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Le mois dernier, la France découvrait avec étonnement que de nombreuses femmes, surtout parmi les 20-30 ans, se détournaient de la pilule. En 2013, selon un rapport officiel, une utilisatrice sur cinq avait préféré une autre méthode de contraception. Un choc dans le pays qui détient le record mondial du nombre d’adeptes de la plaquette! Les inquiétudes liées à la polémique autour des pilules de 3e et 4e génération expliquent en grande partie cette désaffection. Mais, à y regarder de plus près, on constate que la tendance à ne plus vouloir se contenter de la pilule comme seule solution pour éviter une grossesse non désirée a débuté au début des années 2000.

Et chez nous? «Il est évident que la méfiance face aux hormones a augmenté, constate Angela Walder, sage-femme et conseillère à l’Unité de santé sexuelle et planning familial des HUG à Genève. Mais, en Suisse, l’approche se veut plus personnalisée et de nombreux critères sont pris en compte: l’histoire de vie de la femme, son âge, d’éventuels facteurs de risque médical, son mode de vie, son choix… La pilule n’est pas la norme.» Selon l’Office fédéral de la statistique et une étude de 2012, environ 30,3% des femmes y recourent, avec un pic entre 15 et 24 ans (63,6%). Le préservatif occupe la première marche du podium (31,4%), le stérilet, en cuivre ou hormonal, la 3e (15,9%). On peut aussi opter pour des implants, des patchs, des anneaux vaginaux, des préservatifs féminins, des capes cervicales ou les méthodes «naturelles» comme celle de la symptothermie (température et examen des glaires) et le retrait.

Stérilet, le grand retour!

A l’avenir, ce classement pourrait pourtant bien se modifier en faveur du stérilet. «Depuis deux ou trois ans, l’attitude face à cette méthode a complètement changé», constate le Dr Jacques Seydoux, médecin-chef du département de gynécologie et d’obstétrique de l’hôpital du Jura à Delémont. Auparavant, le dispositif intra-utérin (DIU) avait mauvaise presse. Il était soupçonné de causer des infections, voire des infertilités.

Tout ça, c’est fini! L’ancien président de la Société suisse de gynécologie et d’obstétrique relève que ce sont «les spécialistes américains, les premiers, qui l’ont réhabilité. Et l’Europe suit le mouvement.» Encore plus surprenant: les stérilets sont désormais prescrits à des jeunes femmes qui n’ont pas eu d’enfants et même à des ados! «Cette méthode est très sûre, elle ne présente pratiquement pas de contre-indications et très peu d’effets secondaires», affirme le Dr Seydoux. L’arrivée sur le marché suisse, en janvier dernier, d’un nouveau stérilet hormonal, plus petit et plus facile à poser, devrait encore populariser cette technique.

Et eux, alors?

Alors que de plus en plus de femmes se plaignent de devoir porter seules la responsabilité de la contraception, y a-t-il, outre le préservatif et la vasectomie, de nouvelles méthodes côté masculin? Une future pilule XY, par exemple? «Contrôler 50 millions de spermatozoïdes, c’est beaucoup plus difficile que bloquer un ovule», rappelle Angela Walder. De fait, malgré des effets d’annonce de telle ou telle équipe de recherche, la pilule pour homme n’est pas pour demain. «Ce serait un processus très complexe, affirme le Dr Seydoux. Il faudrait aussi être certain qu’il soit absolument réversible et bon marché. Franchement, je n’y crois pas!»

Et nous, sommes-nous vraiment sûres de la souhaiter? «Les femmes nous disent qu’elles auraient de la peine à faire confiance à leur compagnon, parce qu’elles savent qu’une pilule est vite oubliée, souligne la conseillère du planning genevois. Or, ce sont les femmes qui en supporteraient les conséquences si elles devaient avorter.» Donc, on oublie. La gamme des moyens à disposition est déjà impressionnante et rien ne nous oblige à faire un choix en solo. Discuter avec son compagnon – quand c’est possible – est le meilleur moyen de faire le choix d’une contraception qui nous convienne à nous et à notre couple.

