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Accouchement: et si on changeait de position?

Accouchement: et si on changeait de position?

Le débat sur les violences obstétricales englobe le moment de l'accouchement et, notamment, la posture de la femme.

© Getty

L’actualité foisonne d’exemples. Depuis #MeToo, surtout, les témoignages de femmes ayant mal vécu leurs consultations gynécologiques ou leur accouchement se multiplient. L'expression «violences obstétricales» a ainsi vu le jour. La France vient de mettre en place un label «maternité bienveillante», alors que le Conseil de l’Europe a passé ce 3 octobre 2019 une résolution contre ces violences obstétricales qui, notamment, recommande aux Etats membres de prendre des mesures contre les actes sexistes et les violences subis lors de l’accouchement.

Plus pragmatique, la photo d’une femme accouchant de dos dans un hôpital de Dallas, a été partagée des milliers de fois sur Instagram, puis sur Facebook, (re)posant la question de la posture d’accouchement idéale…

Marie-Hélène Lahaye, autrice de «Accouchement: les femmes méritent mieux» (Ed. Michalon), milite depuis longtemps pour que les futures mères reprennent le contrôle de ce moment clé qu’est l’accouchement. Interview.

FEMINA Déjà, qu’est-ce que cette résolution du Conseil de l’Europe va changer?
Marie-Hélène Lahaye
Premièrement, il faut savoir que ce n’est pas contraignant. C’est un engagement politique, mais il est quand même majeur, réclamant notamment des campagnes de sensibilisation, la mise en place de mécanismes de signalement et de dépôt de plainte, ainsi qu'une législation sur le consentement éclairé. C’est la première fois, au niveau européen, que l'expression violences obstétricales est utilisée. Rappelez-vous qu’il y a deux ans à peine, quand Marlène Schiappa, chargée de l’égalité hommes-femmes au sein du gouvernement Macron, l’avait utilisée, un tollé général avait suivi. Depuis, on a vu évoluer une partie de la profession. Avant, seul les milieux militants parlaient de violences obstétricales. Les professionnels préféraient quant à eux l'expression humanisation des naissances.

Dans l’imagerie populaire occidentale, une femme qui accouche est toujours représentée couchée sur le dos, les jambes pliées… une aberration?
Oui, ça n’a physiologiquement aucun sens. Regardez les femelles animales: même chez les singes, aucune se couche sur le dos. Il n’y a pas de certitude historique quant à l’origine de cette posture. Ça pourrait venir de Louis XIV, qui aurait convaincu son médecin de placer sa maîtresse, Louise de la Vallière, dans cette position afin de pouvoir observer la naissance plus aisément…

Il est vrai que, pour les médecins, cette position est très confortable, mais on ne profite pas de la gravité, on ne profite pas du mouvement, c’est aberrant.

Y a-t-il une alternative idéale?
L’idéal serait de laisser le choix, dans la mesure du possible, à la femme qui accouche. Ainsi, on peut donner le jour en étant couchée sur le côté, d’autres le font debout. Il faudrait aussi laisser la possibilité de bouger, de marcher. Une étude a montré que si le bébé est bloqué au niveau du bassin, le fait pour la femme de se mettre à 4 pattes règle le problème dans 80% des cas. Toutefois, ce n’est culturellement pas accepté, on préfère utiliser des instruments…

Et en cas de péridurale? C’est tout de même compliqué d’être autrement que couchée, non?
Quand une femme a une péridurale, ses jambes sont anesthésiées. Elle ne peut donc pas prendre une position qui demande un appui sur celles-ci. Elle peut néanmoins se coucher sur le côté, voire sur le ventre, les jambes repliées sous elle (avec l'aide d'une personne pour se retourner). La péridurale limite les mouvements, c'est sûr.

Il y a une espèce d’ignorance physiologique de l'accouchement chez certaines femmes. La culture populaire est aussi coupable. Ainsi, au cinéma, on représente toujours l’accouchement de la même manière. Il faut que ça change.

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