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Fais pas ci, fais pas ça

Alimentation des enfants: et si on se faisait confiance?

Faisait confiance

Selon Sylvie Roy, auteure et docteure en pharmacie, «Les enfants consomment quatre fois trop de protéines. Il existe une règle simple pour s’y retrouver, c’est 10 g de protéines par année d’âge, plus 10 g pour la journée. Un enfant de deux ans peut donc prendre 30 g de protéines dans sa journée, c’est-à-dire un tiers de tranche de jambon, deux cuillères à soupe de viande hachée ou de poisson. Il faut être vigilant sur les portions.»

© Kelly Sikkema / Unsplash

Repas pris à la cantine, sandwich sur le pouce ou encas à la va-vite devant la télé parce qu’on n’a pas le temps de se poser autour d’une table et encore moins de cuisiner; on ajoutera à ça trop de sucres, trop de graisses, trop de viande, trop d’additifs… garantir une alimentation équilibrée aux enfants a de quoi donner le tournis. Entre la pression de bien faire et les injonctions sanitaires, les parents ont bien souvent de la peine à trouver une relation apaisée à la nourriture de leurs enfants.

C’est pour répondre à ces angoisses alimentaires et encourager les adultes à être des consommateurs avertis tout en faisant des choix équilibrés que le Dr. Jean-Michel Lecerf, chef du service Nutrition & activité physique de l’institut Pasteur, de Lille, et la docteure en pharmacie Sylvie Roy ont écrit «Nutrition des enfants, arrêtons de faire n’importe quoi!» (Ed. Albin Michel). Diversification alimentaire, cadre des repas, applications, sentiment de satiété. On y trouve réponses et clés pour déculpabiliser les moments passés à table en famille, tout en évitant laxisme et autoritarisme, qui créent une démagogie alimentaire improductive. Sélection de questions qui crispent et conseils éclairés de spécialistes.

Qu’est-ce que je mets dans son assiette?

C’est la question de base, au centre des inquiétudes parentales. «Les parents ont un peu perdu confiance en eux et dans l’alimentation. C’est comme si l’industrialisation des aliments les avait dépossédés de leur capacité à donner à manger aux enfants, explique le Dr. Lecerf, D’un point de vue éducatif, ils ont un peu baissé les bras dans un certain nombre de cas sur leur capacité à exercer leur autorité, en renonçant à faire manger des légumes par exemple.» Car c’est souvent autour des légumes que ça coince, alors qu’avec les féculents et aliments riches en protéines, ils sont à la base d’une alimentation équilibrée.

«L’assiette équilibrée d’un enfant a les mêmes composants que celle d’un adulte mais parfois il faut être un peu plus créatif pour que ça passe.

Dans le développement normal du goût chez l’enfant, il y a toujours cette phase de néophobie, qui décourage un peu les parents, où les enfants ne veulent plus goûter, rejettent ce qui est nouveau, surtout les légumes», décode Sophie Bucher Della Torre, professeure HES assistante et diététicienne en filière Nutrition et diététique à la Haute école de santé de Genève.

Toutefois, ce n’est pas parce qu’il a refusé un aliment une fois qu’il ne faut pas le lui représenter. Il est en effet nécessaire de créer l’habitude. «Faire participer son enfant aux courses ou à la préparation des repas va rendre l’aliment plus familier et il va plus facilement l’accepter», continue la diététicienne.

Doit-il finir son assiette?

Il y a des pratiques parentales à favoriser, comme de montrer l’exemple, et d’autres à éviter, comme d’imposer trop de restrictions, dont celle de restreindre l’accès à certains aliments. Et de finir son assiette?

«Il ne faudrait pas les forcer à finir leur assiette, pour qu’ils restent connectés à leur sensation alimentaire et qu’ils arrivent à respecter le sentiment de satiété.

C’est particulièrement important chez les tout-petits qu’on force parfois à avaler leur purée même s’ils tournent la tête, explique Sophie Bucher Della Torre. Forcer un enfant à manger un aliment, c’est aussi contre-productif au niveau de la préférence.»

Et s’il n’avait pas assez mangé?

Difficile de jauger quand junior affirme qu’il n’a plus faim alors qu’il ne reste plus que des brocolis dans son assiette. Sauf s’il demande ce qu’il y a pour le dessert. «Le logiciel humain mesure bien la satiété, souligne Sylvie Roy, Ce qui est aussi important c’est de promouvoir un environnement serein pour l’enfant, afin qu’il se reconnecte à ses sensations, autour d’une table, assis.» C’est toute la question du cadre à poser et qui, s’il est négligé, laisse la porte ouverte à un total dérèglement du sentiment de satiété.

«C’est aussi une question de division des responsabilités entre parents et enfants. Définir où on mange, quand on mange, mais aussi combien on mange, explique Sophie Bucher Della Torre.

Cette dernière question devrait plutôt être de la responsabilité de l’enfant qui devrait essayer de juger s’il a très faim ou pas, et gérer la quantité de ce qu’il mange. Les enfants se régulent assez bien d’un jour à l’autre. Il faut les laisser tester par eux-mêmes tout en les coachant un peu en ayant un ordre de grandeur en tête.»

Est-ce qu’il peut manquer de protéines?

La vague de flexitarisme, qui consiste à diviser sa consommation de viande par trois et donc de devenir un végétarien qui mange de la viande de temps en temps, est aussi au cœur des préoccupations des parents… qui ont souvent peur que, du coup, leurs enfants manquent de protéines. C’est un faux problème, selon Sylvie Roy:

«Les enfants consomment quatre fois trop de protéines. Il existe une règle simple pour s’y retrouver, c’est 10 g de protéines par année d’âge, plus 10 g pour la journée. Un enfant de deux ans peut donc prendre 30 g de protéines dans sa journée, c’est-à-dire un tiers de tranche de jambon, deux cuillères à soupe de viande hachée ou de poisson. Il faut être vigilant sur les portions.»

Un avis partagé par Sophie Bucher Della Torre et corroboré par les recommandations en la matière de la Société suisse de nutrition. «On a tendance à manger trop de protéines. On oublie que les enfants les trouvent aussi dans les produits laitiers qu’ils devraient consommer.» Pas que dans la viande, donc.

Utiliser une appli, LA bonne idée?

Idéalement, faire ses courses avec une appli pour choisir les bons produits devrait faire gagner du temps. Dans les faits, son utilisation est discutable. Pour Sophie Bucher Della Torre, tout n’est pas à jeter dans ces applications. «Décoder les informations nutritionnelles par soi-même, ce n’est pas facile. Ces applis peuvent aider à faire le choix entre telle barre de céréales et telle autre dans une même catégorie d’aliments.»

Toutefois, elles ne résolvent pas la question de fond de l’équilibre alimentaire. «Même si on prend les meilleurs biscuits, ça reste un type d’aliment qu’on ne devrait pas manger trop souvent», continue la spécialiste. Le Dr. Jean-Michel Lecerf a quant à lui un avis plus tranché: «Les applis comme Yuka ne sont pas utiles. Elles seraient bien si elles se contentaient de décrire ce qu’il y a dans les aliments et s’ils conviennent aux enfants, mais au lieu d’avoir une information descriptive, ces applications portent un jugement. Il ne faudrait pas manger tel aliment parce qu’il contient trop de sucres ou de graisses, mais s’il était mauvais, il ne serait pas mis sur le marché.» On utilise son appli quand on doit choisir un paquet de céréales par exemple, en comparant les produits similaires, mais pas pour tout ce qu’on met dans son caddie. On réapprend à se faire confiance et on essaie plutôt de faire une liste après avoir établi des menus pour la semaine.

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