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fin d'une ère

Adieu, Queen Elizabeth II. Le monde ne sera plus jamais le même

Adieu reine elizabeth le monde ne sera plus jamais le meme

Couronnée en 1953, sa Majesté venait de fêter, en juin 2022, son Jubilé de Platine, marquant ses 70 ans de règne.

© GETTY IMAGES/TIM GRAHAM

On croyait que ce jour n’arriverait jamais. On la pensait immortelle, irréductible, éternelle. On espérait qu’elle serait toujours là, avec ce sourire rassurant, ces cheveux argentés, ces yeux malicieux, cette silhouette légèrement courbée sous le poids de tout ce qu’elle a porté, en ses 70 ans de règne. Et pourtant, malgré nos espoirs les plus naïfs, voilà qu’une aube se lève sur un monde sans reine Elizabeth II. Le thé est froid, les pélicans pleurent. La reine, ce roc, n’est plus.

Sur les coups de 19h30, le 8 septembre 2022, les porte-parole officiels du Palais annonçaient que sa Majesté était décédée «paisiblement à Balmoral, dans l'après-midi». Selon le message, le prince Charles et Camilla, automatiquement devenus le nouveau couple royal britannique, resteraient dans le château écossais jusqu'au lendemain. «Le décès de ma Mère bien-aimée, sa Majesté la reine, est un moment d'immense tristesse pour moi et ma famille», a ajouté le nouveau roi dans sa propre déclaration.

On ne peut qu'imaginer les heures et minutes ayant précédé les premières annonces du décès, livrées par la BBC aux alentours de 19h. Ainsi que l'exige le protocole, prémédité depuis 1960, le secrétaire général de sa Majesté a directement téléphoné à la nouvelle Première ministre, Liz Truss, dont la prise de poste esquisse déjà le début d’un futur biopic. Soufflés dans le combiné, quatre mots historiques: London Bridge is down. La reine est morte. L’expression est bien choisie. On ne s’étonnerait pas, en ce sombre jour, de voir la ligne d’horizon londonienne dérobée de son monument le plus mythique. C’est un peu ce qu’il s’est passé pour le pays tout entier.

Or, elle devait bien s’y attendre, Mrs Truss. On s'y attentait toutes et tous un peu, bien qu'on ne veuille pas encore l'accepter. Depuis plusieurs heures, le Royaume Uni guettait, la gorge serrée, des nouvelles du palais. Dans une première communication, diffusée vers midi, Buckingham avait révélé que les médecins s'inquiétaient pour la santé de la monarque, placée sous surveillance médicale. Cette annonce inhabituelle n'avait pas manqué de semer l'angoisse. Diplomates, dirigeant-e-s et célébrités s'étaient empressé-e-s d’expédier leurs vœux et prières via les réseaux sociaux. La famille royale, dont les princes William, Andrew, Edward et Charles, sans oublier l'enfant rebelle Harry, sillonnaient déjà les routes écossaises jusqu’au château de Balmoral pour rejoindre le chevet de leur reine. Dans les rédactions, c’était la panique. Les un-e-s essuyaient déjà quelques larmes, d’autres gardaient espoir. La BBC affirmait en effet que sa Majesté se montrait sharp as a tack (très lucide), malgré son corps fatigué. La possibilité qu’il ne s’agissait que d’une petite frayeur existait encore. «Ouf, your Majesty, vous nous avez fait tellement peur!» Si seulement.

Dès 17h, en voyant la presse britannique déambuler devant le palais dans de funestes costumes noirs, même les plus optimistes d’entre nous ont fini par comprendre qu’il se passait quelque chose de sérieux. Que ce moment, si souvent prémédité, était arrivé.

Une présence constante

Oui, elle avait 96 ans. Oui, c'est le cours de la vie. Mais le 8 septembre 2022 marque désormais la fin d'une ère. Très peu d'êtres humains actuellement sur Terre ont connu un monde sans Elizabeth II, qui détient le record du plus long règne sur le trône britannique. D'après les chiffres du Washington Post, 9 humain-e-s sur 10, actuellement en vie, sont né-e-s après qu'Elizabeth soit devenue reine. Et pour cette raison, reine, elle le sera toujours pour nous tous-tes.

Elle s'est bravement avancée, à 21 ans, là où son oncle s'était reculé. Elle a tenu la barre d'une main ferme et dévouée, jusqu'au bout, à l'image de son père George VI. Elle a été là, solide et constante, durant le Blitz, la Guerre froide, le Désastre d'Aberfan, le Brexit, le Coronavirus... Elle a vu passer quinze Premier-es ministres, enregistré 69 allocutions de Noël, vu naître huit petits-enfants, vécu des drames familiaux, perdu des êtres chers, regardé son domicile brûler, célébré un historique Jubilé de platine. Durant les périodes les plus sombres de sa vie, le château écossais de Balmoral a constitué son refuge le plus robuste. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale faisait rage, c'est entre ses murs rassurants que la jeune Elizabeth et sa sœur Margaret ont été envoyées, à l'abri des bombes. L'Histoire voulait que la souveraine y vive également ses derniers instants.

Ses passe-temps favoris incluaient la photographie, l'équitation et les balades avec ses précieux corgis. Elle lisait studieusement tous les journaux, tenait à être informée de tout ce qui se déroulait dans son pays. Ses proches la surnommaient Lilibet et, d'après ses biographes, son mari se plaisait parfois à la gratifier du doux nom de Cabbage (chou). Le prince George, quant à lui, l'appelait affectueusement Gan Gan. On disait d'elle qu'elle avait de l'humour, une répartie imparable. Qu'elle était très humaine, avant tout, peu importe ce que tentent de nous faire croire les scénaristes de Netflix. Elle était femme, mère, épouse et reine. Surtout reine.

En Une de l'édition d'octobre du magazine Time, on peut d'ailleurs lire le titre The Queen. La seule et unique.

Au printemps 2021, sa Majesté assistait seule aux funérailles de son époux, le prince Philip, décédé deux mois avant son 100e anniversaire. Après 73 années de mariage, les restrictions sanitaires liées au Covid-19 l'avaient contrainte de vivre ce deuil très esseulée, tandis que Boris Johnson organisait des fêtes secrètes à Downing Street. L'Angleterre n'a jamais pardonné cette injustice à son ex-Premier ministre: elle a beau râler parfois, elle tient à sa reine. Au moment de l'annonce du décès, la foule rassemblée devant Buckingham a entonné God Save the Queen. Il a plu à verses à Londres, en ce 8 septembre, mais un arc-en-ciel s'est levé au-dessus de Windsor, à l'instant ou cette femme d'exception a donné son dernier souffle.

Sa Majesté a tenu sa promesse, faite aux citoyen-ne-s britanniques à l’âge de 21 ans: «Ma vie entière, qu'elle soit courte ou longue, sera dédiée à vous servir.» Jusqu'au bout, ainsi que ne cesse de le rappeler la presse anglaise, la reine de 96 ans assurait la plupart de ses tâches en personne, ne se reposant qu'un jour sur deux. Infatigable jusqu'à la fin.

Ces prochaines semaines, alors que les audiences de The Crown connaîtront sans doute de nouveaux records, nous devrons commencer à nous habituer à ce monde sans Elizabeth II. La reine, elle, a bien mérité un peu de repos, de légèreté. Elle a retrouvé son Philip.

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