Société
Alexandre Lanz: «Nous sommes les paparazzi d'aujourd'hui»
L’été, c’est la saison du farniente sur les plages. En tout cas pour celles et ceux qui, comme nous, vivent dans un coin du monde où c’est encore possible. Savourons notre privilège en toute humilité. Pour la presse people, ces quelques semaines de bikinis et de slips de bain représentent le graal. Rien n’échappe aux objectifs super puissants des paparazzi qui rôdent à l’ombre des palmiers.
Certaines paparazzades laissent des souvenirs indélébiles: comment oublier Orlando Bloom, qui rame à poil et en pleine forme sur un paddle sur lequel est assise en tailleur sa dulcinée Katy Perry, en Sardaigne en 2016?
Personne n’oublie l’annus horribilis de Britney Spears en 2007 et la fin tragique de la princesse Diana poursuivie par des paparazzi à Paris dix ans plus tôt. Harcelées, scrutées, flashées, étalées jusque dans les moindres recoins de leur intimité. L’enfer sur terre.
Régulièrement attaquée pour ces clichés volés, la presse people se justifie en arguant que c’est une manière de rappeler que les célébrités sont des humain-e-s comme les autres. D’accord. Sauf que nous, nos éventuels complexes, notre mine grimaçante en mangeant une tranche de pizza ou notre gueule de bois maladroitement camouflée sous une casquette ne risquent pas de finir jetés en pâture aux yeux du monde. Ce qui fait toute la différence.
Des stars discrètes
Rencontré sur la terrasse de son établissement, le directeur du Gstaad Palace observe depuis quelques années que pour vivre heureuses, les célébrités vivent désormais cachées. Ce n’est plus tant les objectifs des paparazzi qu’elles fuient, mais les écrans de smartphone prêts à dégainer à la moindre apparition pour une image au potentiel hautement viral en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Deux siècles après la première apparition de la créature créée de toutes pièces par le jeune savant Victor Frankenstein en quête de «l’essence de la vie» dans le roman de Mary Shelley, l’ultra-connectivité de nos existences filtrées et surexposées ne serait-elle pas en train de nourrir l’insatiable monstre de notre ultra-moderne solitude?