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Inégalités de genre

Le sport, c’est la santé… surtout pour les hommes

Selon l'OFS, 78% des hommes sont suffisamment actifs au regard des recommandations des médecins, quand seules 64% des femmes le sont.

Selon l'OFS, 78% des hommes sont suffisamment actifs au regard des recommandations des médecins, quand seules 64% des femmes le sont.

© GETTY IMAGES/ADA DASILVA

C’est un chiffre choc qui a de quoi étonner. Le 15 février 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), en France, publiait une étude montrant que 70% des femmes se situent en dessous des niveaux d’activité physique recommandés pour être en bonne santé. Rien de similaire toutefois du côté de ces messieurs: seulement 42% d’entre eux s’adonnent insuffisamment à un exercice régulier. Certes, le seuil d’activité physique minimum à partir duquel l’individu préserve sa santé a ici été calculé par les scientifiques, plutôt exigeants, de l’ANSES.

Ceux-ci établissent trois critères complémentaires: un exercice cardio durant au moins trente minutes cinq fois par semaine (jogging, vélo, marche rapide…), une à deux séances hebdomadaires de renforcement musculaire (tennis, fitness, natation…) et enfin deux à trois exercices d’assouplissement chaque semaine, par exemple via du yoga ou de la danse. C’est beaucoup? Reste que plus de deux hommes sur trois y arrivent, tandis que moins d’une femme sur deux valide ces trois impératifs sportifs préalables à une bonne santé.

Et si l’on regarde les statistiques sur le continent européen, le constat est similaire. Les hommes pratiquent en moyenne davantage de sport que les femmes. «Tous ces chiffres sont bien sûr surprenants car ils correspondent peu à la situation suisse», fait remarquer Lucie Schoch, maître d’enseignement et de recherche en sociologie à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne. C’est vrai: la Suisse, ainsi que les pays nordiques comme la Finlande, font partie des pays européens non seulement où la population est la plus active physiquement, mais aussi où le fossé de niveau d’activité entre les sexes est le plus mince.

Selon le dernier rapport de l’Office fédéral de la statistique sur le sujet, intitulé Sport Suisse 2020, Activité et consommation sportives de la population suisse», on observe notamment que 51% des femmes font du sport au moins une fois par semaine, contre 52% des hommes. Autant dire une égalité quasi parfaite.

En creusant un peu, on peut néanmoins voir se profiler une petite fracture. En particulier au niveau des rythmes plus soutenus: 78% des hommes résidant en Suisse rapportent la pratique d’une activité physique intensive au moins deux fois par semaine, pour 74% des femmes. Surtout, la différence s’accroît vraiment dès lors qu’on prend, à l’image de ce que fait l’ANSES, les seuils d’exercice physique nécessaires pour pouvoir prétendre à une bonne santé. On note alors que 78% de ces messieurs sont suffisamment actifs au regard des recommandations des médecins, quand seules 64% des femmes le sont, nous informe l’OFS. Même en Suisse donc, la population féminine, bien que plutôt sportive par rapport aux voisins européens, exerce un niveau d’activité qui s’avère significativement moins protecteur du point de vue de la santé que dans la population masculine.

Le fol agenda de la trentaine

Comment expliquer cette inégalité, une parmi tant d’autres qui subsistent entre les sexes? L’une des réponses est peut-être à chercher du côté des parcours de vie. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique révèlent ainsi que les femmes font en moyenne moins de sport que les hommes dans la tranche d’âge 15-24 ans, puis dans la période 35-44 ans. Un phénomène qui se manifeste à nouveau après 75 ans, alors que les niveaux d’activité physique s’étaient retrouvés identiques, voire plus élevés chez les femmes, entre 45 et 74 ans. Le premier écart, correspondant grosso modo à l’adolescence et au début de l’âge adulte, pourrait trouver ses origines dans l’éducation.

«Aujourd’hui encore, on n’éduque pas les filles et les garçons de la même manière, pointe Lucie Schoch. Les jeunes filles sont moins socialisées dans le jeu physique, et on construit davantage le goût sportif, la notion de compétition et de performance dans la sphère masculine.»

Aux yeux de la sociologue, des dynamiques liées aux stéréotypes de genre permettent également d’interpréter la baisse de pratique sportive à partir du milieu de la trentaine: «On voit que les tâches ménagères et le temps consacré aux enfants, encore trop souvent distribués de façon inégalitaire au sein des couples, tendent à davantage éloigner les femmes du sport que les hommes, chez qui le fait d’avoir des responsabilités familiales péjore moins la pratique d’une activité physique.»

Des activités très genrées

Mais le sexisme a d’autres conséquences dans ce domaine, puisque le fait d’élever différemment fille et garçon finit par influencer les individus dans le choix de leurs activités sportives de prédilection. En Suisse, comme dans le reste de l’Europe, la pratique d’un exercice physique demeure quelque chose de très genré. Les statistiques de l’OFS le démontrent: plutôt fitness, yoga, jogging, natation, équitation, danse, patinage et gymnastique pour elles, plutôt hockey, football, basket, voile, tir, VTT, tennis ou escalade pour eux.

«On s’aperçoit que les femmes privilégient plus que les hommes les pratiques autonomes et libres, qui ont moins besoin de se pratiquer en club, avance Lucie Schoch.

Ces activités ont l’avantage de se dérouler dans des fitness et des structures privées, qui offrent un cadre moins compétitif et moins contraignant au niveau des horaires. Cela permet une gestion plus flexible du temps quotidien et de leur agenda, dans lequel il est plus facile de caser des séances entre la fin du travail et le retour à la maison, ou encore à la pause de midi.»

Un dernier point, peut-être pas des moindres: l’activité physique déclarée par les personnes interrogées lors des enquêtes statistiques est bien souvent, comme c’est le cas pour l’étude de l’OFS, ce qu’elles considèrent comme étant de l’activité physique. Une question se pose donc: les femmes voient-elles les tâches domestiques comme faisant partie de leur bilan d’exercice hebdomadaire? Ménage aux mouvements souvent physiques, allers-retours souvent à tempo soutenu entre l’école, le travail, la crèche, les courses, le pédiatre, la salle de fitness… Et si, au final, les femmes faisaient non pas un peu moins, mais beaucoup plus de sport que tous ces messieurs?

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