Contraceptifs usuels: s’informer régulièrement

Fini l’époque où la plupart des femmes commençaient leur vie sexuelle avec la pilule avant de passer au stérilet ou à une stérilisation quand elles avaient eu des enfants. En matière de contraception, les parcours et les moyens, comme ceux évoqués ici, sont de plus en plus variés. Les recommandations évoluent aussi avec l’avancée des connaissances médicales. Avec qui en parler? Avec son gynéco, bien sûr, ou avec des conseillères dans l’un des centres de Santé sexuelle Suisse. Les entretiens y sont confidentiels et gratuits. Et des fiches d’informations sont disponibles en 11 langues. Site: www.sante-sexuelle.ch

La pilule

Petits comprimés composés d’hormones de synthèse qui bloquent l’ovulation. C’est une méthode très fiable, pour autant qu’on ne l’oublie pas. A son arrivée sur le marché, elle a été accusée de mille maux avant de devenir un contraceptif de routine. Il a fallu quelques accidents dramatiques ces dernières années pour qu’on se rappelle qu’elle peut aussi avoir des effets secondaires. Surtout en ce qui concerne ses variantes les plus récentes. «On a longtemps dis- tribué la pilule un peu légèrement en oubliant que c’est un médi-cament», reconnaît le Dr Seydoux. Depuis l’année dernière, les gynécologues suisses disposent donc d’une check-list à utiliser avant chaque prescription. Objectif: identifier d’éventuels facteurs de risque. Comme l’âge (méfiance après 35 ans), le fait de fumer et, désormais aussi, l’obésité.

Le préservatif

Pour l’instant, la seule méthode contraceptive réversible et sûre accessible aux hommes. Bien utilisé, le préservatif masculin fait partie des moyens très sûrs. Il présente un autre avantage: c’est l’unique mode de protection contre les infections sexuellement transmissibles. Au début des années 90, son équivalent féminin a fait son apparition. S’il est bien mis en place, il garantit lui aussi une bonne sécurité, mais très peu de femmes l’ont adopté, notamment en Occident.

Le stérilet

C’est un petit appareil en forme de T que le gynécologue place dans l’utérus. Pendant longtemps, il n’en existait qu’un modèle, en cuivre, matériau auquel les spermatozoïdes sont allergiques. Puis on a inventé des dispositifs qui diffusent une petite quantité d’hormones. Le nouveau venu sur le marché appartient à cette famille. Caractéristique: il est plus petit et l’insertion en est facilitée. Contrairement aux stérilets au cuivre, les stérilets hormonaux conviennent aussi à celles qui ont des règles douloureuses ou très abondantes. Chez certaines femmes, les menstrues disparaissent même complètement. Le stérilet est une méthode très efficace et généralement bien tolérée. Autre avantage, sa durée d’utilisation. De 3 à 5 ans en moyenne. Inconvénients: la pose peut être douloureuse chez certaines femmes, il peut aussi parfois causer des douleurs abdominales ou être expulsé. Ne pas oublier non plus qu’il ne protège absolument pas des infections sexuellement transmissibles.

Le patch, l’implant, l’anneau vaginal

Ces méthodes à base d’hormones anticonceptionnelles sont semblables à la pilule. Que ce soit pour leur efficacité ou leurs effets secondaires.

Patch: C’est un petit carré d’environ 4 cm de côté à coller sur la peau (mais pas sur les seins!). Utilisation: un patch par semaine pendant 21 jours avant une pause de 7 jours. Inconvénient: un moyen de contraception qui se «voit».

Implant: Un petit bâtonnet de 4 cm de long que le gynéco glisse sous la peau du bras. Il est efficace pendant 3 ans. Inconvénient: il peut perturber le cycle.

Anneau vaginal: D’environ 5 cm de diamètre, il se place dans le vagin pendant 3 semaines. On le retire pour la 4e et on en replace un nouveau après 7 jours.

