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Alexandre Lanz: «Ozempic, l'antidiabétique polémique»

EDITO ALEXANDRE LANZ ELSA GUILLET

«Qu’on se le dise, on a vu mieux et plus pertinent en matière de slogan engagé.» - Alexandre Lanz

© ELSA GUILLET

«I love Ozempic»: rarement un slogan sur débardeur aura suscité pareille polémique. C’était à Berlin, début juillet 2024. La marque allemande Namilia présentait sa collection de prêt-à-porter printemps-été 2025. Autoproclamé provocateur et rebelle, le label mené par le duo Emilia Pfohl et Nan Li mise tout sur l’effet choc pour s’assurer l’intérêt des médias. Sauf qu’en l’occurrence, cette énième provocation semble être celle de trop. Avant de jeter la pierre au tandem turbulent de la mode, arrêtons-nous un instant pour tenter de comprendre celles que ce slogan a offensées.

Premier constat, l’outrage est double. Explications: Ozempic est le célèbre stylo antidiabétique stimulateur d’insuline pour mieux contrôler la glycémie. Prescrit sur ordonnance médicale uniquement, le médicament produit par la firme pharmaceutique danoise Novo Nordisk a changé la vie de nombreuses personnes atteintes de diabète de type 2.

Jusqu’à l’été 2023, où les pharmacies se sont progressivement retrouvées en rupture de stock. La raison de cette disette est totalement ubuesque.

Titillées par la perte de poids induite par l’effet coupe-faim du médicament, de plus en plus de personnes non diabétiques ont commencé à se faire prescrire de l’Ozempic pour affiner leur silhouette.

Là encore, ce n’est pas tant à ces dernières que l’on est tenté de jeter la pierre, mais aux médecins peu scrupuleux qui signent des ordonnances médicales à des fins esthétiques.

En même temps que j’entends des amies heureuses d’avoir enfin trouvé le graal de la minceur assurée, je vois ma collègue agacée et quelque peu en panique de devoir se rendre en France pour – peut-être – trouver le stylo requis pour soigner le diabète de son père. Absurdité sans borne.

Injonction à la maigreur

L’autre thématique délicate – et pas plus drôle que la pénurie du médicament – c’est le message véhiculé par un tel slogan dans une industrie, la mode, qui ne se défait pas de ses injonctions à l’ultraminceur dans l’objectif de devenir un cintre humain.

Une quête qui, rappelons-le, mène dans certains cas à de sérieux troubles de la santé physique et mentale.

Ironique et dénonciateur, le message de Namilia? Sans doute. Mais quand on fait de l’ironie, il faut être conscient-e de l’ire de celles et ceux qui ne captent pas, ou ne trouvent pas amusant le 15e ​degré du manifeste. Surtout avec un sujet aussi explosif. Qu’on se le dise, on a vu mieux et plus pertinent en matière de slogan engagé. Vivienne Westwood, souveraine de la couture punk en la matière, doit se retourner sur son nuage face à tant de trivialité.


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