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Être enceinte en 2021

Grossesse à risque au temps du Covid

Grossesse temps covid

«On entend dire beaucoup de choses, que le Covid peut provoquer des fausses couches ou un accouchement prématuré et, quand on est enceinte, on est de toute façon très sensible aux informations liées à la santé», témoigne Orianne de Saussure.

© Rebecca Bowring

Elle aura 41 ans lorsqu’elle accouchera, dans quelques semaines. C’est une grossesse tardive comme on dit. Elle s’en amuse en parlant de «grossesse gériatrique». L’humour pour conjurer une inévitable anxiété. Oriane de Saussure a choisi son arme pour traverser la pandémie avec un ventre qui grossit.

En Suisse, l’âge moyen des femmes qui accouchent ne cesse d’augmenter. En 2012, le nombre de femmes de 40 ans et plus ayant eu un enfant a ainsi dépassé les 5000, un chiffre multiplié par cinq par rapport au début des années 80. Oriane de Saussure n’a pas eu à faire face à un diabète ou à une hypertension, qui surviennent aussi plus souvent chez femmes enceintes au-delà de 40 ans, mais le Covid fait peser sur ce qui devrait être une période de réjouissance, un voile d’inquiétude. «Je suis consciente qu’à mon âge, je n’aurai sans doute pas d’autres opportunités de grossesses, alors je suis vraiment aux aguets», confie cette maman d’une fillette de 4 ans. Adjointe de direction dans une institution d’aide sociale, la Genevoise télétravaille.

«Je suis quasi confinée à la maison, très attentive à tout, notamment à l’hygiène des mains, j’ai peu de contacts. Malgré ça, j’ai eu le Covid».

L’infection a eu lieu l’automne dernier. Oriane de Saussure en est alors à deux mois et demi de grossesse. «On entend dire beaucoup de choses, que le Covid peut provoquer des fausses couches ou un accouchement prématuré et, quand on est enceinte, on est de toute façon très sensible aux informations liées à la santé». Le Covid sera relativement bénin dans son cas: «J’ai eu un énorme rhume, sans fièvre, mais avec une très grosse fatigue qui a duré deux mois». Elle a d’abord cru à une rhinite de grossesse. Lors du contrôle médical on lui fait passer un test Covid, qui se révèle positif. «J’ai reçu les instructions classiques: rester à la maison, en isolement et surveiller d’éventuels signes inquiétants. Et puis, mon suivi a été un peu plus serré en termes d’échographies pour surveiller la croissance du bébé.»

Aujourd’hui, l’arrivée de nouveaux variants du coronavirus ravive l’inquiétude. D’autant que sa fille va à la crèche. «Il y a eu des cas contacts chez les enfants, les parents, les éducateurs. Je l’ai retirée deux jours, le temps de voir comment la situation évoluait. Forcément, on se pose beaucoup de questions.» D’autant qu’elle le sait, elle n’a plus d’anticorps. «J’ai fait un test sérologique. Quand j’ai eu les résultats, j’avoue que je l’ai mal vécu. Je pensais être un peu protégée. Ce n’est pas le cas».

En alerte permanente

Ses hauts et ses bas, elle nous les raconte d’une voix enrouée. «Une toux, explique-t-elle. J’ai l’impression que tout passe par moi, alors que je reste sur le canapé de mon salon… mais j’ai refait un test Covid, il est négatif». Soulagée, bien que fatiguée d’être en alerte permanente. «Les circonstances font qu’on est moins à la joie de la grossesse qu’à la façon dont on gère tout ce qui l’entoure. On sort moins, on voit moins de monde, on peut moins partager la joie qu’on ressent d’attendre un enfant. Je me sens parfois un peu comme une poule en train de pondre son œuf dans son poulailler.»

«Il arrive que mes collègues, que je vois par écran interposé, me demandent de me lever pour apercevoir la taille de mon ventre.»

Son accouchement est prévu à l’Hôpital de la Tour, à Genève. «Devra-t-on porter un masque? J’espère que non. Au-delà de la douleur, le challenge de l’accouchement, c’est le souffle. Alors, avoir ça devant le visage… mais je me dis que si d’autres l’ont fait, je pourrais aussi». Ce qui est sûr c’est que son conjoint sera présent. Et ça, pour elle, c’est primordial: «On n’a pas envie d’être seule dans un moment comme celui-là.» 

Interview: «L’âge de la mère n’est pas le plus grand facteur de risque face au Covid»

Spécialiste de médecine maternelle, Agnès Ditisheim fait partie du nouveau centre de traitement des grossesses à risque de l’Hôpital de la Tour.

FEMINA Dans quelle mesure une grossesse tardive augmente-t-elle les risques par rapport au Covid?
Agnès Ditisheim Les facteurs de risques de coronavirus sont, chez les femmes enceintes, les mêmes que dans la population en général. Si elles n’ont pas plus de risque de le contracter, on observe toutefois qu’elles ont plus de risque d’évoluer vers une forme sévère de Covid, qui, au-delà de la maladie maternelle, augmente le risque de complications de la grossesse, comme la prématurité. Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables aux virus respiratoires du fait d’une modulation de leur système immunitaire et de modifications physiologiques pulmonaires.

L’âge, cependant, n’est pas, en soi, le facteur de risque le plus important. Ce sont plutôt les problèmes de santé maternelle (obésité, diabète, hypertension…), plus fréquents avec l’âge, qui pèseront dans la balance. Si la prudence est de mise, rappelons qu’une très large majorité guérit sans complications.

Faut-il recommander aux femmes enceintes de se faire vacciner, ou pas?
Il faut savoir que la vaccination durant la grossesse se pratique depuis longtemps. Certains vaccins, vivants atténués, sont par prudence déconseillés, mais la majorité sont des vaccins inactivés, dépourvus de pouvoir infectant. Les vaccins de la grippe et de la coqueluche font d’ailleurs partie de la stratégie vaccinale durant la grossesse. Le but est de protéger la mère, mais on souhaite aussi obtenir une immunité passive supplémentaire pour le bébé.

Pour le coronavirus, nous manquons de recul concernant leurs effets, particulièrement sur les femmes enceintes et allaitantes, qui sont écartées des essais cliniques.

Il est donc pour l’instant difficile de se positionner clairement. Toutefois, les vaccins à ARN messager qui ont été autorisés en Suisse sont totalement dépourvus de pouvoir infectant. On sait aussi qu’ils ne provoquent pas de malformations chez l’animal. La vaccination généralisée durant la grossesse n’est pas encore recommandée dans notre pays, mais l’OFSP a récemment précisé que si une femme enceinte souhaitait se faire vacciner et qu’elle présentait des facteurs de risque par rapport au coronavirus, on pouvait le lui proposer.

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