
Vous vous sentez continuellement épuisée, complètement à plat, vous avez du mal à vous concentrer? N’incriminez pas immédiatement les problèmes psychologiques ou le stress. Vous manquez peut-être simplement de fer. Ce sel minéral est en effet essentiel au fonctionnement de l’organisme. Il participe à la production de l’hémoglobine – ce constituant des globules rouges qui transportent l’oxygène dans le corps – et à celle de la myoglobine contenue dans les muscles. «Il aide aussi les mitochondries, qui sont les usines énergétiques des cellules, à libérer leur énergie», souligne Bernard Favrat, médecin adjoint à la Policlinique médicale universitaire (PMU) de Lausanne. Même notre cerveau a besoin de fer pour assurer la bonne marche des neurones.
De quoi souffre-t-on quand on a une carence en fer?
Il n’est donc pas surprenant que lorsqu’on est en déficit de fer on en ressente aussitôt les effets. D’abord une grosse fatigue. Un manque d’énergie et de force dans les muscles. Les cheveux et les ongles qui deviennent cassants. Et si la carence s’accentue, on devient anémique. On a aussi du mal à se concentrer et, pour peu que l’on soit dépressive, la maladie s’aggrave. Le sommeil peut aussi en être troublé. «Un déficit en fer peut créer des tensions très pénibles dans les jambes lorsqu’on est couché, explique le spécialiste de médecine interne. Les personnes affectées par ce «syndrome des jambes sans repos» doivent alors régulièrement se lever pendant la nuit pour soulager leurs membres.» C’est dire que le problème ne doit pas être pris à la légère, surtout par les femmes enceintes car l’élément minéral est essentiel au bon développement du fœtus.
D’où viennent les carences?
Le fer est présent en très petite quantité dans notre organisme (un corps féminin en contient en moyenne 2,5 grammes) et, chaque jour, nous en perdons une partie que nous compensons en mangeant. Il y a carence lorsque notre alimentation ne nous apporte pas suffisamment de fer ou lorsque ce dernier est mal absorbé (par exemple chez les personnes qui ont une intolérance au gluten). Ou encore lorsqu’on en perd trop, notamment lors de saignements digestifs ou gynécologiques.
Qui est le plus exposé?
Les femmes sont donc particulièrement touchées par ce manque: des enquêtes épidémiologiques menées en France concluent que près du quart de la population féminine est concerné. «Pendant la période de menstruation, une femme perd environ 25 milligrammes de fer. C’est beaucoup car, habituellement, on n’en élimine qu’un milligramme par jour», remarque Bernard Favrat. La grossesse est aussi une période critique, car le fœtus a besoin de fer qu’il absorbe aux dépens de sa mère.
Les sportifs des deux sexes sont aussi à risque, car l’activité physique régulière et intensive consomme beaucoup de fer. Quant aux personnes très âgées, elles sont également menacées dans la mesure où elles se nourrissent souvent mal ou trop peu.
Comment savoir si l’on manque de fer?
Une fatigue prolongée et anormale peut avoir de multiples origines qui vont des inflammations aux hémorragies gastro-intestinales en passant par les problèmes de sommeil, la consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments. Une fois éliminées ces causes éventuelles, il faut envisager le déficit en fer. Pour le dépister, les médecins avaient coutume d’analyser l’hémoglobine. Mais ce n’est pas suffisant, selon Bernard Favrat. «On peut avoir une carence en fer même si son taux d’hémoglobine n’est pas anormalement bas et que l’on ne souffre pas d’anémie.» Son équipe a démontré que pour détecter de manière incontestable un déficit il était préférable de mesurer la ferritine, une protéine qui stocke le fer.
Comment traiter?
Si le déficit en ferritine est avéré, on peut le compenser par des comprimés. Le spécialiste déplore qu’il soit souvent conseillé de les prendre une demi-heure avant de manger. Car en fait, il vaudrait mieux les avaler pendant le repas: «Certes, ils sont alors un peu moins bien absorbés par l’organisme, mais ils provoquent beaucoup moins de maux de ventre, de constipation, de diarrhées et autres effets secondaires.» Et de ce fait, ils sont mieux tolérés. «Au cas où les symptômes persistent, précise Bernard Favrat, on peut aussi avoir recours à des injections intraveineuses de fer. «L’effet est parfois spectaculaire. Certaines de mes patientes qui se traînaient retrouvent immédiatement leur allant après la piqûre.» Mais ce traitement ne doit être considéré que «dans un deuxième temps, car il peut provoquer des allergies». Inutile cependant de se précipiter chez le pharmacien et de vouloir soulager par automédication ses grosses fatigues. Celles-là peuvent aussi être dues… à un excès de fer.
Que manger pour éviter les carences?
Viandes rouges, foie et abats Avec les poissons gras et les fruits de mer, ce sont les aliments les plus riches en fer. Les végétariens et, plus encore, les végétaliens, sont donc menacés de carences.
Les légumineuses et les noix Le fer est présent dans les légumes secs (lentilles et haricots verts), les noix, graines et céréales complètes. Même s’il se laisse moins bien assimiler que celui des produits animaux.
Les légumes verts Les épinards, et les brocolis, renferment un peu de fer. Beaucoup moins cependant que ce que prétendait Popeye: à l’époque, les scientifiques avaient fait une erreur de virgule et multiplié par dix la quantité de sel minéral contenue dans ces légumes…
Le jus d’orange Les fruits riches en vitamine C augmentent l’absorption du fer apporté par les autres aliments. En revanche, le café et le thé – «à l’exception, précise Bernard Favrat, du thé Rooibos d’Afrique du Sud, pauvre en tanins» – diminuent cette assimilation.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!