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Adrien Gontier, chimiste blogueur en guerre contre l'huile de palme

Des ouvriers agricoles récoltent des fruits de palmiers à huile dans une plantation de Medan, en Indonésie.
© DR

Sur son blog (http://vivresanshuiledepalme.blogspot.fr), ce chercheur de 26 ans chronique au quotidien, avec autant de rigueur scientifique que de pédagogie et d'humour, ses efforts pour dénicher ce composé honni dans les biscottes, les pâtes à tartiner, mais aussi les dentifrices ou les déodorants. Ce défi, qu'il vit "davantage comme un amusement que comme une contrainte", est né d'un engagement militant au service de l'écologie. Adrien, thésard en géochimie, qui a adhéré il y a peu à Greenpeace, n'achète ses légumes que chez des petits producteurs locaux, pourfend la malbouffe et la surconsommation.

S'il crie haro sur l'huile de palme et tous ses dérivés, c'est que cette substance est devenue depuis une dizaine d'années la première huile consommée sur la planète, en raison de son utilisation massive par l'industrie agro-alimentaire. Conséquences: des milliers d'hectares de forêt tropicale sont arrachés chaque année en Malaisie et en Indonésie pour faire place à cette culture intensive, les populations locales sont expulsées, la faune décimée. Sans compter l'impact sur la santé des consommateurs de cette huile très riche en acides gras saturés.

"L'idée de ce défi, c'est d'enquêter pour dénicher l'huile de palme partout où elle se trouve, et de réfléchir à la manière dont on peut s'en passer", résume le jeune homme mince et volubile, le cheveu court, qui se voit comme un "lanceur d'alerte" et donne régulièrement des conférences sur le sujet dans des salons bio ou écologistes.

Vivre sans huile de palme est un défi de chaque instant. Si l'on cuisine soi-même, a priori, pas de problème. Mais dès que l'on achète des aliments industriels (y compris d'inoffensifs petits gâteaux), la matière grasse en question, considéré par les industriels comme moins chère et plus stable, est quasiment partout. Pire: par le biais de ses dérivés (émulsifiants, antioxydants et autres émollients, notamment), le fruit du palmier à huile se glisse aussi dans les produits d'entretien, d'hygiène, et même dans certains médicaments. Ainsi que dans le gasoil des véhicules diesel, par le biais des agrocarburants.

Adrien a donc appris à tester des recettes "maison". Dans des pots de confiture, il stocke sa propre pâte à tartiner aux noisettes, son propre dentifrice (à base de bicarbonate de soude et d'argile verte), son déodorant (fait d'alcool, d'eau florale et de pierre d'alun) ou encore son savon (soude et huile d'olive). Obstiné, il est devenu expert dans le déchiffrage des étiquettes des produits de grande consommation, et a créé pour ce faire un "petit guide vert", disponible sur son site. "Lisez les étiquettes!", s'exclame le blogueur, qui connaît par coeur toutes les dénominations alambiquées et envoie des centaines de courriels aux industriels pour leur réclamer davantage de transparence sur les emballages.

"Je ne suis pas naïf: +huile végétale+, sans plus de précision, c'est presque toujours de la palme". Mais des noms plus mystérieux, comme le "monostéarate de glycérol", aussi. "Heureusement que je suis chimiste, sans ça j'aurais du mal à m'y retrouver", s'amuse-t-il. Lorsque l'année sans palme prendra fin, en juillet, le combat d'Adrien continuera, quoique sous une forme sans doute un peu moins stricte. "Je m'autoriserai d'avantage d'incartades, mais je garderai toujours une aversion pour l'huile de palme".


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