La contraception «naturelle»

Cette approche bannit les hormones de synthèse et les dispositifs placés dans le vagin ou l’utérus.

Retrait, ou coït interrompu: l’homme se retire avant d’éjaculer. Inutile de dire que cela exige un grand contrôle de soi et peut frustrer les deux partenaires. En plus, ce n’est pas sans risque: des spermatozoïdes peuvent déjà être présents dans le liquide séminal avant l’éjaculation.

Méthode symptothermique. Une méthode Ogino améliorée. Concrètement, cela signifie prendre sa température tous les matins et observer l’aspect de ses glaires. Très marginale, la symptothermie connaît un regain d’intérêt. Dû aux polémiques entourant la pilule, à la sensibilité «verte», mais aussi à une étude allemande de 2007 qui la crédite d’une bonne fiabilité pour autant qu’elle soit pratiquée correctement. Elle demande, en effet, une très forte motivation de la part de celles qui l’utilisent. Mieux vaut aussi mener une vie assez régulière. Difficile de se fier à une prise de température après quelques heures de sommeil suivant une soirée arrosée! Elle nécessite également de pouvoir dialoguer avec son partenaire à propos des jours «à risque». A réserver aux relations stables et aux couples pour qui une grossesse imprévue est envisageable.

Quand il y a urgence…

Jusqu’à récemment, il n’y avait qu’un recours: la contraception d’urgence, aussi appelée «pilule du lendemain». Ce comprimé de progestérone doit être pris le plus vite possible (72 heures au plus tard après un rapport à risque). Pas besoin d’ordonnance au-dessus de 16 ans. Maintenant, on dispose également d’une pilule qui peut être utilisée jusqu’à cinq jours après des relations sexuelles non protégées. Le stérilet, lui aussi, permet d’empêcher une grossesse non désirée. Il doit être impérativement posé dans la même période de cinq jours.

Gare aux smartphones!

Il existe déjà plus d’une vingtaine d’applis qui permettent de tenir le journal de ses cycles menstruels et de les prévoir à l’avance. Superpratique. Mais à ne pas utiliser comme méthode de contraception! C’est tout au plus la méthode (imparfaite) du calendrier en version 2.0. Il faut aussi tenir compte d’éventuels bugs. Comme quand on se fait réveiller par une alarme: «Vous n’avez pas eu vos règles depuis 1260 jours»! Authentique.

Se protéger à deux c’est mieux

La fondation Santé sexuelle Suisse chapeaute 80 centres de planning dans tout le pays. Anita Cotting l’a dirigée pendant 12 ans. Un poste-clé pour connaître les attentes et les pratiques de ses utilisatrices. A quelques jours de sa retraite, la directrice constate une attente grandissante d’un meilleur partage de responsabilités avec les hommes.

FEMINA Y a-t-il actuellement des changements majeurs dans l’approche de la contraception?
ANITA COTTING  Sur le long terme, il y a d’abord une différence fondamentale: aujourd’hui, les jeunes femmes ne savent pas combien il a fallu se battre pour avoir accès à la contraception, en particulier à la pilule. Et quel progrès incroyable cela a représenté à l’époque. Si je devais résumer, beaucoup d’entre elles nous disent: «OK, c’est un droit, mais nous le vivons souvent comme une servitude.»

Pourquoi ne voient-elles plus la contraception comme une liberté supplémentaire?
Elles ont l’impression que la responsabilité repose sur elles seules, puisque la pilule existe. Et que si une grossesse imprévue arrive, c’est uniquement de leur faute. Elles se posent également des questions sur les contraceptifs hormonaux. A propos des effets à long terme sur leur santé, de la banalisation de certains effets secondaires (maux de tête, baisse de la libido) et aussi de leurs conséquences sur l’environnement. On parle beaucoup des résidus de la pilule que l’on retrouve dans l’eau, ce qui est assez culpabilisant. Alors que bien d’autres substances pharmaceutiques du même type, qui ne viennent pas de la pilule, aboutissent aussi dans les stations d’épuration.

