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Ah comme j’étais fière d’avoir décroché si vite mon premier emploi, alors que je venais de terminer mes études. Comme j’avais fait pas mal de remplacements, j’avoue que je connaissais déjà bien mon métier d’enseignante en éducation physique.

J’étais confiante, à l’aise

C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas tout de suite réalisé que je m’étais faite piéger: mes horaires ne me permettaient pas d’arriver avant les élèves en classes. Je devais sans cesse sauter dans ma voiture pour me déplacer d’un établissement scolaire à l’autre.

Très vite, j’ai été littéralement submergée par le comportement de certains élèves. Ils s’entraînaient les uns les autres et provoquaient le chaos en quelques minutes. Rien ne semblait pouvoir les arrêter, surtout pas moi. Ils refusaient systématiquement tout ce que je leur proposais.

Je me voyais perdre pied

Je me souviens qu’une élève – ces classes-là étaient composées d’adolescents entre 14 et 16 ans –m’a lancé un jour: «De toute façon, on ne fera jamais rien de ce que vous voulez qu’on fasse!» Cela m’a choquée. J’ai vraiment vu le sol se dérober sous mes pieds, je ne sais pas encore aujourd’hui comment j’ai fait pour ne pas prendre conscience de tout ça. En permanence, je me sentais à la limite.

Il m’arrivait de ne plus savoir ce que je faisais. Un jour, j’ai même enfilé mon T-shirt à l’envers. Une élève m’en a fait la remarque mais je n’arrivais pas à comprendre ce qu’elle me disait. Il a fallu que je me retrouve au vestiaire pour réaliser qu’elle avait raison.

Souvent je perdais le fil de mon cours

Les élèves en profitaient, évidemment. C’était l’enfer au quotidien et la situation se détériorait à grande vitesse. En quelques semaines, j’en suis arrivée à ne plus que regarder l’heure. Il fallait que ce cauchemar cesse! Que ça s’arrête! Jamais je n’aurais pensé que l’on pouvait se sentir si mal.

La goutte qui a fait déborder le vase a sans doute été le camp de sport. Un collègue est arrivé vers moi un matin en m’expliquant: «Comme tu es la dernière arrivée, c’est à toi de l’organiser.» On m’a transmis la liste des moniteurs qui y avaient participé l’année précédente et à moi de me débrouiller. J’ai bien essayé de les contacter, mais aucun ne voulait renouveler son engagement. On était déjà en novembre, le camp devait avoir lieu en février.

Je n’en dormais plus

J’étais devenue captive d’un processus qui s’était enclenché en moi sans que je ne puisse plus rien y faire. Mes parents – je vis toujours chez eux – ont commencé à s’inquiéter. Tout aurait dû être parfait, mais rien ne tournait plus rond.

Un matin, je me suis décidée à aller voir mon médecin de famille. Ce dernier m’a prescrit un arrêt de travail de dix jours tout en me disant: «C’est à toi de voir si demain tu veux aller travailler ou pas.» Je n’y suis pas allée.

Je n’y suis plus retournée

Mon arrêt maladie s’est prolongé jusqu’à Noël, ensuite j’ai démissionné. Durant des semaines, j’ai broyé du noir. Je ne voulais plus sortir de chez moi et je n’arrivais même plus à répondre à mes e-mails. Je restais prostrée en culpabilisant de n’avoir pas réussi, en me sentant 100% responsable de ce qui m’arrivait.

Plutôt perfectionniste de nature, je crois que je n’arrivais pas à accepter cet échec. Ma famille a alors exigé que je consulte une psychologue. Quand cette dernière m’a vu débarquer – je ne dormais plus depuis des semaines – elle n’a pas voulu me prendre en charge et m’a directement adressée à la consultation psychiatrique. Je m’y suis rendue avec mon ami et ma mère. A les voir parler de moi avec les médecins, et même envisager une hospitalisation, ça m’a fait réagir.

J’ai pu dire non!

C’était déjà ça. Cependant aucun médicament ne me faisait d’effet, mon sommeil restait superficiel. Quant aux séances «muettes» avec ce psychiatre qui avait pour technique de ne pas parler le premier, elles me paralysaient plus qu’autre chose.

Ma famille m’a ensuite entraîné à expérimenter toutes sortes de thérapies comme l’acupuncture, le reiki, les massages, le shiatsu… Rien n’a réussi à améliorer mon état. Lorsque je me retrouvais dans mon lit, j’avais toujours autant envie de mourir. C’est alors que ma mère qui pratique la méditation depuis des années, a songé à m’en parler.

Au point où j’en étais…

«Pourquoi pas», ai-je répondu. J’ai été initiée au mois de mai et aussitôt, je me suis mise à méditer seule chez moi durant vingt minutes deux fois par jour, matin et soir. Les premières semaines, je n’ai rien remarqué de particulier. Et puis un matin, en plein mois de juillet, je me suis réveillée en ayant – enfin – l’impression d’avoir dormi pour de vrai. Quel soulagement!

Ça a été le déclic du «retour à la vie normale». Petit à petit, j’ai renoncé aux somnifères et tout s’est remis à fonctionner de manière positive. J’ai retrouvé l’appétit et pu profiter de la fin de l’été en toute tranquillité. Mon copain m’a emmenée en vacances et, à mon retour, je me suis sentie suffisamment d’attaque pour m’inscrire sur la liste des remplacements scolaires.

Depuis, tout va bien

Je continue à méditer: c’est du pur bonheur. A l’époque, quand ma mère me disait que si seulement 1% de la population méditait, il y aurait beaucoup moins de problèmes sur terre, cela me faisait sourire. Je ne pouvais pas imaginer que le simple fait de fermer les yeux et d’être à l’écoute de soi-même pourrait me permettre de me sentir mieux dans ma vie de tous les jours.

Maintenant j’ai fait l’expérience des bienfaits que cette pratique procure, j’y crois plus que tout. D’ailleurs, j’ai beaucoup plus confiance en moi. Cela me fait aussi du bien de savoir que des vedettes tels David Lynch ou Katy Perry sont, eux aussi, adeptes de méditation. J’ai pris conscience de mes qualités. Je peux même dire que je suis ressortie plus forte de cette douloureuse expérience. Le fait de m’accorder ce rendez-vous de deux fois vingt minutes avec moi-même, c’est comme si je remettais mes pendules à l’heure. Et ça, aucun médicament n’a réussi à le faire.

Désormais, je relativise tout ce qui m’arrive, j’ai retrouvé l’énergie de vivre, l’envie de m’investir à fond dans mon activité professionnelle. Ça peut paraître magique. Et ça l’est pour moi.

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