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Anne Guichard, directrice de L’Oréal Suisse a le métier dans la peau

Directrice générale de L’0réal Suisse, Anne Guichard apprécie l’atmosphère de sa véranda, un lieu où la lumière dialogue avec la nature en toute transparence.
© DR

Issue d’une famille où il n’a jamais été question que les filles ne fassent pas les meilleures études, elle pilote avec maestria, depuis juin dernier, L’Oréal Suisse.

Elle a le débit rapide des femmes qui savent exactement où elles vont. Une pensée incroyablement organisée, des idées claires, et surtout des convictions qu’elle défend avec acharnement ont permis à Anne Guichard de devenir la figure de référence d’une maison connue pour sa capacité à fédérer.

En fait, on devient L’Oréalien presque comme on entre en religion. La multinationale est connue pour favoriser l’ambition, pousser les collaborateurs à sortir de leur case. Leur donner l’occasion de s’essayer à des fonctions auxquelles ils n’auraient même pas imaginé avoir accès. Et c’est cela qui, voici une vingtaine d’années, a séduit la jeune élève d’une grande école de commerce française qui recherchait un stage. «Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, témoigne-t-elle, L’Oréal était une institution. Une société de référence, leader mondial de la cosmétique, une de ces maisons mythiques qui donnent une belle image de la France.

Tandis que mes collègues étaient cantonnées dans des sociétés d’audit où elles cochaient des cases à longueur de journée, on m’a immédiatement fait confiance. J’avais quasiment carte blanche. On m’envoyait former des animatrices alors que j’étais arrivée quatre semaines auparavant. J’ai même eu accès aux salles de montage pour réaliser de petits films à l’usage des représentants.» Diplôme en poche, elle n’hésite pas, postule, et intègre le siège à Paris. En charge de la marque de soin L’Oréal Paris, Dermo Expertise, elle commence par être sur le terrain. Vendre les produits, remplir des rayons dans les grandes surfaces et ainsi côtoyer de «vraies» consommatrices, ces femmes qui s’impliquent tant dans l’achat d’un produit, lui permettront de forger son caractère. Viendra ensuite la direction marketing du maquillage Maybelline – elle évoque à ce sujet le mariage parfait du rêve et de la technique, certains rouges à lèvres longue tenue demandant jusqu’à quatre ans de recherche. Rapidement ensuite, des postes l’amènent à diriger des équipes.

Les compétences avant tout

C’est en 2007 qu’Anne Guichard rallie Genève, comme elle l’a souhaité. «Au responsable des RH, un peu médusé, j’avais demandé Genève ou… New York.» Cette dernière pour son énergie, pour la promesse du «tout est possible». La première pour sa spécificité de ville internationale offrant une qualité de vie formidable, mais aussi pour la taille d’un pays permettant à la filiale de fonctionner comme une PME qui en réfère à Paris mais avec un vrai pouvoir décisionnel. Le fait que ma famille vit au bord du lac du côté français a aussi compté.

Mariée, trois enfants dont le plus petit avait 3 ans alors, elle confie qu’il s’agissait aussi d’un projet familial. Son époux souhaitait, lui aussi, se frotter à un nouveau challenge et les enfants, motivés par la proximité de la montagne, étaient enthousiastes. «Ici j’ai l’avantage énorme d’évoluer dans un pays de 7 800 000 habitants tout en étant l’un des premiers consommateurs de produits de beauté par habitant dans le monde. Nous sommes une équipe de plus de trois cents personnes et je désire que, tous ensemble, nous améliorions encore notre connaissance du consommateur suisse pour le servir au mieux.»

Une équipe totalement mixte qu’elle entend bien conserver. «Honnêtement, le genre m’importe peu. Je ne juge jamais les gens selon leur sexe mais en fonction de leurs motivations, leurs envies, leurs points de force. Tout dépend de la personnalité. Oui, des femmes peuvent aussi être motivées par l’argent, tout comme les hommes peuvent l’être par le challenge ou l’envie d’apprendre. Il n’y a, à mon sens, aucun déterminisme.»

Sa propre détermination, elle la tient sûrement d’une grand-mère, mère de cinq enfants, qui, pour rien au monde, n’aurait renoncé à son métier d’institutrice dans un village. «Ses filles et petites-filles ont toutes suivi le modèle, chacune dans son domaine de prédilection. En ayant trois enfants, un mari, une carrière, des horaires irréguliers, il faut aimer faire quatre choses en parallèle, mais cela correspond tellement bien à mon caractère.»

Bien sûr, elle travaille beaucoup mais évoque au sein de l’entreprise une mentalité tribale qui entraîne des équipes souvent jeunes à s’entraider et aussi, parfois, à faire la fête ensemble. Reste qu’elle regrette que la Suisse, par son manque d’infrastructures, ne contribue guère à favoriser le travail des femmes.

Et que fait cette femme d’action quand elle se détend? La cuisine. «Je suis très Française sur ce coup-là. Je regarde les émissions culinaires à la télévision, je surveille les sites. Je me mets aux fourneaux et j’invite des amis. Je suis très intéressée par la cuisine moléculaire, le côté réalisation chimique, mais personnellement, je n’ose pas m’y risquer.»

Le Lieu

Alors que certaines personnes sont sensibles aux odeurs, Anne Guichard, elle, leur préfère la lumière. Comme les plantes, elle en a besoin pour vivre et c’est tout naturellement qu’elle désigne sa véranda comme lieu de prédilection. Sorte de «deuxième bureau», elle y consulte Internet, pianote sur son ordinateur portable, ou s’adonne à la lecture avec une préférence pour la littérature anglo-saxonne, Nancy Huston en tête. Ouvrant sur un jardin de ville, avec ses vieux arbres et ses rosiers, ce «balcon» sur la nature incarne la détente. «Il est à l’image de la maison, elle aussi chargée d’histoire. Son charme singulier teinte d’une ambiance particulière chaque journée.»


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