Cette attitude critique les amène-t-elle à rejeter la pilule?
Disons que nous constatons de plus en plus de demandes pour des méthodes naturelles comme celle qui allie température et examen des glaires. Mais si l’on veut qu’elle ait une certaine efficacité, elle est très contraignante, elle aussi! Il faut tout d’abord bien connaître son corps et ne pas avoir de réticence à l’examiner, à le toucher… Pour beaucoup de femmes occidentales, aujourd’hui, ce n’est pas du tout évident. On aimerait toutes une pilule naturelle aux plantes, mais ça n’existe pas! (Rire). C’est important aussi d’avoir un partenaire avec lequel on peut parler, notamment des jours à risque.

Les hommes, justement, quel rôle sont-ils prêts à assumer?
Je pense que nombre d’entre eux souhaitent faire leur part. Ces dernières années, nous voyons de plus en plus de jeunes filles venir à nos consultations avec leur petit ami. Ils s’informent ensemble, partagent les frais des moyens de contraception… Cette évolution est très encourageante! Mais elle signifie aussi que les femmes vont devoir lâcher un peu de pouvoir dans ce domaine. Pas toujours évident… C’est cependant le seul moyen de partager un peu ce qu’elles sont de plus en plus nombreuses à ressentir comme un poids trop lourd.

Partager oui, mais comment?
D’abord en parler, déjà aux adolescents, et les responsabiliser. Je suis par ailleurs en faveur des nouvelles campagnes qui recommandent l’usage du préservatif. En effet, il n’est pas seulement un moyen de se protéger des infections sexuellement transmissibles, c’est aussi un moyen de contraception. De plus, il implique un dialogue entre les partenaires: c’est très positif. Et puis, si les hommes s’investissent davantage dans la contraception, il y aura peut-être plus d’innovations en la matière...

Paroles de lectrices

«Ado, j’ai essayé des dizaines de pilules. Aucune ne me convenait vraiment et, comme je suis assez tête en l’air, ce n’était pas pour moi. (…) Pour ne pas prendre de poids avec l’implant, j’ai mis un stérilet en cuivre pendant 5 ans. L’horreur! Des règles de trois semaines, très, très fortes. Et puis je suis passée au stérilet hormonal. Pour moi, c’est le top: pas de prise de poids et pratiquement plus de règles. J’utilise évidemment un préservatif quand je ne suis pas en couple: pas envie de choper des MST!» [Perrine, 23 ans]

«J’ai pris la pilule après ma première relation sexuelle à 17 ans. Dix ans après, j’ai décidé de l’arrêter. Je ne vois pas l’intérêt de me faire du mal vu les risques que cela peut entraîner. On me demande: «Et si le préservatif vient à se déchirer, tu prends la pilule du lendemain?» Non merci! Encore pire comme effet néfaste sur notre corps. Si je tombe enceinte, c’est que le destin aura décidé que c’est le moment pour moi d’être maman. Cela fait un an que j’ai arrêté; je ne me suis jamais sentie aussi en forme.» [Grace, 28 ans]

«Je prends une pilule de 2e génération, après avoir souffert de graves effets secondaires avec une plus récente. Pour moi, la pilule est une bonne solution. Les autres contraceptifs ne m’inspirent pas et je me dis que je garde quand même un contrôle sur ce que je prends. Bien sûr, je ne l’oublie jamais. Pour moi, quand on est jeune, c’est la bonne solution!» [Laura, 19 ans]

«J’ai 20 ans et l’implant me convient parfaitement. Il y a beaucoup d’avantages: je n’ai plus de règles, du moins pas tous les mois. C’est bien pour un jeune couple, et je n’ai pas pris de poids comme avec la pilule. Avant de le poser, mon médecin m’a prescrit pendant 2 mois une pilule qui avait les mêmes propriétés, afin de voir comment mon corps réagissait. La pilule, c’est contraignant: il faut la prendre tous les jours à heure fixe. Pour des jeunes filles, ce n’est pas facile.» [Aimy Nelly, 20 ans]

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