Apéros d'été: 8 bouteilles conseillées par un œnologue

Il y a quelques mois, la Cave de La Côte, coopérative vaudoise, basée à Tolochenaz, soufflait ses 90 bougies avec, en guise de cadeau, le titre suprême de Cave de l’année 2019. La consécration est venue s’ajouter aux nombreux prix reçus au fil des ans, comme celui de champion du monde des chasselas (2016, 2018) et des merlots (2010), médaille d’or pour le gallotta au concours mondial de Bruxelles (2018)… en tout, près d’une centaine de récompenses et autres distinctions.

Le secret? «Il commence à la vigne, sourit Julien Hoefliger, directeur de la cave. Il se concrétise avec une équipe technique soudée et se poursuit avec la volonté d’innover dans des cépages non classiques comme le merlot et le cabernet franc, pour ce qui concerne les rouges, ou le doral, du côté des blancs. On se spécialise avec des vins moins traditionnels ou plus résistants comme le divico ou le gallotta. Aujourd’hui, nous avons une belle variété de différents cépages qui se sont bien acclimatés.»

Expérience internationale

La Cave de La Côte naît en 1929 grâce à une poignée de vignerons qui se regroupent en coopérative. «Il y a encore cette philosophie avec une vraie solidarité, reprend le directeur. A ce jour, nous comptons 400 sociétaires vignerons dont 300 qui fournissent du raisin pour une région de 450 hectares, qui va de Genève aux abords de Lausanne. Nous avons plus de 200 crus, issus de 30 cépages.»

Avant, un brin critique, on disait d’une cave comme celle-ci qu’on mettait tout le raisin dans la même cuve. C’était sans compter sur l’équipe de spécialistes pilotée par Gilles Cornut, qui s’occupe de la vigne, du vin, des conseils, de la mise en bouteilles. L’œnologue responsable, Rodrigo Banto, originaire du Chili, a rejoint l’équipe en 2003 avec dans ses bagages une connaissance et une solide expérience internationales du vin. Il a su hisser les crus de La Côte à un haut degré de perfection. Quand il en parle, on ne peut s’empêcher de voyager, de partir dans des contrées aux parfums de fruits noirs, de fleurs blanches, de chocolat ou de café. Buvons ses paroles. 

Cave de La Côte, Nyon et Tolochenaz
La plupart des vins se trouvent aussi chez Coop, Denner et les vinothèques.

Les coups de coeur de Rodrigo Banto

Château d’Echichens

«Depuis des siècles, la famille Duruz cultive la vigne sur ce domaine composé de deux châteaux et de leurs dépendances. Leur chasselas a tout ce qu’il faut, du tanin, de la fraîcheur, de la complexité et un côté friand. Au nez, il offre des parfums aux senteurs d’agrumes, de fleurs blanches et de fruits à chair jaune. Elu meilleur chasselas suisse au Mondial du chasselas 2019, il a une belle expression fruitée et légèrement minérale. A déguster avec des amis, à l’apéritif ou pendant un repas, avec des filets de perche.»

Château d’Echichens, à partir de 12 fr. 50.

Doral

«Il s’agit d’un nouveau cépage créé à Changins dans les années 1970 et dont les parents sont le chasselas et le chardonnay. Je le trouve très intéressant, il a beaucoup de fraîcheur et un côté floral. Il sent l’abricot, la pêche, la fleur d’oranger. Il offre également quelques touches épicées, comme la noix de muscade. En bouche, il est complexe avec une belle acidité. Il se marie très bien avec les cuisines indienne et thaïlandaise. Essayez-le avec des rebibes d’Etivaz, c’est une merveille!»

Doral, à partir de 12 fr. 90.

Merlot Réserve

«Le millésime 2009 a été élu meilleur merlot du monde. Au départ ce n’était pas mon vin préféré, car c’est un rouge de climat froid. Sur La Côte, il s’adapte très bien. Il a un beau nez et une bouche longue, fraîche, avec des arômes de cerise noire, de prune. Il a une touche chocolat noir, café, mais aussi des notes balsamiques ou de garrigue. C’est pourquoi il se marie bien à une cuisine méditerranéenne, comme des aubergines grillées au thym et au romarin. Il accompagne également les viandes rouges.»

Merlot Réserve, à partir de 27 fr.

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Œil-de-perdrix Les Chaumes

«Le rosé de pinot noir est la star des rosés suisses. J’ai toujours apprécié l’œil-de-perdrix Les Chaumes, car il est très fruité. Il a un beau nez aromatique avec de petits fruits, fraises et framboises. Il offre une belle fraîcheur, mais sur la puissance, la richesse et la gourmandise. Il est idéal pour l’été, en apéritif, avec une viande séchée. Il est aussi très bien avec la cuisine asiatique, un bon poisson du lac, des fruits de mer ou des viandes blanches. A déguster toute l’année»

Œil-de-perdrix Les Chaumes, à partir de 10 fr. 90.

Château La Bâtie

«C’est un terroir spécial, très minéral, un superbe domaine de dix hectares à Vinzel que l’on vinifie depuis des années. Ce chasselas de gastronomie est fin, élégant avec une robe jaune claire lumineuse. Deux fois médaille d’or à la Sélection des vins vaudois en 2018 et 2019, médaille d’or au Mondial du chasselas en 2017, il offre des parfums de fruits frais, voire exotiques, avec des notes citronnées. Il est riche avec du volume. C’est un magnifique vin à déguster avec un poisson de mer.»

Château La Bâtie, à partir de 16 fr.

Divico

«Ce cépage nouvelle génération a vu le jour dans les années 1980. Il est issu d’un croisement entre le gamaret et le bronner, un cépage allemand résistant aux maladies. C’est un vin dans l’air du temps. Il se démarque par sa puissance, assouplie toutefois par un passage en barrique de 14 à 16 mois. Il évoque les baies des bois, les myrtilles, le cassis avec un côté épices et chocolat. Les tanins sont jeunes avec une belle concentration. A déguster avec une côte de bœuf.»

Divico, à partir de 27 fr. 50.

Gamar’One

«C’est la belle histoire d’un vin né par accident et qui devient la star de la cave. A la suite d’essais, ce vin rouge a continué de fermenter. Quand nous l’avons goûté, il offrait une gamme d’arômes extraordinaires de fruits des bois, de tabac, de chocolat et de café. En bouche, il y a de l’onctuosité et de la richesse, mais avec une douceur en final. Les tanins sont soyeux. Il s’agit d’un gamaret passerillé, un amarone fait avec du gamaret. C’est un vin spécial que j’adore. Avec un foie gras.»

Gamar’One, à partir de 33 fr.

Rosé de gamay, Roussard

«Le rosé de gamay est souvent considéré comme le petit rosé de La Côte, mais je trouve celui-ci très intéressant. C’est un cépage très aromatique et fruité, doté d’une belle acidité et d’une belle harmonie. C’est le rosé terrasse avec ses notes de framboise, de fruits rouges, de raisinet, tout en fraîcheur. Il se marie bien avec la charcuterie, du lard de Begnins ou des saucissons, mais aussi avec des mets sympas, genre pizza ou poulet grillé.»
Rosé de gamay, Roussard, à partir de 10 fr. 90.