son parcours. Elle y consacre son mémoire de licence, avant de s’engager professionnellement pour le patrimoine des Montagnes neuchâteloises.

En 2006, elle est nommée conservatrice de la Fondation Léon Perrin (Couvet/NE), tout en enchaînant les missions: chargée de projet pour «Art nouveau La Chaux-de-Fonds 2005-2006», collaboratrice scientifique pour la candidature Unesco La Chaux-de-Fonds/Le Locle, puis à la protection du patrimoine. Cette Neuchâteloise de 37 ans, pacsée et mère d’un enfant, s’est vu confier en juin dernier les rênes du projet Le Corbusier 2012, qui célébrera le 125e anniversaire de la naissance du grand architecte chaux-de-fonnier. Mais d’ici là, un autre événement est inscrit à son agenda surchargé: la sortie de son livre intitulé Charles L’Eplattenier 1874-1946 (Ed. Attinger). Peut-être même qu’une expo suivra… «Je suis un peu fan de lui», confesse-t-elle à propos de celui qui est considéré comme l’un des principaux instigateurs de l’Art nouveau en Suisse, qui fut professeur à l’Ecole d’art de La Chaux-de-Fonds et maître d’un certain Charles-Edouard Jeanneret… devenu Le Corbusier en 1920.

FEMINA A quoi ressemblera le projet Le Corbusier 2012?
ANOUCK HELLMANN Nous allons revaloriser le patrimoine du Corbusier en mettant l’accent sur la photo, un médium qu’il a beaucoup employé durant ses voyages. C’était, pour lui, un outil de travail important. Au cours de ses voyages, il a réuni beaucoup de documents dont il s’est ensuite servi pour son travail d’architecte, d’urbaniste, de théoricien, de plasticien. Or, le public connaît mal Le Corbusier photographe! Il a pourtant une sensibilité incroyable, très poétique. Il a fait des jeux de collages avec ses images, confronté différentes techniques de création. Il a aussi utilisé la photo dans toutes ses publications et ses expositions. Et puis, il essayait, à son époque déjà, de maîtriser sa propre image. On le voit poser avec des grands de ce monde, comme Einstein, Neyrou ou encore Joséphine Baker, qu’il a rencontrée sur un bateau à Rio.

Le Corbusier, c’est une vieille connaissance…
J’ai grandi à Neuchâtel, mais c’est durant mes études en histoire de l’art à Genève que j’ai découvert le crématoire de La Chaux-de-Fonds. Une œuvre d’art totale, datant de 1908, qui a été décorée par les élèves de l’Ecole d’art sous la houlette de leur professeur, Charles L’Eplattenier. Le Corbusier y a participé depuis l’Allemagne où il résidait à cette époque. Disons que j’ai découvert La Chaux-de-Fonds et Le Corbusier, par L’Eplattenier. J’ai été captivée, intriguée par ce crématoire, je voulais en savoir plus… Quand j’ai découvert que très peu de recherches y avaient été consacrées, mon sujet de mémoire était tout trouvé! Je me sens bien dans ce lieu, j’y ressens une énergie… On y retrouve tous les éléments de l’Art nouveau – mosaïque, peinture, métal travaillé – sans aucune référence religieuse. C’est le seul du genre en Europe, si ce n’est une construction de 1905 en Allemagne, mais dont la démarche créative était différente.

Le Corbusier a ses partisans, ses détracteurs… Comment vous situez-vous?
L’homme avait un caractère bien trempé. Comme beaucoup de Chaux-de-Fonniers, il était très entier. Mais toute personne qui devient célèbre a ses détracteurs, ne serait-ce que parce qu’elle s’expose. Le Corbusier travaillait beaucoup sur mandat, ce qui impliquait qu’il devait entretenir des réseaux de relations… Dans ce registre, disons qu’il savait se placer, exactement comme d’autres le font aujourd’hui, dans tous les domaines. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il a énormément apporté à l’architecture du monde entier, du Japon à l’Amérique du Sud en passant par l’Inde. Le Corbusier est universel, il intéresse les urbanistes, les architectes, les amoureux de la culture… Dans l’exposition que nous préparons pour 2012, on va découvrir un homme très sensible, avec beaucoup de poésie et une esthétique incroyable. J’ai moi-même été très surprise.

Une priorité vous tient-elle particulièrement à cœur pour 2012?
Faire découvrir ce patrimoine exceptionnel à tous les enfants de La Chaux-de-Fonds. Il faut qu’ils puissent se l’approprier! La photo constitue une formidable entrée pour cela. Mais nous voulons également ouvrir l’héritage Le Corbusier à d’autres façons de voir, et par là, susciter l’intérêt de nouveaux publics.

Le Programme du 125e

En 2012, les célébrations du 125e  anniversaire de la naissance de l’architecte s’articulent autour d’un titre générique «Le Corbusier et la photographie». Car celui qui fut l’un des architectes les plus influents du XXe siècle avait saisi l’efficacité démonstrative et promotionnelle de la photo. Dans le but d’intéresser divers publics, La Chaux-de-Fonds proposera une exposition au Musée des beaux-arts, une publication, un colloque scientifique et des animations. La Maison Blanche – 100 ans en 2012 – accueillera également un événement par mois durant toute l’année.

Infos sur www.lecorbusier2012.ch

Xavier Voirol
1 / 2© DR
DR
2 / 2© DR

Podcasts

Dans vos écouteurs

E94: Les bienfaits du jeu vidéo sur notre épanouissement

Dans vos écouteurs

Tout va bien E89: Comment mieux comprendre nos rêves

Notre Mission

Un concentré de coups de cœur, d'actualités féminines et d'idées inspirantes pour accompagner et informer les Romandes au quotidien.

Icon Newsletter

Newsletter

Vous êtes à un clic de recevoir nos sélections d'articles Femina

Merci de votre inscription

Ups, l'inscription n'a pas fonctionné